jocelyne robert

J’aurais voulu intituler ce  3e billet de la trilogie Sexe et Pouvoir:  Le pardon est-il aussi généreux lorsque c’est de femmes qu’origine le scandale sexuel ? Difficile. Car comme on l’a vu, le scandale sexuel est bien plus rare chez elles en raison, entre autres, de leur nombre restreint dans les hautes sphères du pouvoir.  

La rédemption d'une femme suivrait-elle la même trajectoire?

Rien ne nous empêche toutefois de nous demander si la rédemption d'une femme de pouvoir, marquée au fer rouge d'un adultère étalé sur la place publique, suivrait la même trajectoire que celle d'un homme dans une situation semblable.

Prenons Iris Robinson, cette député irlandaise et épouse de premier ministre, attrapée dans une histoire d’adultère avec un jeune homme il y a quelques années. Elle eut beau se prosterner sur la place publique, pleurer, tenter de se suicider, demander pardon à son mari, à ses électeurs, à Dieu et à l’univers, on n'a jamais pardonné à la "cougar".  Sa santé mentale a été mise en doute et on n’a plus jamais entendu parler d’elle. Finie, disparue, bannie Mrs Robinson! 

Plus près de nous, la vie amoureuse des députées et ministres Nathalie Normandeau et Sheila Copps a bien fait commérer dans les chaumières alors qu’il ne s’agissait nullement d'affaires d'infidélité mais de leur stricte vie privée, ces  femmes étant célibataires, majeures et vaccinées. Il ne viendrait à l’esprit de quiconque de s’exciter le poil des jambes avec la vie de garçon des hommes politiques, fiers d’exercer leur célibat ! Sinon pour badiner, les admirer, les envier…

Et si DSK eut été Ségolène…?

Je voyais, ce matin même, dans un journal français, Dominique Strauss-Kahn photographié entouré de jeunes beautés blondes dans une boite de nuit de Paris. Bien sûr, et on ne reviendra pas là-dessus, l'ex futur président de la France a beaucoup perdu avec l’étalage de ses nombreuses histoires d’agressions, de violences et d’exploitation sexuelles. Quand même, il s’en trouve encore – et ils sont nombreux – pour dire que c’est sa vie privée, que c'est un chaud lapin, qu'il est fou des femmes etc.  Imaginez un instant qu’il s'eut agi d’une femme, au coeur des mêmes événements…  Ségolène Royal par exemple, quel sort lui aurait été réservé si elle s'était retrouvée au centre de frasques semblables? 

Dans cette foulée des écarts de langage corporel et  d'échanges "coupables" de fluides organiques chez les "grands" de ce monde, le plus bel exemple demeure la rédemption de  Bill Clinton. A-t-il vraiment perdu au change suite à ses péripéties adultères avec Monica Lewinsky ? Il s’est amendé sur la place publique, sa vie politique a culbuté, c’est vrai.  Mais à de nombreux égards, sa crédibilité est restée sans tache. Quelques années plus tard, il donnait des conférences, parmi les plus chères payées et les plus courues sur la planète.  Au pire (au mieux ?), certains de ceux qui vont entendre ses causeries, évoqueront-ils tout bas, pour eux-mêmes, ses turpitudes érotiques : « Sacré Bill ! Quel Don Juan quand même !  » 

Dans le cas de l'ex-président des États-Unis, c’est du passé, l'affaire est classée. C’est humain. On a passé l’éponge. Et je suis d'avis que c'est  très bien ainsi. Mais cela serait bien plus humain encore si l'absolution valait pour les deux sexes. Le pardon paritaire quoi !

Et si Bil Clinton eut été Angela Merkel…?

Supposons un seul instant – même s'il est difficile d’imaginer que les femmes politiques puissent être, elles aussi, des êtres humains sexuels et faillibles –   supposons donc, qu'Angela Markel, chancelière d'Allemagne, ou Julia Gillard, première ministre d'Australie, se retrouve dans un scénario comparable à celui de Clinton. Qu'on les découvre, l'une ou l'autre, à se batifoler un cunnilingus sous le bureau, avec un jeune stagiaire, dans l’équivalent de ce qui est la Maison blanche…. Pensez-vous une seule seconde que leurs conseils et avis seraient ensuite sollicités et espérés? Qu’on les paierait des centaines de milliers de dollars pour de brèves  causeries? Voyons donc ! Tout au plus leur aurait-on conseillé de se recycler dans la pornographie !  Ça n’est pas que leur vie politique qui serait foutue en l’air mais leur vie tout court. Leur crédibilité aurait chuté à moins 0 sur une échelle de 10, elles vivraient en recluses, cloitrées dans un silence sans fin…

Réponse à la question posée en titre : Oui le pardon est , proportionnellement, aussi généreux que le scandale est impressionnant. Quand il s’agit des scandales sexuels des hommes indeed 

Dans cette série:

Sexe et pouvoir I: Pourquoi les scandales sexuels font-ils tant frémir les Américains?

Sexe et Pouvoir II: Les femmes politiques ont-elles un genre et un sexe?

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