On a longtemps étiqueté d’impuissant, l’homme qui souffrait, occasionnellement, souvent ou tout le temps, de troubles de l’érection.
Quel langage réducteur! Comme si la fragilité de la bandaison rendait la totalité de la personne impuissante et impotente, dans toutes les autres sphères de la vie et de l’érotisme. Les médecins, il n’y a pas si longtemps, annonçait à l’homme qui avait perdu sa fonction érectile, à la suite par exemple d’une blessure médullaire, qu’il était « un homme fini » . De quoi devenir impuissant, perdre tout pouvoir sur sa vie et se laisser envahir d’idées noires.
Voyons donc! Statue-t-on qu’un homme est un fou furieux parce qu’il a des épisodes dépressifs? Ou qu’un autre qui a des troubles visuels, auditifs ou, que sais-je, d’embonpoint, est un homme fini? Heureusement, on a de plus en plus tendance à mettre l’accent sur les fonctions saines, celles qui restent, plutôt que sur ce qui est défaillant ou perdu.
J’ai reçu ces derniers jours trois courriels d’hommes, d’âge variable ( quarantaine, cinquantaine et soixantaine) qui, chacun à sa façon, éprouve des difficultés ou une incapacité d’érection. Et, chacun évoque son univers fantasmatique, sa vie sexuelle et érotique, foisonnante et palpitante, sans qu’elle ne comporte de pénétration phallo-vaginale. Ils évoquent aussi les « autres méthodes » et talents qu’ils ont développés pour éprouver du plaisir, en procurer à leur partenaire qui en redemande.
Comme quoi, à force de rappeler que la sexualité et l’érotisme ne sont pas que mécaniques et ne se limitent pas à un pénis qui bande et un vagin qui reçoit, le message commence à passer. Cela, pour le plus grand bonheur d’un grand nombre d’hommes et de femmes qui ne peuvent, pour différentes raisons, se conformer aux critères habituels de performance génitale qui dominent dans nos sociétés.
🙂