Les travailleuses des Maisons pour femmes victimes de violence conjugale seraient-elles une autre version des sages-femmes ?
Je partageais hier un chaleureux moment d'échange avec quelque 200 femmes venant de tous les coins du Québec, des femmes qui en aident d'autres à se sortir de la spirale de la violence. Elles m'avaient demandé de leur parler de mon livre Les femmes vintage. Vous vous demandez peut-être s'il n'est pas un peu indécent de parler des fées qui se transforment en sorcières puis en femmes vintage et savoureuses à des femmes qui côtoient quotidiennement d'autres femmes, violentées, battues, ravalées et humiliées…? Au contraire. Estime de soi, fierté et dignité sont à la source de ce livre tout comme ces vertus de base sont à la source de toute démarche visant à mettre en place des mécanismes de changement dans la vie de chaque femme.
Chaque année, des dizaines de milliers de femmes lancent un appel à l'aide à une maison d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale. Comment, en 2010, une telle situation est-elle encore possible? Nous sommes tous et toutes concerné-es par cette problématique inacceptable, tous et toutes tenu-es de dénoncer cette situation et de faire notre part pour l'enrayer.
Sur le chemin du retour, je pensais au fait qu'on appelle tout simplement "travailleuses auprès des femmes victimes de violence conjugale …", celles qui oeuvrent dans ces Maisons. De formations diverses, elles n'ont pas de titre spécifique, elles sont ni violentologues ni violentophobes, ni violentosophes.
Puis, je me suis souvenue que chez les Inuit, il n'y a pas de mot autre que "la femme qui aide" pour nommer celle dont le métier est d'en aider une autre à accoucher. La sage-femme est "la femme qui aide". Quelle appellation juste! Et belle. Essentiellement, n'est-ce pas ce que font les travailleuses auprès des femmes qui subissent de la violence, les aider? Les aider à s'aimer assez pour devenir actives dans les changements souhaités, les aider à accoucher d'elles-mêmes?
Je salue aujourd'hui toutes ces sages "femmes qui aident".
Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale