jocelyne robert

Ce billet aurait pu s'intituler aussi: Séducteur ou agresseur? That is the question!

Ces jours-ci, avec l'affaire Dominique Strauss-Kahn, accusé d'avoir agressé sexuellement une femme de chambre, on mêle tout. On écrit de lui qu'il est un chaud lapin, un homme à femmes, un séducteur compulsif, un fou de la jupe. J'ai même entendu un politique ( en France, on dit politique et non politicien) dire que "son désir effréné des femmes l'aura perdu". 

Or,  dans le cas évoqué, tel qu'il est supposé s'être déroulé, il n'est pas question de désir mais de mépris. Et il faut se demander ce qui différencie le séducteur, si invétéré soit-il, de l'agresseur.

 

 

Le séducteur 

Le séducteur a besoin de sentir chez l'autre une réponse positive, un élan vers lui, un aller-retour du désir. Il est ouvert et en relation à l'autre dans sa quête de rapprochement sexuel intime. Il veut plaire et il vit dans le désir de plaire, de se sentir attirant et accueilli. Le séducteur peut certes se montrer insistant mais la fermeture ou la non-réceptivité d'autrui éteindra son appétit au lieu de l'exacerber.

Même s'il manie avec brio les leviers de la manipulation, la démarche du séducteur s'inscrit dans une logique de communication et d'obtention du consentement. Il peut supporter l'attente qui gonflera son attrait  et sa détermination à arriver à ses fins.

L'agresseur

L'agresseur veut  établir une emprise,  soumettre l'autre dans un rapport où la réciprocité est inexistante.   Il y a chez l'agresseur sexuel, un rapport pathologique non pas uniquement avec le sexe mais en l'ocurence avec les femmes. L'autre ne peut l'arrêter dans sa quête d'affirmer sa suprématie.  C'est  probablement l'exercice coercitif de ce pouvoir qui  l'excite bien davantage que les qualités "érotisantes" de l'autre. 

La démarche de l'agresseur  s'inscrit dans une logique de domination: déni de l'autre, de son refus, de ses attentes. Il ne supporte pas l'attente, veut  s'assouvir sur le champ en asservissant.

La dynamique

On n'agresse pas une femme parce qu'on est "fou d'elle" ou parce qu'on a une libido intenable. On agresse une femme parce qu'on est aveuglé par son propre pouvoir, et qu'on considère la femme comme n'importe quel objet à assujettir à ce pouvoir.

La plupart des hommes de pouvoir exercent des métiers qui s'inscrivent dans une logique de séduction (politiques, stars, sportif de haut niveau etc). Rien là de nouveau ou de péjoratif. C'est lorsque charme et charisme immanents aux fonctions et à la personne dérivent vers une logique de domination qu'on peut parler d'agression.

Je ne crois pas que les puissants de ce monde soient, sexuellement, plus puissants ou au prise avec une libido plus incontrôlable que les autres. Ils ont plus de pouvoir, certes, et ce pouvoir les porte peut-être à se croire au dessus de la mêlée et à l'abri de tout soupçon. La politique est un lieu de pouvoir. Le sexe l'a été aussi depuis des temps immémoriaux.  

Le pseudo "incontrôlable désir" peut devenir un justificatif à l'acte dégradant de harcèlement, de violence et d'agression."Je ne peux pas résister…ma libido est trop forte…" (entendre "je suis un super mâle").   Ou encore:" Elle ment elle a consenti" (entendre, je suis irrésistible).  

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Publié dans : Femmes, Hommes, Médias et Actualités, Politique, Sexualité et Sexologie, Violence
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8 commentaires

  • Commentaire de Renée — 4 juin 2011 à 18 h 16 min

    Double fonction. Séducteur, agresseur. Certains s’en limiteront à la séduction et iront séduire ailleurs. D’autres ,rapaces, useront de la séduction pour agresser. Où sont les séductrices agressives? Ne me parlez pas du coeur de l’homme meurtri par la femme? Les puissants trouveront une abbatue ou la rendront t’elle

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 31 mai 2011 à 6 h 40 min

    Je ne suis certaine de rien. Mais je ne crois pas que dans chaque séducteur sommeille un agresseur si c’est ce que vous voulez dire.

  • Commentaire de JMB (Le chacal) — 30 mai 2011 à 17 h 30 min

    J’ai comme un doute… ëtes vous sure que les frontières entre séducteur ou agresseur sont si étanches…

    Chaque homme peut devenir un monstre si ses pulsions prennent le dessus.

    Ce qui distingue l’homme des autres animaux c’est qu’il peut faire le mal, par pour survivre, mais juste pour faire le mal… et chaque homme peut basculer dans un passage à l’acte criminel si certaines conditions sont remplis.

    je pense que tout le monde peut devenir un monstre sans aucun effort. au contraire, il suffit de se « laisser aller ».

    vous pouvez avoir peur comme moi j’ai peur.

  • Commentaire de Renée — 21 mai 2011 à 18 h 12 min

    Le droit de cuissage…existant encore. La récréation de l’ancien temps. Intéressant J. Richard. « L’information qui déboule. »
    Et voici, plus librement après une longue marche au bord du fleuve, une corvée.
    Prérogative mâle?… « au plus fort la poche », comme disait ma mère. Je pense que je comprenais à propos du fort et de la poche. Des riches et des plus riches. Notoriété publique ou système de stars. Drogués du pouvoir repoussant ou utilisant tout obstacle. Violant les insoumises, insoumis, d’une façon ou d’une autre. Nouvelles invasions bizarres à l’heure des hautes technologies et basses manifestations. Les King Kong n’accrochent pas que les changeuses de draps. .. 21 mai 2011

  • Commentaire de Nanci Maryon — 21 mai 2011 à 15 h 52 min

    On disait la même de Joaquin Bastida, l’ancien président du Mondial des Cultures, à Drummondville, et ancien candidat péquiste. Pourtant, il est mort avant que ses 12 victimes puissent obtenir justice.

  • Commentaire de jocelynerichard — 21 mai 2011 à 15 h 23 min

    Excellent billet, merci d’apporter cette distinction elle s’impose dans le flot de l’information qui déboule sur le sujet.

    J’ignorais qu’en France le droit de cuissage existait encore et accepté par l’élite politique même journalistique.

    Comme femme je suis outrée d’entendre: « si ça se voit c’est qu’une affaire de soubrette « .Un tel propos dans le pays qui a vu naître le féminisme m’interpelle comme féministe et me confirme que ce mouvement est toujours contemporain et d’actualité.

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 21 mai 2011 à 3 h 48 min

    La pornographie ambiante joue certes un rôle dans la perception que les hommes ont des femmes comme simples objets de leur plaisir ou instruments d’expression de leur suprématie. Mais je ne crois pas qu’elle soit le seul facteur…

  • Commentaire de Renée — 20 mai 2011 à 19 h 32 min

    Les séducteurs, séductrices, on peut les souhaiter, les aimer, en profiter et les remercier.
    Les agresseurs sont plus forts que leur proie. Se peut-il qu’ils aient été préparés par l’exemple du porno?
    Les cachotiers de la puissance (rapaces), auront eu besoin de repos.
    Youk

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