Dans la foulée de l’affaire Ghomeshi , envie d’aider, les jeunes surtout, autant les garçons que les filles, à faire la différence entre la séduction et l’agression, le séducteur et l’agresseur.
Le séducteur
Le séducteur a besoin de sentir chez l’autre une réponse positive, un élan vers lui, un aller-retour du désir. Il est ouvert et en relation à l’autre dans sa quête de rapprochement sexuel intime. Il veut plaire et il vit dans le désir de plaire, de se sentir attirant et accueilli. Le séducteur peut certes se montrer insistant mais la fermeture ou la non-réceptivité d’autrui éteindra son appétit au lieu de l’exacerber.
Même s’il manie avec brio les leviers de la manipulation, la démarche du séducteur s’inscrit dans une logique de communication et d’obtention du consentement. Il peut supporter l’attente qui gonflera son attrait et sa détermination à arriver à ses fins.
L’agresseur
L’agresseur veut établir une emprise, soumettre l’autre dans un rapport où la réciprocité est inexistante. Il y a chez l’agresseur sexuel, un rapport pathologique non pas uniquement avec le sexe mais en l’ocurence avec les femmes. L’autre ne peut l’arrêter dans sa quête d’affirmer sa suprématie, d’imposer. C’est probablement l’exercice coercitif de ce pouvoir qui l’excite bien davantage que les qualités « érotisantes » de l’autre. La démarche de l’agresseur s’inscrit dans une logique de domination: déni de l’autre, de son refus, de ses attentes. Il ne supporte pas l’attente, veut s’assouvir sur le champ en asservissant.
La dynamique
On n’agresse pas une femme parce qu’on est « fou d’elle » ou parce qu’on a une libido intenable. On agresse une femme parce qu’on est aveuglé par son propre pouvoir, et qu’on considère la femme comme n’importe quel objet à assujettir à ce pouvoir.
La plupart des hommes de pouvoir exercent des métiers qui s’inscrivent dans une logique de séduction (politiques, stars médiatiques, sportif de haut niveau etc). Rien là de nouveau ou de péjoratif. C’est lorsque charme et charisme immanents aux fonctions et à la personne dérivent vers une logique de domination qu’on peut parler d’agression.
Je ne crois pas que les puissants de ce monde soient, sexuellement, plus puissants ou au prise avec une libido plus incontrôlable que les autres. Ils ont plus de pouvoir, certes, et ce pouvoir les porte peut-être à se croire au dessus de la mêlée et à l’abri de tout soupçon. La politique par exemple est un lieu de pouvoir. Le sexe l’a été aussi depuis des temps immémoriaux.
Le pseudo « incontrôlable désir » peut devenir un justificatif à l’acte dégradant de harcèlement, de violence et d’agression. « Je ne peux pas résister…ma libido est trop forte… » (entendre « je suis un super mâle »). Ou encore: » Elle ment elle a consenti » (entendre, je suis irrésistible et désirait tout ce qui lui est arrivé).
Pourquoi pensez-vous que les présumés agresseurs sexuels invoquent presque toujours une défense de consentement ? Entre vous et moi, que peuvent-ils invoquer d’autre pour leur défense sans passer pour des monstres …?
À venir: Billet sur la notion de consentement.
Ce billet est également publié sur mon blogue du Huffington Post Québec