jocelyne robert

Les travailleuses des Maisons pour femmes victimes de violence conjugale seraient-elles une autre version des sages-femmes ?

Je partageais hier un chaleureux moment d'échange avec quelque 200 femmes venant de tous les coins du Québec, des femmes qui en aident d'autres à se sortir de la spirale de la violence.  Elles m'avaient demandé de leur parler de mon livre Les femmes vintage.  Vous vous demandez peut-être s'il n'est pas un peu indécent de parler des fées qui se transforment en sorcières puis en femmes vintage et savoureuses à des femmes qui côtoient quotidiennement d'autres femmes, violentées, battues, ravalées et humiliées…?   Au contraire.  Estime de soi, fierté et dignité  sont à la source de ce livre tout comme ces vertus de base sont à la source de toute démarche visant à mettre en place des mécanismes de changement dans la vie de chaque femme.

Chaque année, des dizaines de milliers de femmes lancent un appel à l'aide à une  maison d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale.  Comment, en 2010, une telle situation est-elle encore possible?  Nous sommes tous et toutes concerné-es par cette problématique inacceptable,  tous et toutes tenu-es de dénoncer cette situation et de faire notre part pour l'enrayer.

Sur  le chemin du retour, je pensais au fait qu'on appelle tout simplement  "travailleuses auprès des femmes victimes de violence conjugale …", celles qui oeuvrent dans ces Maisons.  De formations diverses, elles n'ont pas de titre spécifique, elles sont ni violentologues ni violentophobes, ni  violentosophes.

Puis, je me suis souvenue que chez les  Inuit, il n'y a pas de mot autre que  "la femme qui aide" pour  nommer celle dont le métier est d'en aider une autre  à accoucher.  La sage-femme est  "la femme qui aide".  Quelle appellation juste!  Et belle.   Essentiellement, n'est-ce pas ce que font les travailleuses auprès des femmes qui subissent de la violence, les aider?  Les aider à s'aimer assez pour devenir actives dans les changements souhaités, les aider à accoucher d'elles-mêmes?

Je salue aujourd'hui toutes ces  sages "femmes qui aident".

Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale

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Publié dans : Culture et Société, Éducation, Femmes, Médias et Actualités, Violence
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7 commentaires

  • Commentaire de Amy — 5 juin 2010 à 20 h 50 min

    Avec plaisir!

  • Commentaire de nicolem — 31 mai 2010 à 12 h 49 min

    oui ces femmes qui aident les autres , ces accoucheuses qui redonnent une vie aux femmes , font de grandes choses. Elles ont sans doute elles-même été victimes et aujourd’hui tendent la main à celles qui ,sans celà ,resteraient au trou…
    Car sortir d,une relation sous l’égide de la menace constante, ballottée au gré de la folie de l’autre, est un enfer qui implique ni plus ni moins la possibilité de mourir , que ce soit en restant dans la situation autant qu’en la quittant. Qui socialement se retrouve devant un tel non-choix ? La peur des femmes n’est pas exagérée , elle est fondée souvent malheureusement.

    oui il faut aider les femmes à se libérer, à se protéger mais il faut apprendre aux hommes à être moins dépendants émotivement ? à vivre de façon moins fusionnelle leur relation. Cours encore le mythe de l’amour parfait, qui comble tous les besoins et chaque manque à cette règle devient un reproche…punissable pour certains…

    Je connais des femmes de 50 ans qui au sortir d,un divorce retombe dans les rêveries de leur adolescence….avec tout l,irréalisme que celà comporte…les attentes trop élevées sont équivalentes aux attributs donnés justement aux avatars…des jeux virtuels…Quand l’adolescence se termine-t-elle…? pour certains on dirait jamais…

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 31 mai 2010 à 8 h 10 min

    @ Ratata

    Je veux bien qu’on aide les hommes mais attention de ne pas déplacer le problème…

    @Renée Voius avez raison. Encore bien taboue la violence supposément « amoureuse »…

  • Commentaire de ratata — 30 mai 2010 à 23 h 40 min

    Savez-vous, plus je pense à ce problème, plus je me convaincs que pour aider les femmes battues il faut aider les hommes. Les aider à reconnaître leurs émotions et à « dealer » avec.

  • Commentaire de Renée — 30 mai 2010 à 11 h 42 min

    « La femme qui aide »,
    Témoignage,
    Je demeure perplexe à voir que ce dernier billet n’amène pas de réactions.
    Je vais vous parler de ma mère Colombe. Elle a été la 20e d’une famille de 22, donc nécessairement, une femme qui aide. Sa mère, Aurore, était enceinte de ses petits derniers alors que ses filles aînées l’étaient également.
    Après sa septième année scolaire, ma mère allait d’une maison à l’autre, « relever » ses soeurs. Après avoir aider ses soeurs, elle est entrée dans le mariage et a eu ses propres enfants.
    Oui, je sais que ce témoignage ne rejoint pas le sujet de JR, est-ce un sujet tabou? La violence conjugale.
    Levez la main, celles qui n’ont jamais été bousculées. Peut-on apprendre de ces expériences?
    « Guerre et paix »…Complexité des transactions psychologiques en matière de vie conjugale.Chez les hommes, chez les femmes.
    Renée

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 28 mai 2010 à 15 h 35 min

    Avec plaisir!

  • Commentaire de SophieSexologue — 28 mai 2010 à 10 h 55 min

    Si vous me permettez, je vais transférer ce texte aux membres de la Table de concertation en violence conjugale et agression à caractère sexuel que je coordonne, car c’est un très beau compliment que vous faites à ces femmes. 🙂

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