jocelyne robert

Une bonne polémique que cette bagarre entre Pierre Foglia et Denise Bombardier? 

 
Pas certaine.  Madame Bombardier s'indigne.  À sa manière et c'est son droit.  Foglia lui réplique avec une inélégance sans pareil.  Mais c'est pas pour cela qu'ici, Foglia  m'énarve au plus haut point.   Il dit vraiment n'importe quoi.  Et il  prend son pied.
 
Quand il insinue qu'il y a des gestes pédophiles heureux parce qu'une victime lui a confié qu'elle avait éprouvé du plaisir, il touche sans le savoir,  le coeur même du geste gluant.   Un enfant qui découvre  le  plaisir sexuel avec son père, son entraîneur sportif, un cinéaste célèbre ou n'importe quel adulte est triplement traumatisé.  Et pourquoi est-il plus  foutu?  Pour deux ou trois raisons toute simples:
a) un enfant attend d'un adulte, surtout d'un adulte qu'il aime et de qui il se sent aimé, qu'il le traite en enfant.  Pas en amoureux, pas en objet érotique, pas en amant ou amante
b)  la partie de l'expérience qui sera le plus difficile à surmonter, qui lui fera le plus ressentir le plus de culpabilité c'est justement le fait qu'il a éprouvé du plaisir
c)  c'est cet aspect de la relation coupable qu'il le plus besoin de liquider pour  passer à autre chose, pour se refaire, pour retrouver l'estime de soi et , vous savez quoi ? C'est de cet aspect de la relation dont on ne lui parlera jamais parce qu'on est trop pogné pour être capable de le faire sereinement, sans trop d'angoisse.
 
Pendant des années, j'ai travaillé avec des ados de 13 à 20 ans, garçons et filles multipuckés, dont le dénominateur commun était d'avoir subi de l'abus sexuel (inceste ou pédophilie) durant l'enfance.  Ces jeunes étaient passés entre les mains des spécialistes de la DPJ, des psy, des t.s., des orthopédagogues, des pédopsychiatres, des éducateurs, de leurs parents…  name it… La plupart d'entre eux avaient fait des thérapies à n'en plus finir et personne, personne , personne n'avait jamais abordé cette question avec eux. 
 
Comment voulez-vous que quelque chose soit liquidée et meurt si on est pas même capable de la nommer.  C'est en la nommant qu'on reconnaît  qu'elle a existé et donc qu'elle peut mourir.
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Publié dans : Culture et Société, Enfance et Adolescence, Femmes, Hommes, Médias et Actualités, Sexualité et Sexologie
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3 commentaires

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 20 janvier 2020 à 11 h 39 min

    Merci infiniment de ce partage et de votre témoignage. C’est tellement précieux ❤️ Bonne continuation.

  • Commentaire de Mathieu Beauchamp — 20 janvier 2020 à 11 h 24 min

    Pour l’avoir vécu Madame Robert,
    Je suis une victime qui a dû apprendre à accepter cette aspect de plaisir éprouvé pendant le crime. Longtemps, très longtemps, j’ai repoussé au font de mon âme cette émotion atroce. Jusqu’à mes 38 ans, alors que je suis agent de la paix, travailler avec des victimes m’a ramené des souvenirs et des émotions refoulées depuis mes 14 ans, année qui fut marquée par mon traumatisme, cette agression sexuelle qui est venue redéfinir mon avenir!
    J’ai porté plainte en nov 2018 et Monsieur Savoie à plaidé coupable le 20 décembre 2019. Je tourne enfin la page sur près de 24 ans de honte! Votre texte est vrai!
    Merci de nommer ce qui est encore aujourd’hui, très peu dit!

    Voici une partie de mon histoire par un journaliste judiciaire:
    https://www.ledroit.com/actualites/de-victime-a-constable-special-820298b37ac48b3e0d4060f623d1a810

  • Ping de Ce besoin de tuer le monstre en soi - cercle O — 3 novembre 2019 à 11 h 52 min

    […] son texte Foglia, Bombardier (7) publié dans son blogue, Jocelyne Robert, écrivaine et sexologue, ramène tout le monde sur le […]

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