Samedi dernier, j'écoutais Geneviève Saint-Germain bavardant avec Benoite Groulx, l'un des phares du féminisme contemporain, sur les ondes de "L'autre midi à la table d'à côté" à la radio de Radio-Canada. Je me régalais: J'aime bien Geneviève Saint-Germain, Benoîte Groulx a été l'un de mes modèles marquants et je suis féministe. Alors, que demander de plus? J'ai tiqué quand est venue la question de la chirurgie esthétique. Bien sûr, Madame Groulx y eut recours, deux fois plutôt qu'une et Geneviève Saint-Germain d'applaudir: " Mais oui! Mais oui! Pourquoi pas? … Vivement les liftings si les rides nous empêchent d'aller de l'avant!…"
Ce genre de raisonnement me désespère. Je suis entièrement d'accord avec l'idée qu'on peut être à la fois féministe et sexy. Je crois même qu'on peut être féministe, sexy, vieille et pas "rénovée". Mais je suis en total désaccord avec l'idée que les traces de vie soient un repoussoir infaillible. C'est en tenant de tels propos qu'on alimente cette tendance aliénante.
Et puis, quand donc comprendra-t-on qu'il ne s'agit pas d'être pour ou contre la chirurgie esthétique. Il s'agit de se demander POURQUOI DONC les rides nous empêcheraient d'aller de l'avant? Benoîte Groulx aurait-elle tiré de l'arrière sans ses liftings? Aurait-elle été moins intéressante et importante? Aurait-elle été moins séduisante avec des yeux ridés qui bougent plutôt qu'avec des yeux lisses et immobiles? Voyons donc! La prochaine fois que vous verrez une dame que vous trouvez "encore bien belle" et que vous savez liftée, étirée et botoxée, demandez-vous: Sont-ce ses traits tirés qui la rendent si belle où n'est-ce pas plutôt sa passion de vivre et sa formidable énergie?