Soyons clair : personne n'a le pouvoir de changer quelqu'un ni de le rendre heureux. Mais en l'aimant on peut lui donner envie d'être heureux, d'évoluer, de changer… À la condition expresse qu’il aime lui aussi suffisamment pour en avoir envie, pour juger que la santé et l’avenir du couple en valent la peine. L'être aimé peut puiser dans l'amour de l'autre sa motivation pour « travailler sur lui » (je déteste cette expression).
L'union amoureuse permet donc – c'est là une de ses raisons d'être – de grandir ensemble en s'entraidant. Mais attention! Si c'est toujours le même qui s'appuie sur l'autre pour régler ses problèmes, ou si les amoureux s'encouragent mutuellement dans leur névrose respective, on court à la catastrophe! On peut semer chez l’autre le germe ou l’idée d’un changement mais jamais on ne peut opérer ce changement. Et même pour la simple suggestion, il faut y aller mollo, ne pas brusquer son partenaire, ne pas le dénigrer, lui laisser la liberté de ce qu’il veut et peut transformer dans ce qu’il est, dans sa vie, ses manières de faire et d’être… C’est connu que les changements sont profonds et durables lorsqu’ils sont motivés et choisis par la personne elle-même et pour son propre bonheur alors qu’ils sont provisoires et superficiels lorsqu’ils sont imposés par autrui et décidés pour autrui.
Des pistes? Remplacer le « Maudit que t'as l’air épais avec cet accoutrement ! » par un « Ne serait-il pas temps de renouveler ta garde-robe ? » Et surtout, dans les petites comme dans les grandes transformations souhaitées chez l’autre, il vaut toujours mieux évoquer et viser des cibles concrètes, qu’il ne verra pas comme démesurées.
Plutôt que de hurler : « Tu fous toujours le bordel, j'en ai marre ! Ta mère t’a pas élevé !», on dira : « J'ai ramassé tes poils de barbe ce matin; j'aimerais ne plus avoir à le faire, de la même manière que toi tu ne te retrouves pas dans mes poils de jambes quand tu te glisses dans la baignoire… » Et si vous en avez vraiment ras le pompon que votre homme se dévisse le coup pour reluquer les gros nichons d’une passante, au lieu de hurler qu’il n’est qu’un gros porc, passez sa main sous votre pull directement dans votre soutif en susurrant : « Et les miens qui ne demandent qu’à palpiter pour toi, tu les trouves comment ? »
Nous avons tous, femmes ou hommes, besoin de motivations pour changer. Ces motivations peuvent nous êtres soufflées par les autres mais personne d’autre que soi-même ne peut activer le processus de changement…