Caryatides des temps modernes – Nicole Tremblay
Témoignage abrégé d'une femme qui a tabassé le cancer du sein.
CECI EST MON NOUVEAU CORPS… L’ANNONCE FAITE À NICOLE
Lorsque mon médecin m’apprit qu’un cancer vivait en mon propre sein, mes trippes s’exclamèrent: “Je sais que je n’en mourrai pas, mais je n’ai pas le goût de vivre cette opération, cette chimio… mon corps a déjà assez souffert…” Ma mémoire de grande brûlée, immobilisée durant une longue année, me remontait dans la gorge. À vingt six ans, après l’épreuve du feu, j’avais pourtant eu la certitude de m’être inoculée contre toute forme de maladie ou d’accident pour le reste de mes jours. Et tout à coup, sans prévenir: vlan, dans le sein? Dès ce jour fatidique, le lavage à grande eau de mon âme s’est déclenché dans les bras de mon fils qui m’a bercée tendrement. Ma fille accourut l’instant suivant pour me chuchoter : « Mami tu vas être plus grande après… ». « Je le suis déjà assez… », sanglotai-je.
POURQUOI
Scrutant mon passé immédiat, j’y vis une fin de vie de couple frustrante, chapeautée par un insipide divorce, seules ombres au tableau, les autres facettes de ma vie me comblaient. J’analysai chaque morceau de la courtepointe qu’avait formé ma vie amoureuse: les fils d’assemblage se distendaient de part en part, des lambeaux de tissus disparates, râpeux et décolorés pendouillaient ça et là, l’harmonie de départ s’était estompée, le charme liquéfié. Le lâché-prise n’était plus une théorie mais un acte volontaire. Une courtepointe délabrée de la sorte peut-elle, à elle seule, engendrer un cancer?
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