jocelyne robert

Hier, j'ai regardé l'excellente émission animée par Véronique Cloutier "Les enfants de la télé".  En même temps, je jetais un coup d'oeil sur les commentaires que les gens faisaient sur Twitter.

J'ai éprouvé un vif malaise  devant l'acharnement manifeste sur Michèle Richard:  "Elle est toute boursoufflée… Tellement botoxée et bourrée de collagène que plus rien ne bouge… Qu'est-ce qui lui est arrivé aux babines…. Trop de chirurgies, elle a un oeil fermé …  Elle a l'air d'une guédaille de marché aux puces… Une face qui n'a plus l'air d'une face… Elle a changé de bouche depuis la dernière fois etc etc".

 

Michèle Richard est ce que elle et cela ne donne le droit à personne  de la poignarder.

Je le répète: j'ai éprouvé un énorme malaise. Pendant que Michèle Richard  se démenait, entourée du sympathique Antoine Bertrand, de la flamboyante France D'Amour, du séduisant Ricardo Larrivée et de Véronique Cloutier, aussi belle que le jour, elle se faisait passer au scalpel!

D'une certaine façon, on reproduisait la même inhumaine attitude consistant à s'attaquer au vieillissement et à la laideur (à ce qu'on considère laid), à ce qu'on insupporte et qu'on refuse de voir. Qu'aurait-on dit devant une star de 64 ans froissée, ridée, paupières tombantes?  "Mon Dieu cachez cette antiquité que je ne saurais voir!" Attention, je ne dis pas que nous devons éviter de discuter chirurgie et modification esthétiques publiquement. Au contraire, je pense que cette question qui recouvre des réalités sociale, culturelle, humaine, médicale, psychologique  et même politique, doit être débattue et je lui ai consacré un important chapitre dans mon dernier essai Les femmes vintage.

Je suis contre la chirurgie esthétique de consommation, dictée par une pression (que dis-je, par une oppression) incitant à nourrir la névrose et l'illusion de jeunesse éternelle. Je la dénonce et tente d'en expliquer les mécanismes schizophrènes des plus efficaces.  Mais je suis pour les êtres humains.  Pour les femmes. Toutes les femmes.  Incluant celles qui y ont recours ou qui en sont victimes.  Jamais je n'accepterais de discuter de cette question sur le dos d'une personne.

On rate complètement la cible en s'attaquant à celles qui y ont recours. Déconstruire le phénomène de la chirurgie esthétique, dénoncer sa dérive, montrer ses dangers, promouvoir la beauté "vintage" ne consiste surtout pas à s'attaquer à des individus.

Voir aussi à ce sujet sur ce blogue, Monsieur Cassivi… ainsi que des papiers signés, l'un par Hugo Dumas,  l'autre, aujourd'hui même, par

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Publié dans : Corps, Culture et Société, Femmes, Médias et Actualités
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8 commentaires

  • Commentaire de Luzie — 23 novembre 2012 à 9 h 23 min

    Comme dans beaucoup d’autres domaines, la relation des gens à la chirurgie esthétique est schizophrénique. Ceux qui rigolaient devant l’émission ont pour une bonne part d’entre eux l’envie de passer par une intervention. Les sondages réguliers sur ce sujet de santé montrent en effet qu’au Canada, en France ( ne parlons pas des USA et du reste des NPAC ( nouveaux pays amateurs de chirurgie) les femmes et de plus en plus d’hommes se disent tentés par un remodelage.
    Sans doute que ce ricanement est conjuratoire, qu’il permet de croire qu’on est soi-même à l’abri de ce besoin ou qu’on ne se l’est pas avoué.

  • Commentaire de Renée — 23 janvier 2011 à 9 h 48 min

    Fatiguée de beauté
    Suite au « tourisme sexuel » un dossier d’Isabelle Hachey, « La tyrannie de la beauté » dans La Presse d’hier. Beau pas beau, belle pas belle? En me retirant de l’enseignement après 29 ans d’expérience, je m’étais dit que j’étais devenue fatiguée de beauté. J’enseignais dans une École de Mode Internationale; une matière bien spécialisée, l’histoire de la mode, « Mode et société ». À y voir de plus près, ces étudiants(es), venant d’un peu partout, n’étaient pas tous beaux. Ils avaient leur manière d’être, culturelle, et un trait commun, leur âge de jeune adulte.
    Extirpée de ce monde, j’entrai dans la retraite avec une volonté de comprendre les liens existant entre la sexualité, son histoire et la « tyrannie » de la beauté. Un premier livre s’offrait à moi, plus ou moins consulté, « Histoire de la beauté » d’Umberto Éco. Dans une perspective plus contemporaine, j’abordai la nouvelle iconographie de la pornographie ou plus exactement du cybersexe, l’étymologie du mot porno devenant désuète. L’image véhiculée devenait souvent celle de l’éphéboporno; Kouros et Kore s’étalaient à volonté. En réaction à la beauté des magazines affichant une sensualité décadente, ces acteurs du web offrent ce qui est recherché.
    Référence au livre de Dominique Baqué, « Mauvais Genres ».
    Reste la vraie vie. Arès avoir passé un mois dan un hôpital de réadaptation, mes critères de beauté ont été bousculés: jambes coupées, anévrisme et j’en passe. Les gens brsisés sont-ils encore beaux, l’ont-ils déjà été. On va les réparer, il ne s’agit pas là de chirurgie esthétique.Personnellement, j’y étais pour une fracture au fémur; le bistouri a ouvert ma cuisse. Dans un même ordre d’idée ou dans un autre, je me suis rappelée comme vous le ferez que l’amour rend « aveugle », heureusement. « L’érotisme c’est de donner au corps les prestiges de l’esprit », Georges Perros. Une sorte de transfiguration, de ces gens perdant leur beauté une fois qu’ils ont parlé et de ces autres devenant attirant par l’intelligence du regard. La mise à nu. Serait-il souhaitable que les femmes cessent de se regarder entre elles et s’attardent à l’imperfection en général des corps humains, hommes ou femmes, jeunes ou vieux. Les beaux, les belles à croquer ont vieilli. Tyrannie?
    Renée …de la chaise à la marchette

  • Commentaire de Ginette Poissant — 18 janvier 2011 à 18 h 02 min

    Votre billet est très intéressant.
    Ça recoupe les informations que nous donnait P.Turchet dimanche dernier dans la session 6 en synergologie. Il expliquait que l’interlocuteur d’une personne qui avait eu une chirurgie esthétique, comprenait moins bien son propos parce que la communication non-verbale était moins présente. De plus, j’ai été fascinée qu’il nous informe que la compréhension d’un texte par une une personne ayant subie une chirurgie esthétique baissait de 20%…
    Ces études devraient être beaucoup plus diffusées dans le public.

  • Commentaire de Stéphanie — 16 janvier 2011 à 11 h 07 min

    @Caroline

    Les cours d’éducation sexuelle sont censés reprendre au Québec. Je suis très soulagée de ce fait mais j’espère vraiment que ces cours seront mieux conçus que ceux d’avant qui mettaient surtout l’emphase sur la reproduction et les ITS. Il faut parler aux jeunes d’intimité, d’affection, de respect mutuel, de la notion de consentement, etc.

  • Commentaire de Caroline — 16 janvier 2011 à 9 h 01 min

    Je crois que ce phénomène est une question d’envie et de la commercialisation de la beauté. Le vieillissement du corps est inévitable mais à notre époque, l’esprit reste beaucoup plus jeune que le corps. L’hypersexualisation est rendu la norme et c’est pour cela que même les inconnus peuvent se permettre de passer des commentaires dénigrants sur ceux qui ont eu recours à la chirurgie. Les valeurs comme le respect et le tact ne sont plus de ce monde. C’est vraiment un mauvais exemple que nous donnons aux enfants et aux adolescents qui ont maintenant un standard de beauté qui frôle l’irréalité. Je suis une sexologue qui ne travaille pas dans le domaine, mais je crois que le retour des cours d’éducation sexuelle dans les écoles pourraient vraiment conscientiser les jeunes aux dangers des préjugés qui collent vraiment à nos valeurs actuelles.

  • Commentaire de martin dufresne — 13 janvier 2011 à 23 h 00 min

    Johanne, Je vous entends bien mais est-ce que ce critère d’un avantage aux beaux n’est pas sélectif? N’épargne-t-il pas les hommes qui peuvent, eux, se permettre de « se laisser aller » sans qu’un Aznavour vienne les insulter d’une voix tendre-et-bourrue et de s’attarder dans nos médias bien au-delà des exigences du public, apparemment réservées aux femmes – et notamment à celles qui viennent des classes populaires. L’acharnement que mettent les critiques improvisés à lyncher les « femmes publiques » qui s’efforcent de répondre à leur exigence est de l’ordre d’une double contrainte, comme l’explique très bien Jocelyne. C’est juste si on ne leur dit pas ouvertement qu’elles n’ont pas leur place passé l’âge de la nymphette soumise.

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 13 janvier 2011 à 22 h 49 min

    Merci de votre commentaire. Vous savez, je n’ai pas dit pas dit que la beauté ne comptait pas. Je sais bien qu’elle compte et qu’il est faux de faire comme si seule comptait la « beauté intérieure ». Par contre, je ne crois pas que le scalpel et les transformations esthétiques rendent les gens plus heureux. La beauté, naturelle ou traficotée, n’est jamais une garantie de bonheur ou une assurance contre la souffrance. Pensez à Nelly Arcan… Le culte qu’elle vouait à la beauté et à la jeunesse éternelle et toutes les souffrances qu’elle s’est imposées pour être belle n’ont rien changé à son désespoir …

  • Commentaire de johanne — 13 janvier 2011 à 22 h 39 min

    Je suis d’accord avec vous en partie seulement. C’est vrai que l’on veut voir de belles personnes. Moi-même qui ne suis pas très belle n’aime pas me voir dans le miroir. J’ai une fascination pour les belles personnes. J’ai l’impression qu’elles sont plus heureuses que moi. En tout cas, c’est le message que la société m’envoie de plus en plus. À presque 50 ans, je tente de m’accepter comme je suis mais c’est trop difficile. Quand on n’a pas un beau physique et qu’on nous dit que cela ne compte pas, ce n’est pas vrai. Les gens sont toujours gentils avec les beaux. Si j’avais les moyens, je me ferais refaire une bonne partie de mon visage. Pour le reste de mon corps, au moins je peux le cacher avec des vêtements. Tout cela pour vous dire que je pense que c’est pour cela que les gens critiquent autant. On veut voir du beau car nous ne le sommes pas.

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