jocelyne robert

Ça y est.  C'est la séparation. La fin d'une équipe célèbre. Anne Sinclair vient de quitter son Dominique Strauss-Kahn. Il y a un an, presque jour pour jour, j'étais  à Paris et je lui écrivais cette lettre qui avait alors été publiée dans le journal La presse et avait fait pas mal de bruit.

Anne, je vous écris parce que je pense à vous. Dans toute l'histoire qui secoue une partie de la planète en ce moment, à savoir l'inculpation de votre mari pour agressions sexuelles sur une jeune femme de chambre, j'ai d'abord et surtout pensé à la victime. La présumée victime.

Puis, depuis quelques jours, je me suis mise à penser à vous. En fait, depuis que je vous ai vue marchant, drapée dans votre dignité au bras de votre belle-fille, vers la salle d'audience new-yorkaise où votre mari allait être inculpé. Hélas, ou heureusement, c'est selon, l'expression inconsciente des émotions ne se couvre pas d'apparat. Votre regard, votre oeil gauche, paupière tout affaissée par la souffrance, m'ont touchée.

Vous êtes aux États-Unis auprès de votre mari dans la résidence qui lui est assignée. Je suis à Paris où le drame criminel de moeurs sexuelles vous concernant, par alliance, s'étale dans tous les médias. On y parle beaucoup de vous, évidemment. De votre idylle, puis de votre mariage pour lequel, dit-on, vous auriez sacrifié votre carrière, de la femme formidable que vous êtes et des frasques de votre chéri.

Il y a quelques jours, votre ami Robert Badinter s'émouvait sur le petit écran en parlant de vous, il s'extasiait de votre infinie capacité d'amour. «Quelle chance il a, clamait-il, en parlant de votre mari, d'avoir une femme aussi merveilleuse… Quelle plus grande preuve d'amour peut-on demander à une femme que de supporter ainsi son mari, d'être toujours derrière lui, avec lui, contre vents et marées…», disait-il, en substance.

Badinter voulait émouvoir. Il m'a énervée. Non pas que l'amour m'irrite, bien au contraire, mais il vous a traitée comme si vous n'étiez rien d'autre que «la femme éperdue de Strauss-Kahn»! Quid de la femme de pouvoir, richissime, brillante, lettrée, capable, belle et désirable? Pourquoi vous présente-t-on comme une sacrifiée? Comme une mère Teresa de la haute bourgeoisie française, silencieuse et résignée devant les humiliations que lui fait subir son maître. En tant que femme – et peut-être plus encore parce que nous sommes de la même cuvée, celle des baby-boomeuses nées au milieu du XXe siècle et celle des féministes qui ont voulu changer le monde – je suis outrée et blessée du portrait évanescent que l'on brosse de vous.

Vous affirmez croire en sa totale innocence. Évidemment, ce serait embêtant de déclarer: «Il fallait s'y attendre!» Je doute de votre assurance. En ce moment, je me demande comment vous vous sentez, aux côtés de cet homme, dans l'appartement de New York où il prépare sa défense. Qu'éprouvez-vous en le regardant? Comment et jusqu'où l'aiderez-vous à se sortir de ce mauvais pas, le pire où il s'est jamais enlisé? Vous l'avez toujours supporté, appuyé de vos millions et de votre solidarité, défendu envers et contre tous (et toutes) en toutes circonstances et semblez déterminée à continuer de le faire. Cette fois-ci, pourquoi l'aideriez-vous?

Vous avez intitulé «Et maintenant», le dernier billet que  vous avez écrit le 11 mai dernier sur votre blogue alors que votre oeil gauche ne s'était pas encore affaissé. Si j'osais, je dirais que c'était un titre prémonitoire. «Et maintenant» Anne, que ferez-vous? Cette fois-ci, votre dignité en prendra un coup à l'échelle planétaire. Aux yeux de tous les hommes et de toutes les femmes de la planète qui sont tournés vers vous, des femmes solides ou fragiles, jeunes ou vieilles, riches ou pauvres, fussent-elles ou non, trompées, violées, bafouées, bâillonnées, utilisées, quel modèle choisirez-vous de représenter? Celui d'une femme-paillasson, malgré ses millions, sa rare valeur et son intelligence? Ou celui d'une femme libre et digne, qui ne reçoit pas sa valeur de l'autre, comme le zéro reçoit la sienne du petit chiffre qui le précède?

Je me sens solidaire de vous. Autant que de la jeune femme, Nafitassou Diallo, présumément agressée et molestée par votre mari. Comme si, au fond, le traitement qu'il vous réservait à toutes deux était le même, à un plumeau près.

 

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Publié dans : Culture et Société, Féminisme, Femmes, Médias et Actualités, Opinion, Politique, Sexualité et Sexologie, Violence
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7 commentaires

  • Commentaire de Nessma — 7 décembre 2012 à 3 h 58 min

    Bonjour à toutes et à tous,
    Ce que j’ai aimé dans le comportement d’ASC, c’est force intérieur que chacun interprétait à sa façon selon ses propres projections. Pour moi elle est totalement libre car elle a prit le temps de l’introspection indépendamment des agitations cycloniques qui l’entouraient et ça …ça n’est pas donné à tout le monde !!!

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 8 septembre 2012 à 22 h 13 min

    Pauvre tarte .  Je publie votre mot pour que tout le monde sache à quel point vous êtes minable . Que voulez-vous, après 8 ans d’université j’ai eu envie d’inventer des mots au lieu d’écrire mes titres au bout de mon nom.

    J’suis comme ça … humble. Les anonymes de votre espèce me font pitié.  Aller déblatérer votre vomi ailleurs, caché derrière l’anonymat, comme un lâche :-))))

  • Commentaire de Anonymous — 8 septembre 2012 à 19 h 11 min

    Vous les cassent ! Vous etes deja castree, puisque vous vous meprenez.
    Commencez par eviter de vous inventer des titres et des competences :
    sexosophe, douce plaisanterie.

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 8 septembre 2012 à 11 h 12 min

    Bien pensance mon oeil!  BTW, les anonymes me les cassent . 

  • Commentaire de Anonymous — 8 septembre 2012 à 0 h 45 min

    Je pense que vous n’avez pas saisi une chose, Anne Sinclair a fait comprendre a ses detracteurs et admirateurs que sa vie privee ne les regardait pas, et vous voila tombee dans une bien pensance penible a lire sous pretexte que vous etes une femme. Je pense qu’elle se contrefout de votre connerie. Dsk est un pervers dont la chute est meritee et beaucoup trop clemente, il devrait payer par des annees de vie en prison.

    Anonymous pour ne pas subir les foudres de bien-pensantes.

  • Commentaire de franz — 23 juillet 2012 à 20 h 58 min

    On a admiré le courage d’Hillary Clinton à soutenir son mari pris en délit d’adultère et plus encore, en parfait délit d’obscénité. Elle l’a fait avec tact, dignité et noblesse. Ce qu’on ne savait pas alors, c’est que même mariés, elle et Bill, ne formaient plus un couple depuis belle lurette. L’évaluation de sa performance devient alors bien différente. Elle s’est acquitté parfaitement d’un travail politique de façon aussi impeccable qu’ils pouvaient être indifférents l’un à l’autre, mais non pas indifférents à leurs intérêts politiques.

    Quant à madame St-Clair, nous ne connaissions rien aux liens de couple qui pouvaient l’unir à DSK. On ne peut pas se confondre en louanges sur la dignité et le courage de l’épouse outragée. J’ai comme l’impression qu’elle n’est absolument ni bête, ni aveugle, et qu’elle était bien au courant des infidélités de son époux. On peut même supposer qu’ils ne formaient plus un couple eux non plus et que leurs liens n’étaient peut-être que des liens d’affaires et de convenances.

    Quant deux époux sont devenus entièrement indifférents l’un à l’autre, il est plus facile pour la personne qui devrait se sentir humiliée, de jouer la carte de la dignité. Je me souviens du visage de glace qu’affichait madame St-Clair au bras de celui que tous pouvaient considérer comme son époux bien-aimé. J’ai aussi remarqué qu’elle semblait marcher drôlement du talon, ce qui n’est pas la marque de l’épouse éplorée. À moins que ce soit sa façon naturelle de déambuler.

  • Commentaire de Noël j.p — 29 juin 2012 à 11 h 18 min

    Hello Jocline, ton article est sortit du cœur,solidaire, et impartial. Je me demande quel est l’impact de la notoriété? Quel est le fond de l’histoire. Comment une histoire pareille nous est présentée et vendu ? Enfin bon ton article est bien fait, mais je continu à penser que nous ne savons pas tout et que tout jugement définitif serait hasardeux .

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