Pour voir la discussion sur les Québécoises castrantes ou pas castrantes… http://bazzotv.telequebec.tv/occurence.aspx?id=422&invite=120
L'expression est devenue fourre-tout, utilisée à toutes les sauces, un refuge-alibi. On envoie dans le cagibi de la "castrante" tout ce qui est frustrant, tout ce qui ne fait pas notre affaire, ne flatte pas l'ego mâle. On mélange tout: la contrôlante, la germaine, la super woman, la fatigante, la 'castrante'… Nos malaises, nos insécurités, nos déceptions… C'est un peu compréhensible qu'il en soit ainsi. Nous vivons dans un monde qui porte des messages difficilement conciliables, farcis de doubles contraintes.
Exemple 1 de double contrainte: Cela fait 25 ans que domine le message, aberrant selon moi, "Les hommes viennent de mars, les femmes viennent de Vénus" et, que simultanément on proclame l'égalité des sexes. Ces 2 visions sont inconciliables. Toute la théorie Mars-Vénus se fonde, d'une manière déguisées, sur la suprématie masculine. Les hommes ont bien intériorisé cette idée. Il est évidemment que toute femme qui agit à l'encontre de ce modèle ( l'attente, le besoin du pourvoyeur, la passivité, la faiblesse…) ne peut qu'être vue comme une castrante. Ces deux parangons coexistent et sont totalement antinomiques.
Exemple 2: Le modèle érotique dominant vient de la pornographie. Dans ce modèle la séduction est inexistante. Depuis les 15 ou 20 dernières années, les garçons s'y alimentent et Dieu sait que ça n'est pas en ces lieux qu'ils développeront l'art de la séduction pas plus que l'estime de soi et la confiance nécessaires à des rapports joyeux et humanitaires entre les hommes et les femmes. Sans compter qu'ils risquent une fracture du moi lorsque, dans la vraie vie, ils constateront que les femelles en délire idolâtrant le dieu phallus et s'agenouillant devant lui au premier sifflement sont plutôt rare.
Je pense que les femmes peuvent être libres, féminines et féministes, sexy, autonomes sans être castrantes . Que les hommes peuvent être virils,affirmés, séduisants et positivement séducteurs sans être ni roses, ni machos. Mais, cela est difficile en raison surtout de l'effet anxiogène répercuté par les messages paradoxaux et inconciliables dans lesquels on baigne et qui influent profondément sur notre manière d'être et qui fragilisent notre identité. Il faudrait au plus sacrant, mettre l'accent, dès la petite enfance, sur la fierté d'être un garçon ou une fille, sur les fascinantes spécificités de l'un ou l'autre sexe, sur les différences qui émerveillent et surtout, sur les ressemblances, bien plus nombreuses que les différences, qui rapprochent et permettent de se comprendre.