jocelyne robert

Tout a été dit sur le cas Joël Legendre.  Qu'il était un transfuge, un scab, qu'il mangeait à tous les rateliers. On a dit, moi la première, qu'il manquait de congruence voire de dignité, s'il allait manger dans l'auge dans laquelle il avait craché.  Ce qu'il fit.  Et il le fit allègrement, comme  si de rien n'était, sans tambour ni trompette. Certains en ont fait un missionnaire en  supposant qu'il tenait à s'adresser au lectorat du Journal de Montréal, qualifié par lui de "torchon", pour faire un peu l'éducation de ce "bon peuple".  C'était bien mal connaître Legendre qui n'a rien à faire , ni du "militage" (sic), ni de l'éducation de masse, comme il l'a dit lui même chez Christiane Charette. D'ailleurs, quand il parle de "militage", c'est un peu choquant… Comme une manière, consciente ou pas, de dévaloriser tout ce qui est de l'ordre du militantisme, de l'idéal ou de la défense de causes supérieures.  Enfin, bref, on a parlé de son opportunisme, de sa mollesse, de son sens désespérant du pardon. Patrick Lagacé lui a d'abord décerné le prix Nobel de la paix avant de se raviser et de lui attribuer celui de l'économie…  C'est vrai que  la plupart d'entre nous avons trouvé louche et indécent le fait qu'il pose, son livre de recettes ( et de recettes $$$) à la main, dans le lit  du bourreau.  Le moins qu'on puisse dire c'est qu'à flagorner ainsi avec son agresseur, l'homme qui "s'est senti violé" est un bien mauvais exemple pour les victimes d'agression sexuelle!

Ceci dit, après avoir entendu Joël Legendre chez Madame Charette, mon indignation s'est estompée et je n'ai plus éprouvé pour lui qu'une sorte de compassion.  Il m'a fait penser à ces femmes avec lesquelles j'ai travaillé et qui souffraient du "syndrome de la femme battue" . Le SFB se traduit habituellement par le fait que la victime concentre toute son énergie à prévenir une nouvelle attaque de la part de son conjoint, développant ainsi soumission et apathie, son jugement et son discernement fondant comme neige  au soleil. Elle veut à tout prix être aimée.

Là s'arrête la métaphore.  Le SFB est parfois invoqué comme défense par des femmes ayant tué leur conjoint violent. Joël Legendre lui, a régressé dans le désir qu'il avait évoqué, à l'émission "Tout le monde en parle", de tuer la Une qui l'avait "violé".  Il s'est contenté, tristement,  de recouvrir cette Une d'une autre Une le montrant comme l'homme qui pardonne, son livre de recettes à la main. Triste.


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Publié dans : Médias et Actualités, Valeurs
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10 commentaires

  • Commentaire de Paul Dussault — 5 novembre 2013 à 6 h 19 min

    Plus on s’élève au dessus de la mer et plus l’on s’expose au vent. Décider d’être un personnage public comporte des risques. Et dans ce contexte, exposer sa vie intime sème le vent… Qui a dit : Les gens heureux n’ont pas d’histoire ? (à raconter). Serions-nous en train de devenir accros au regard des autres ?… Histoire de briser nos solitudes. Pauvres de nous !

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 10 novembre 2010 à 16 h 49 min

    Renée, personne n’a dit qu’il était laid ce mot… tu sais, juste mal approprié. Faut pas oublier que pédé, pédarastie, littéralement, signifie pédophilie. Et que l’homosexualité n’a pas plus à voir avec la pédophilie que l’hétérosexualité…

  • Commentaire de Renée — 10 novembre 2010 à 15 h 43 min

    « La beauté de la chose, la laideur des mots. »
    Je pense à ce billet de JR. On s’est bien amusé avec ça.Depuis, on m’a appris que le mot pédé était « laid ». Je ne suis pas sexologue mais historienne. Pour moi, c’est un diminutif voulant désigner l’homosexualité masculine. Oui, je sais, il y a aussi le mot gai; toutefois, pour moi c’est moins clair étant donné que je fais une différence entre la gaité et la jouissance.
    En connaissez-vous d’autres?
    Bruno Roy, « Les mots conjoints »… voir, page 50, ses aphorismes. Je n’ose les écrire, ici

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 9 novembre 2010 à 15 h 41 min

    Vous avez raison. En partie. Je suis en Europe et moins attentive et le commentaire dont vous parlez a été approuvé par l’administration de ce blogue. Ceci dit, je l’aurais peut-être laissé passer, ce qui n’aurait pas voulu dire que j’approuvais. Je crois pourtant que « pédé » est un mot dévalorisant à bannir de notre vocabulaire bien qu’il soit parfois utilisé avec une totale inconscience de ce qu’il recouvre (c’est le cas ici en France). Je filtre très peu les commentaires, ce blogue étant justement un lieu de libre expression et de discussion.

    Votre commentaire me fait réfléchir car il laisse entendre que le ou la titulaire d’un blogue est d’accord avec tous les commentaires et réactions publiés ce qui n’est évidemment pas le cas. Là, suite à votre commentaire, j’ai enlevé le mot pédé de celui auquel vous référez mais je ne suis pas du tout certaine que cela soit plus juste… Car si la personne a écrit ce mot, c’est qu’elle le pensait ainsi et je fais, d’une certaine façon, une entorse à sa pensée en l’ayant supprimé. Sans compter qu’il était plus provocant ( à preuve 😉 dans sa version originale et plus susceptible de susciter la discussion.

    Enfin, je vois ce blogue comme un lieu d’échange, de partage, de mise en commun des préoccupations. À moins d’un manque flagrant de respect ( ce qui ne me semble pas le cas ici), je ne change jamais pas les propos. Merci de votre message .

  • Commentaire de Une femme libre — 9 novembre 2010 à 14 h 48 min

    Pédé est la plupart du temps utilisé comme insulte homophobe. Je suis surprise que madame Robert, sexologue,ait laissé passer le terme et la citation, à moins qu’il n’y ait un double-sens que je ne comprends pas et qui l’explique.

  • Commentaire de Renée — 6 novembre 2010 à 19 h 39 min

    (…) J’ai longtemps travaillé dans un milieu où les hommes étaient féminins(…) Pas de confusion possible entre leur allure , leur manière. Ils n’avaient pas l’air de batteur de femmes, ni d’hommes.
    Et puis,j’ai appris qu’il y avait les « margeris ou pouffs »
    Muchenbled, R. « L’Orgasme et l’Occident, p. 271
    Renée
    Je vais de nouveau vous raconter une histoire vraie, celle de moi prise dans l’ascenseur.
    Renée

  • Commentaire de David Desroches — 5 novembre 2010 à 22 h 32 min

    Francis, faudrait relire le texte, vous n’avez rien compris… Moi, au contraire, je trouve l’analogie franchement à propos et elle frappe droit dans le mille.

    On pourrait même en rajouter. Legendre s’est défendu à Christiane Charette en disant qu’il n’aimait pas la chicane et ne voulait pas faire la guerre, etc. La loi du moindre effort finalement, tout comme les femmes battues qui endurent leurs époux violents parce qu’elles croient que les quitter leur donnerait encore plus de problèmes qu’elles n’en ont déjà.

    J’ai beaucoup beaucoup de difficulté à respecter Joël Legendre après ce qu’il a fait cette semaine. Le reportage en une de La Semaine passe encore. C’est de l’opportunisme pur et simple, mais c’est défendable. Il a utilisé son malheur pour faire de l’argent. Un peu comme Nathalie Simard. Et c’est compréhensible. On lui a fait mal, il a droit d’obtenir réparation comme il le veut bien. Il le mérite.

    Par contre… Qu’il retourne faire vendre de la copie à une entreprise qui traite ses employés comme de la merde après que celle-ci l’ait traité comme de la merde lui-même ? C’est difficile à comprendre. Faut croire qu’on a pas tous les mêmes principes. Ni le même amour-propre.

  • Commentaire de Renée — 5 novembre 2010 à 20 h 10 min

    Je ne suis pas très au courant des actualités. « Tout le monde en parle » , ce n’est pas ma bave. Sûrement certains bons contenus mais les gueules qui s’y esclaffent sont insupportables. Elles mettent fin à une réflexion possiblement intéressante. Le fou du fou.
    Personne en parle , de Philippe Muray: un « mécontemporain »

    « Médicalementalement », vous serez soignés
    Les SFB ne le seront pas.
    Youk

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 5 novembre 2010 à 13 h 09 min

    L’administration de ce blogue a réduit votre commentaire un peu glauque. Pour ma part, je peux juste vous dire que, de toute évidence, vous ne comprenez pas grand chose. Je n’ai pas écrit sur Legendre mais sur ce que sa manière d’agir représente, symboliquement. Je le répète, la manière dont « l’homme qui s’est senti violé” a réagi est un bien mauvais exemple pour les victimes d’agression sexuelle! Point à la ligne. J’éprouve vraiment de la compassion pour lui. Et j’ai passé l’âge de chercher des commandites. Merci de m’avoir lu. Je sens que vous êtes personnellement touché et je suis désolée, vraiment, si mon analyse vous a blessé.

  • Commentaire de Francis — 5 novembre 2010 à 12 h 47 min

    ah c’est tellement bas comme article ca. Laissez le tranquille crime!!! et vous ne courrez sûrement pas après l’appat du gain avec se genre d’article de petit critiqueux ou chiâleux. Y a tellement de chose plus importante sur quoi nous informer. Mais non c’est de joel legendre dont vous parlez, ridicule. On dirait que vous avez été commandité par « Le Journal ». (…) Ca me dégoute et ca fera fera deux torchons à ne pas lire.

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