Philippe Turchet lance aujourd'hui un livre important: Le langage universel du corps.
Langage du corps, un langage émotionnel, aussi incontournable que le nez au milieu du visage.
Un langage incontournable que, pourtant, on ne sait pas décoder. Ou qu'on prend à la légère.
Paradoxe: Le langage du corps date de l'âge de pierre et, en 2009, on est à l'âge de pierre dans notre aptitude à comprendre les rudiments et les formidables messages qu'il nous livre.
Loin de moi l'idée de faire des analyses psychologiques prématurées ou d'interpréter de manière disgracieuse un événement infiniment triste. Mais je ne peux m'empêcher, en parlant des émotions livrées par le corps, de penser à l' horrible drame de ce cardiologue présentement soupçonné d'avoir tué ses deux enfants de 3 et 5 ans.
"On ne pouvait rien soupçonner." "Il ne parlait pas." "Pour une personne si puissante, si élevée dans l'univers socio-économique ( médecin spécialiste), il est impensable d'avoir besoin d'aide et d'en demander ." "Personne n'a rien vu venir, la veille encore, il était efficace, fonctionnel, d'un professionnalisme à toute épreuve"…
Oui, les ressources disponibles doivent être plus évidentes, plus accessibles, pour toutes les personnes en difficultés, incluant les hommes puissants… Oui, il faut éduquer les garçons au savoir-être autant qu'au savoir et bien davantage qu'au savoir-posséder… Mais peut-être est-il temps de se rendre compte que le langage verbal révèle bien peu. À preuve, ce désespoir jamais révélé par les mots, ces émotions immenses jamais traduites dans le discours mais sans doute imprimées dans le corps et dans la gestuelle et que personne autour n'a su lire.
Je charrie, pensez-vous? À quoi cela aurait-il servi que quelqu'un sache lire la détresse de cet homme, fusse-t-elle inscrite dans son corps? Qui sait… Il suffit parfois qu'une main se tende, qu'une voix chaleureuse demande "Qu'est-ce qu'il y a qui ne va pas? pour que l'autre, saisisse la perche, s'y accroche pour remonter à la surface. L'espoir n'est que ça: le désespoir surmonté.
Mais pour qu'une main se tende, ou pour qu'une épaule s'offre, ou pour qu'une oreille en forme de coeur se rende disponible, encore faut-il que l'on soit attentif aux confidences de l'autre. Et les confidences, 80 % du temps, elles sont muettes. Livrées par le corps.