jocelyne robert

« Quand on s’engueule en Italie, on ouvre les fenêtres.  Quand on s’engueule à Paris, on les ferme ! » Ainsi parle Monica Belluci de ses engueulades conjugales  avec Vincent Cassel.  Comme quoi il y a une dimension culturelle rattachée à la chicane de couple.

Faut-il à tout prix éviter les disputes ? Non. Les partenaires qui ne se disputent jamais finissent par s'éloigner l'un de l'autre.  J’ai remarqué que  les couples qui traversent le temps ne sont pas toujours ceux qui s’entendent parfaitement et que plusieurs d’entre eux présentent parfois des divergences irréconciliables. Il semble que les couples qui flottent en eau dormante risquent davantage de dériver. On ne s’engueule pas avec  quelqu’un qu’on ne voit plus ou qui nous laisse indifférent.

Le  succès d’une relation dépend beaucoup de l’aptitude des  amoureux à gérer  les émotions négatives et  les conflits.  Il est normal que la personne aimée soit aussi celle qui nous énerve le plus.  Non seulement on connaît tous ses travers mais en plus, on vit avec ! Et si vous vous entendez si bien avec votre sympathique collègue de travail, c’est justement parce que vous ne partagez pas son intimité.

Anatomie d’une dispute tonique

Dans le feu de l’engueulade,  évitez les mots dévastateurs:  « Je te hais. » « Tu es l’être le plus ignoble que j’ai connu. » Quand les mots blessent trop profondément, l’atteinte subsiste après, parfois jusqu’à l’irréparable.  Si, en cours de querelle,  vous n’en pouvez plus et sentez venir la cata, disparaissez. C’est la seule manière, ponctuelle, de débusquer les pensées meurtrières.  Sachez aussi que  c’est dans les lieux et moments  où on est le plus proche physiquement – lit, repas, voiture, salle de bain–  que les petites bisbilles virent au drame. Alors, pour ne pas gâcher votre sommeil, votre digestion, votre trajet au bureau ou votre réveil, n’y abordez pas la manière dont il gare la voiture ou dont elle éventre le  tube de dentifrice.

Certains hésitent à amorcer une discussion avant un départ pour le week-end, convaincus que ça va s’éterniser et bousiller la détente planifiée. Erreur ! Rien de pire que de partir avec une crotte sur le cœur.  Apprenons à se chamailler presto : «  Écoute, je ne veux pas ruminer cela pendant 2 jours alors prenons 15 minutes, pas plus, pour liquider cette affaire. »  Comment résister à un tel préambule ?

Une éthique de la chicane de couple

1) On  lave toujours  son linge sale en privé.

2) On ne profite jamais de la présence d’un témoin pour régler ses comptes

3) Une bagarre, c’est une affaire à deux alors, on se  laisse le crachoir à  tour de rôle.

4) On s’interdit tout propos gratuitement blessants.

5) On présente rapidement ses excuses si on s’est échappé !

Dédramatisons : tous les couples vivants se chicanent.  Et tous se chicanent sur les mêmes sujets :  l’argent, le sexe, le travail, les enfants, le partage des tâches ménagères

Quant aux enfants…

On ne leur explique pas assez que les désaccords font partie de la vie. Une dispute, c'est désagréable et inquiétant, mais une réconciliation, c'est  bon, c’est apaisant et ça donne de l’espoir. L’enfant qui en est témoin ne craindra pas les confrontations et apprend que les conflits sont faits pour être surmontés. Il ne plaquera pas son meilleur ami à la première brouille.

Un mythe à déboulonner avant de conclure : tout  ne se règle pas sur l’oreiller. La baise n’apaise que les  tempêtes vénielles.  Elle ne rassérène pas longtemps le couple au prise dans des  tourmentes profondes et fondamentales.

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Publié dans : Amour, Couple, Femmes, Hommes, Sexualité et Sexologie
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8 commentaires

  • Ping de 5e mythe sur l'amour et la sexualité: le temps arrange les choses | Les Femmes Vintage - Le blogue de Jocelyne Robert — 6 juillet 2010 à 13 h 01 min

    […] « Billet précédent […]

  • Commentaire de Renée — 30 juin 2010 à 13 h 29 min

    « Vous sentez venir la cata » JR…J’ai pas compris tout de suite le sens de ce mot. Amusant. Pas de cata dans la casa. Pour se faire l’un des deux partenaires pourra s’éloigner quelques heures. Pour ma part, j’ai la chance d’avoir encore mon lieu, mon abri « tempo » contre les intempéries. Quinze minutes de marche et je suis dans mon Pavillon, mon église vide. Ce n’est peut-être pas une solution à long terme mais c’est présentement la mienne.
    les premières disputes de couple sont habituellement catastrophiques; par la suite, on les reconnaît, les voit venir pouvant ainsi réagir avec plus de discernement. La période de fréquentation nous révèle déjà le meilleur et son pire.
    Éviter les disputes seraient comme tomber dans une sorte de paralysie mentale, laquelle affecterait la libido.
    Lors de divergences, l’homme dira à la femme qu’elle pense comme une femme. Celle-ci comprendra alors qu’elle marche, qu’elle bouge, qu’elle mange, qu’elle s’habille,qu’elle baise aussi comme une femme. Une grande vérité rendant les communications pas toujours faciles mais possible.
    Renée

  • Commentaire de Julie — 30 juin 2010 à 2 h 51 min

    Faites-vous encore du bureau Madame Robert ?

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 30 juin 2010 à 8 h 59 min

    Gros merci Kevin. Merci Julie à qui j’ai répondu par courriel…

  • Commentaire de Kevin Zaak — 29 juin 2010 à 23 h 41 min

    Les conflits sont inévitables et je crois que c’est sur la façon dont on les gère que l’on construit une relation plus profonde. Mais conflits ne signifie pas disputes. Certains couples peuvent s’entrechoquer sans lever le ton. D’autres s’éloigneront dans le silence. Il faut souvent se faire violence pour dire ses peurs, ses colères, ses déceptions sans s’emporter. L’amour n’est pas quelque chose de facile (et c’est tant mieux).

  • Commentaire de vieux bandit — 29 juin 2010 à 16 h 11 min

    Il en a un, qui a vécu avec nous de 4 à 11 ans. Et oui, on lève le ton avec le Coco… quand il le faut! (Il y a « pire » que les enfants pour la bisbille: trois opérations aux jambes en trois ans, pour un total d’un an de convalescence pour le monsieur!)

    Le problème avec les engueulades, c’est que dès que quelqu’un nous crie après, on ne l’écoute pas du tout. Des frustrations, on en vit, bien sûr. On les règle autrement, c’est tout. J’aime mieux ronger mon frein et chercher activement une façon d’exprimer ce qui me dérange sans blesser, sans accuser, sans traiter de xyz. Ça va devenir, au fil d’un apéro, un « tu sais quand… eh bien moi je ressens ». Honnêtement? Ça ne fonctionne pas toujours du premier coup (et une chicane, alors?). Quand ça arrive, je me dis que JE n’ai pas encore su trouver la façon de rejoindre l’autre. Je me reprends.

    M’enfin, oui, notre relation est peut-être « spéciale », mais pour nous bien sûr elle est normale. Quand on part de la prémisse qu’on s’aime, qu’on se respecte, qu’on est l’allié de l’autre à temps complet, que ce qu’on veut c’est être ensemble… le reste coule de source. Enfin, pour nous, et je continue à toucher du bois! (Je continue aussi à penser que les chicanes ne sont pas non plus la fin du monde, ne vous en faites pas!)

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 29 juin 2010 à 15 h 53 min

    Merci pour ce lumineux commentaire. Ce que vous connaissez est, me semble-t-il, exceptionnel. Tant mieux! Peut-être êtes vous, jusqu’à un certain point, l’exception qui confirme la règle…? Je suis d’accord avec vous, « c’est possible » mais croyez moi, c’est rarissime. Curiosité: avez-vous des enfants?

  • Commentaire de vieux bandit — 29 juin 2010 à 11 h 52 min

    Les éviter à tout prix, oh que non! Mais dans mon couple, on atteindra neuf ans sans chicane (je touche du bois!) à la fin de l’été (et on travaille tous les deux à la maison, et on se parle plusieurs heures chaque jour!). Trouver une personne avec qui on s’entend assez bien pour ne jamais s’engueuler… c’est possible! 🙂

    Gérer le négatif, ah oui! Tout n’est pas que joie et rires. Mais ça peut se faire sans chamaillerie. Quand on me dit que les chicanes sont *nécessaires*… je trouve ça plutôt triste!

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