jocelyne robert

26Sep2009

 

Nelly décroche

 
 

Nelly Arcan a tiré sa révérence.

Nous sommes tous et toutes sous le choc.  Pour ma part, j’éprouve une grande tristesse mais j’avoue ne pas être étonnée.

À chaque fois que je la voyais, que je la lisais, que je l’entendais, j’avais le sentiment d’être devant une personne torturée, sur le point de se rompre.  Je l’avais croisée récemment sur le plateau de l’émission Ici et là et, il y a un an ou deux, à l’aéroport Charles de Gaulle où nous attendions le même avion pour rentrer à Montréal.  Son œuvre était empreinte de mal-être : mise à mort de l’intimité, relation inexistante, sexualité dépersonnalisée, haine de soi…  J’avais souligné, dans le Sexe en mal d’amour , « ses écrits truffés de fantasmes mortuaires et pathologiquement narcissiques. »

Si son suicide ne me surprend pas, sa personne —ce qu’elle était—  me déconcertait.  Une extrême candeur et une lucidité exacerbée semblaient se bousculer en elle.  Cette femme était un paradoxe ambulant.  L’incarnation même de son époque : la dictature du paraître qui fut aussi son grand thème d’écriture et de réflexion.

Elle avait du talent.  Son écriture avait du souffle.  Sa conscience était  aiguë.    Insupportablement aiguë peut-être…    Elle ne cachait pas son obsession de beauté et de jeunesse, son incapacité de s’imaginer vieillissante.

Elle était unique.   Et attendrissante.  Et bouleversante.   Je la salue et la regrette.

 

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Publié dans : Arts et spectacles, Corps, Culture et Société, Femmes, Sexualité et Sexologie
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1 commentaire

  • Commentaire de Jacinthe Généreux — 20 septembre 2011 à 11 h 58 min

    Toutes les femmes devraient lire ses livres et lui rendre hommage
    car elle était très consciente de la place de la femme québécoise
    encore considérée comme une colonisée face aux stéréotypes du français avec toutes des pouffiasses qui se pâment en colonisées devant le français misogyne et égocentrique
    perpétué ici au Québec( beaucoup de femmes se retrouvent dans  »Folle »).

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