jocelyne robert

Suis-je normal??? Suis-je anormale???

Je crois n’avoir jamais donné une conférence, participé à une rencontre, privée ou de groupe, accordé une consultation, animé un atelier sans que ceux-ci ne se terminent par des questions angoissées sur la normalité.

Les lettres et questions qu’on m’adresse ( web, courriel, télé etc ) se terminent presque invariablement par:  Suis-je normal? Est-il anormal? Est-elle normale? Est-ce normal?

➢ « Je ne jouis pas, pas assez, pas de la bonne façon, pas tout le temps, trop vite, trop tard, trop peu, trop … est-ce normal?

➢ À quel âge est-il normal qu’ils commencent à faire l’amour?

➢ Je le fais une fois, 2 fois, 5 fois 30 fois 60 fois, 300 fois par mois… Suis-je anormal?

➢ Est-il normal que les enfants jouent au docteur?

➢ Je me masturbe, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout , avec la main gauche, le pied droit… suis-je normal?

➢ Mon ado va sur des sites porno, il ne doit pas être normal? Il n'y va pas, est-il anormal?

➢ J’ai du désir : trop, trop peu, pas souvent, souvent, jamais, moins qu’avant, plus que lui…suis-je normale?

➢ Il a 5 ans et se promène pénis au vent à la garderie, est-ce normal?

➢ J’éjacule trop vite, trop tôt, trop tard, pas assez, pas beaucoup, pas toujours… suis-je normal?

➢ Ma fille a 14 ans et n’a pas encore ses menstruations, est-elle normale?

➢ Je n’ai jamais fait l’amour qu’avec mon mari, je me sens bien anormale?

➢ Fiston joue avec une barbie, est-il normal?

➢ J’ai des fantasmes, j’ai pas de fantasme, j’en ai pendant l’amour, toujours en dehors de l’amour, des bizarres, des folichons, des terribles … suis-je normal??? »

➢ Mon fils de 14 ans ne s’intéresse pas aux filles, normal?

➢ Mon sexe est trop petit, trop grand, trop large, trop rose, trop étroit, trop mou, trop comique, suis-je normal-e?

➢ Je fais l’amour depuis un an avec mon chum et je ne jouis que par les caresses, est-ce normal?

➢ Un pénis normal mesure combien?

➢ On a jamais d'orgasme en même temps, est-ce normal?

Ne laissons pas la normalité nous rendre malades 😉

Je pourrais continuer à l’infini. Terrible et effrénée quête de conformité. Soif éperdue de correspondance à des normes aussi ridicules qu’inaccessibles. Obsession d’une normalité édictée.

Mais normal par rapport à quoi et à qui? ai-je parfois envie de hurler! La normalité avec un grand N n’existe pas. On peut parler d’une normalité biologique, statistique, culturelle, religieuse, médicale…

Vous êtes bien? Vous êtes en accord et en harmonie avec vos valeurs, vos besoins, votre rythme? Vous vous faites du bien et vous en faites à votre partenaire, si partenaire il y a, dans des rapports libres, consentis, égalitaires, réciproquement respectueux ? Voilà une normalité morale. Envoyez paître les prescripteurs de normes qui s’époumonent autour de vous!

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7 commentaires

  • Commentaire de Fauvernier — 27 septembre 2011 à 14 h 12 min

    Je reviendrai avec grand plaisir Jocelyne 🙂 Bien à vous.

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 27 septembre 2011 à 10 h 14 min

    @Delphine

    Merci Delphine pour votre participation. Revenez-vous souvent ! J’aime votre métaphore de l’arbre 😉

  • Commentaire de Fauvernier — 26 septembre 2011 à 22 h 16 min

    Bonsoir,
    Effectivement, qu’est-ce la normalité? Il n’existe pas une norme mais plusieurs normes propres à chaque être. Pour vivre en harmonie avec soi-même, vivons sans cette peur du jugement, du regard de l’autre sur ce que nous sommes. Quand nous observons les arbres dans une forêt, aucun ne se ressemble, mais pour autant ils sont tous normaux. Etre différent ne signifie pas être anormal, auquel cas nous serions tous anormaux.
    Merci pour votre blogue, j’ai parcouru quelques articles, ils sont très explicites, intéressants et vivants.

  • Commentaire de Renée — 4 septembre 2011 à 14 h 29 min

    Nouvelle anormalité…la temporaire, l’occasionnelle?
    « Mon beaucoup n’est pas le vôtre » avait dit le type après sa Xième bière. « Il n’y a pas de mal à se faire du bien » avait dit l’homme à la maîtresse, en passant. Normal pas normal, en autant que ça ne fasse pas mal, physiquement (?).
    Et pourtant il est de ces choses que nous sommes en droit de refuser spontanément comme si c’était naturellement pas normal. Libre à vous de choisir un exemple en matière de sexualité… Comme disait ma belle-mère : « On en prend et on en laisse ».
    Les nouvelles technologies relationnelles vont amener de nouveaux codes de « normalité », c’est-à-dire que parce que c’est virtuel ça devient « normal ».
    « Les bonnes gens n’aiment pas qu’on prenne(nt) une autre route qu’eux » Brassens dans La bonne réputation

  • Commentaire de Ginette — 4 septembre 2011 à 11 h 41 min

    Personellement, sans s’en rendre malade, je trouve  »normal » que l’humain se questionne !!!!..Et je crois que ça va beaucoup plus loin que sur sa sexualité !!!!…Que ce soit sur sa santé, son alimentation, son environnement, son mode de vie, etc…
    C’est seulement son insécurité qui a besoin d’être rassuré !
    Quand on se compare…on se console !!!!!

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 4 septembre 2011 à 10 h 53 min

    @ Mario Bellavance
    Ne vous excusez surtout pas. Vos commentaires sont bien appréciés. Merci de votre fidélité.

  • Commentaire de Mario Bellavance — 4 septembre 2011 à 8 h 23 min

    À mon avis, vous traitez la question de la recherche obsessive de la normalité avec beaucoup de justesse : Ne laissons pas la normalité nous rendre malades. En ce dimanche matin et ce long congé de la fête du Travail, rendons grâce à la vie pour tous ses bienfaits…

    Vous m’excuserez, par ailleurs, d’avoir visité un de vos billets antérieurs, celui qui concerne la sexualité des personnes handicapées. Je pense à Richard, qui était lourdement handicapé et qui n’était pas moins très attiré par les femmes. Je me rappelle de l’avoir vu durant ma jeunesse dans un club de danseuses nues… Je pense à Isabelle, cette femme d’une trentaine d’années,témoignant d’un retard mental et prisonnière d’un fauteuil roulant, aux prises avec des colères passagères. Je pense à ma propre mère… Je me dis qu’un regard attendrissant sur leur personne en regard de leur sexualité, du respect de leur intimité serait de mise plutôt qu’un jugement brutal, qu’un rejet suivant une normalité à laquelle, de façon évidente, ils ne peuvent se conformer…

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