Depuis une vingtaine d'années, c'est le message véhiculé, en filigrane, par les théories de type « les hommes viennent de Mars et les femmes viennent de Vénus". Pour moi, c’est une insulte à l’intelligence! Plus antagoniste que ça, tu tentes d’inséminer Miss hippocampe avec un spermatozoïde d’hippopotame sous prétexte que les deux ont une racine chevaline ! Si les différences entre les sexes étaient de réels obstacles à la viabilité des unions, les couples gais fileraient le parfait bonheur jusqu’à la fin des temps. Or, nous savons bien que ce n’est pas le cas. Ce qui nuit surtout à la survie du lien érotique et amoureux, hétéro ou homo, c’est : a) l’inaptitude à partager l’intimité et b) la difficulté de durer dans des univers « jetables ». Et cela n’a rien à voir avec les spécificités des genres masculin et féminin.
Adam et Ève se ressemblent bien plus qu’ils ne s’opposent. Pour l’un comme pour l’autre, le plaisir sexuel n'est pas une garantie de bonheur. Les deux ont besoin d’aimer et d’être aimés. Pour l’un comme pour l’autre, c’est le fait de désirer et d’être désirés, d’accueillir et d’être accueillis qui donne toute sa signification au rapprochement intime.
Ceux qui affirment qu’il est dans la nature de l’homme de disséminer sa semence aux quatre vents nivellent la complexité humaine par le bas. Ou tentent de justifier leur névrose néophilique ð Ils ignorent (ou font mine d’ignorer) que plusieurs recherches reconnues ont démontré que l’homme qui évolue, heureux, dans son histoire de couple, a tout simplement moins besoin de tartiner l’univers de sa production de testostérone. Évidemment, c’était une autre histoire à l’époque où sa femelle était talonnée par une horde de primates rivaux lorsqu’elle rentrait à la caverne avec sa cueillette de baies antioxydantes. Les hormones de Croc-Mignon grimpaient alors en flèche, lui fournissant toute la combativité nécessaire pour défendre son territoire contre les envahisseurs.
Pour disséquer les turpitudes sentimentales, la grille psychobiologique a remplacé l’outil psychanalytique dans les soirées mondaines et les discussions médiatiques. J’avoue ne pas comprendre cet engouement pour une interprétation qui revêt des testicules comme lunette d’approche et qui fait une si belle part à de vieux préjugés. À part nourrir la guerre des sexes, quel intérêt y a-t-il à discuter ad nauseam des différences homme-femme? Comment peut-on adhérer à des postulats aussi réducteurs que : « La femme éprouve un attrait naturel pour l’homme au statut social élevé et au portefeuille bien garni. » Ou encore, que « notre manière d’être et de faire est gravée en nous depuis l’âge de pierre. Elle n’a pas changé et ne changera pas. »
Il existe des hommes et des femmes pudiques, des femmes et des hommes ardents ; des hommes et des femmes parfaitement libres, autonomes et autosuffisants, des femmes et des hommes totalement dépendants. L’être humain, peu importe son sexe, est une créature hautement évoluée, un produit combiné de la nature, dont il s’éloigne de plus en plus, et de la culture, qui le remodèle.
Maj: le 2 avril 2012: Je vous invite à lire cet article neuro-scientifique qui déboulonne aussi les clichées habituels homme-femme.
C'était le dixième mythe de 10 sur le couple. Je conclurai sur cette série mythique dans un prochain billet. Vous pouvez consulter les 9 mythes précédents: 1. Quand on aime, on est fidèle 2. Quand le sexe va tout va 3. La jalousie est une preuve d’amour 4. Il faut à tout prix éviter les disputes 5. Le temps finit toujours par arranger les choses 6. On doit tout se dire dans le couple 7. Si on aime assez l'autre, on peut le changer 8. On peut mourir d’amour 9. Quand on aime on devine l’autre
ð Néophilie : Attrait , dépendance, névrose de la nouveauté : nouvelles odeurs, nouvelle peau, nouveau corps… Concept développé dans Le sexe en mal d’amour