Est authentique, selon le Grand Robert, celui ou celle qui exprime sa vérité individuelle profonde plutôt que des habitudes superficielles et des conventions. La personne authentique n’a pas subi d’influences déformantes. Du moins si elle en a subies, elle a su les liquider avant de se transformer en être humain post-fabriqué, masqué, clownesque, ou faux cul. Jack Layton, chef du Nouveau Parti Démocratique et de l'opposition officielle au Parlement du Canada, décédé aujourd'hui, était un homme authentique.
Combien de fois j’ai été à court de mots pour expliquer aux jeunes et moins jeunes les valeurs existentielles à privilégier, tant sur les plans privé que public et professionnel ? Respect, intégrité, dignité, liberté, étique, authenticité… Combien de fois ai-je plutôt donné en exemple telle ou telle personne connue en disant : « vous voyez, je crois que cette personne incarne la notion de dignité. Tentons de voir ensemble pourquoi… »
Si j’avais eu à faire cet exercice, ces dernières années, je n’aurais pas cherché longtemps : j’aurais proposé Jack Layton comme modèle d’authenticité. Il respirait de vérité, de sincérité, de naturel, de justesse, de fidélité à lui-même et à ses idées. Et cela, en transpirant de solidarité humaine.
- Jack Layton était souriant. Pas un sourire circonstanciel de politicien. Un sourire à la vue duquel on avait la sensation de boire de l’eau fraîche et potable
- Il était bien dans sa peau. Sans nul besoin de rabaisser les autres pour s’élever
- Il était joyeux. D’une joie qui le tirait par en avant, serrant de près la fratrie humaine, invitant à la farandole
- Il était terriblement séduisant. Parce que présent, disponible, bien à l’écoute de l’autre; parce qu’il savait qui il était. Jamais séducteur
- Il était content d’être là, d’offrir en partage qui il était et ce qu’il avait à donner, sans plus. Dans la plénitude du moment présent
- Il avait une saine et juste estime de soi, l’autorisant à témoigner sans réserve une réelle estime aux autres
- Il avait le goût de la vie et d’avoir du pouvoir. Je ne parle pas du pouvoir politique mais le pouvoir d’agir sur sa propre vie et sur l’avenir de sa collectivité.
Jack Layton ne s’enfargeait pas dans le « paraître » et la mascarade. Je crois que c’est son éblouissante qualité d’authenticité qui faisait de lui un rassembleur. On l’aimait. Moins pour ses pensées politiques, me semble-t-il, que pour son humanité, sa capacité de communiquer le goût de vivre et le sens de la fête, privée et collective. La tristesse est d'autant plus grande que l'on a soif de ces modèles hélas de plus en plus rares .