Cul. C'est évidemment la partie postérieure du corps humain et de nombreux objets dont les récipients. En argot être un cul désignait la personne stupide.
Mon intérêt pour la chose aujourd'hui est celui de l'amoureuse de la langue française. Avez-vous déjà observé combien celle-ci distille du cul aux quatre vents? Sur les plans allusif et métaphorique, il va sans dire. Les expressions porte-cul sont si abondantes qu'on ne les remarque même plus. C'est à se demander si un seul autre mot de notre langue jouit d'un tel éventail de locutions, symboliques et imagées! Je ne maîtrise pas suffisamment les autres langues pour savoir si le mot cul y foisonne autant … Allons-y voir quelques 69 variations sur le thème du cul dont le sens varie selon le contexte linguistique. Les expressions qui suivent relèvent presque toujours du langage familier, voire très familier ou vulgaire. J'ai fait cette liste assez spontanément et elle n'est certes pas exhaustive.
- Aller cul nu : être ruiné, ne plus rien avoir pour se vêtir
- À se taper le cul par terre: excellent, formidable ou très drôle
- Attendre la tombée des culs de chiens: attendre quelque chose qui n'arrivera jamais
- Avoir des couilles au cul: avoir du courage
- Avoir du cul: avoir beaucoup de chance
- Avoir le feu au cul: ici au Québec, être furieux; en France, se dit d'une femme sexuellement affamée ou de quelqu'un de pressé
- Avoir la merde au cul: au Québec, avoir de la chance
- Avoir le cul bordé de nouilles: avoir de la chance
- Avoir trois poils au cul et se prendre pour un ours: se la péter pour rien, se vanter
- Avoir le cul entre deux chaises: être tiraillé entre deux choses, être dans l'embarras
- Avoir le cul sur la paille : être fauché, en manque d'argent
- Avoir le trou de cul en d’sous des bras: être très fatigué
- Avoir juste le cul et les dents: un pauvre type, aucune personnalité
- Avoir la tête dans le cul très fatigué: être fatigué, mal réveillé,ne pas se sentir bien, un lendemain de veille
- Avoir la bouche en cul de poule: avoir les lèvres resserrées en signe de caractère guindé et hautain
- Avoir le cul serré: être coincé, en mauvaise posture
- Avoir un parapluie, ou un balai, dans le cul: être coincé, marcher les fesses serrés
- Bourrer le cul de paille à quelqu'un: mentir, raconter des chose habituellement pas crédibles
- Botter le cul: secouer, bousculer
- Casse-cul: rabat-joie, éteignoir des joies érotiques
- Ça ne vaut pas le cul: ça ne vaut rien ou pas grand chose
- Coller au cul: suivre de trop près, envahir la bulle de l'autre
- Comme cul et chemise: inséparables
- Coûter la peau du cul, ou des fesses: coûter extrêmement cher
- Cul blanc: pour désigner le véhicule du coopérant ou résident étranger (Afrique)
- Cul de sac: chemin sans issu
- Cul de plomb: paresseux, lymphatique, et parfois mendiant en argot
- Cul par dessus tête: en culbutant, à la renverse, à l'envers
- Cul sec: boire d'une seule traite
- Cul serré: coincé, pincé, guindé
- Cucul : ridicule, niais, nul, dépassé…
- Cul terreux : paysan, campagnard, péquenaud
- Cul vert: véhicule du corps diplomatique, ses occupants (Afrique)
- Et mon cul, c'est du poulet!: refus catégorique
- Être sur le cul ou tomber sur le cul: être stupéfié, être très étonné, rester baba
- Être bas du cul: avoir les jambes courtes
- Faire boutique mon cul: se prostituer (Antilles)
- Faux cul: hypocrite, fourbe, déloyal
- Film de cul : film X, porno; aussi un très mauvais film,Québec
- Gros cul: camion de gros tonnage
- Histoire de cul: histoire osée, grivoise
- Il va avoir mal au cul, ça va lui faire un 2e trou!: ça va le faire chier, en parlant de quelqu'un qu'on aime pas
- L'avoir dans le cul ou, au Québec, l'avoir de travers dans le cul: avoir mal pris quelque chose, être battu ou avoir subi une humiliation; exprimer que quelqu'un ne nous revient pas
- Lécher le cul : flatter outrageusement, flagorner pour obtenir faveurs
- Mon cul ! : Pas question ! Tu me prends pour un idiot ! Ex: "Mon cul oui que je vais lui rendre encore service !
- Parle à mon cul, ma tête est malade: raconte ce que tu veux, je ne t'écoute pas
- Péter plus haut que son cul ( ou que le trou ): montrer très prétentieux, vivre au dessus de ses moyens
- Peigne-cul: personne grossière, méprisable, ignare
- Plan cul: projet de relation sexuelle ou l'aventure sexuelle elle-même
- Pousser au cul: suivre de près pour forcer l'autre à avancer
- Se casser le cul: faire de gros efforts
- Se tasser le cul: s'enlever du chemin
- Se mettre un doigt dans l'oeil et l'autre dans le cul: se tromper, se fourvoyer sur toute la ligne
- Se le foutre au cul: n'en rien faire, ne pas en tenir compte
- Se magner le cul ou se grouiller le cul: se dépêcher, aller au plus vite
- Se faire chier le cul: amplification de se "faire chier , se trouver dans une situation des plus énervantes
- Se pogner le cul : paresser, ne rien faire
- Se fendre le cul ou se fendre le cul en quatre: faire de gros efforts, travailler fort pour arriver à ses fins
- Se peler le cul: avoir très froid
- Se le fourrer dans cul (ou, en France, se le carrer dans le derche ): se le garder pour soi
- Se sortir les pouces du cul: se remonter les manches et se mettre au travail sérieusement
- Se taper le cul par terre: trouver très drôle, désopilant
- Tirer au cul: travailler le moins possible, s'absenter
- Trip de cul: relation basée sur le sexe, "fuck friend'
- Ti-cul: un gamin; peut avoir connotation affectueuse ou au contraire méprisante mais le plus souvent neutre
- Trou du cul ou, trou de cul au Québec: un salaud
- Trouer le cul à quelqu'un: l'étonner énormément, le sidérer
- Trou du cul du monde: endroit totalement isolé, perdu, loin de tout
Ça suffit, j'en ai plein mon c… Plein mon casque, évidemment. Je suis harassée, ne supporte plus ma litanie sur le sujet. Avec cette dernière expression, nous en sommes à 69 idiotismes sur le thème. Pur hasard.
N.B.: Merci au dictionnaire Reverso dans lequel j'ai abondamment puisé