Avez-vous remarqué qu’il n’y a que l’étape de notre existence appelée « vieillesse » qui contient la particule « vie »? Enfance, adolescence, adulte, maturité … Les appellations des autres périodes de la vie en sont dépourvues. Comme s’il avait fallu que la langue française insiste et nous rappelle que les vieux et vieilles sont toujours vivants et donc toujours sous la gouverne d’Eros, Dieu de l’amour et de la vie.
Ghislaine Meunier-Tardif, avec son roman L’écarlate, nous livre un vibrant et élégant plaidoyer en faveur d’un érotisme sans âge, à fleur de peau et de sexe. Elle, son personnage féminin de 72 ans dont le corps ne demande qu’à être secoué de plaisir et dont toutes les petites cellules éclatent d’un grand rire orgasmique, remet les pendules à l’heure d’une sexualité appartenant à toute l’humanité. Elle, témoigne de sa détermination à rester du côté des vivants en se prévalant de toutes les prérogatives du vivant: aller vers l’autre, en l’occurence Lui, lui proposer, sans fausse pudeur le plaisir, la sensualité, la folie érotique et la jouissance en partage.
Après le petit livre rouge de Mao, voici le petit livre rouge de Meunier. Le premier endoctrinait, le second déboulonne les doctrinaires diktats d’une sexualité réservée à une jeunesse lisse et fertile. Un livre que les vieux enfants, de la trentaine à la cinquantaine, devraient offrir à leurs parents et que les vieux parents devraient faire lire à leurs enfants…