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Sexualité des enfants: Questions récurrentes des parents

À quel âge faut-il commencer à leur parler de sexualité?

Depuis toujours, ici comme en Europe, c'est la question qui m'est le plus systématiquement  posée. Et elle m'étonne toujours autant. Se demande-t-on à quel âge on parle aux enfants de la couleur et du parfum des fleurs, de la saveur des aliments, du plaisir de jouer, de se faire des amis, de la satisfaction d'apprendre des mots nouveaux…?  Il en va de même pour la sexualité qui fait partie intégrante de l'existence, du développement de l'enfant, de la société dans laquelle il évolue.

J'aimerais bien pourvoir trancher et affirmer:  "À 3 ans, on dit ceci; à 4 ans, cela."   Mais je suis d'avis qu'il n'y a pas de moment figé dans le béton pour aborder tel ou tel sujet.

Auprès du nouveau-né, le rôle du parent consiste à lui prodiguer l'amour et les soins essentiels  à son développement harmonieux. Ensuite, la sexualité de l'enfant s'exprimera sous forme de curiosité, de découvertes, de rires et de ricanements, de plaisir et de "chatouillements".  Il s'agit pour le parent de suivre au jour le jour cet inlassable découvreur 1)  en mettant des mots clairs, justes et valorisants sur son intérêt pour l'anatomie ou pour la fabrication des bébés, sur sa fascination pour la différence des sexes, 2) en allant parfois au devant d'une inquiétude muette pour le rassurer.

L'éducation sexuelle que vous avez reçue n'est pas celle que vous souhaitez transmettre?  Qu'à cela ne tienne!  Avec un tantinet d'efforts, une petite dose de bonne volonté et peut-être une larme d'humilité vous y arriverez, j'en suis certaine.

Il se promène "pénis au vent" à la garderie!?!?

Beaucoup d'enfants traversent, autour de 3 ans, une phasette exhibitionniste.  N'en faites pas tout un plat. Il manifeste ainsi son identité sexuelle corporelle et tente d'impressionner les fille qui … l'intriguent 🙂Comment réagir si on surprend notre enfant à jouer au docteur? Le rassurer:  " C'est normal que tu sois curieux des différences sexuelles, avec ceux de son âge et quand les deux sont d'accord…" On peut aussi ajouter: "Mais, jamais avec un grand, pas même un grand qui fait partie de la famille." Les enfants de 3 à 6 ans sont curieux de la différence des sexes.  Par  leurs jeux sexuels, ils se rassurent en se comparant:  "Je suis une fille, pareille à mon amie Léonie, différente de mon copain Laurent."   Et cette vérification peut survenir même si l'enfant a eu l'occasion de voir ses parents nus.  Pourquoi donc?   Parce qu'il  n'est pas vraiment rassurant pour un petit bout de chou de comparer son corps avec celui, bien mature, de papa ou maman. Souvenez-vous que chez l'enfant, c'est le jeu qui prime, pas le sexe !  L'enfant ne se lève pas le matin en planifiant: " Hum…Cet après-midi, je vais jouer au docteur avec ma copine!"

Faut-il s'inquiéter qu'un enfant se masturbe? Généralement non.  La masturbation fait partie de l'ensemble des découvertes qu'un enfant peut faire.  Ou ne pas faire. Certains l'adoptent, d'autres la délaissent après un certain temps. Il s'agit d'expliquer que c'est une conduite qui se pratique dans l'intimité. Ceux qui s'y  adonnent, le font  le plus souvent dans un moment de détente:  le soir avant de s'endormir, en regardant la télévision etc.  Bien sûr, les parents seraient moins embêtés qu'il tripote sa doudou ou qu'elle se tourne la couette pour relaxer!  L'activité auto-érotique est inquiétante si elle conduit à la douleur physique, si elle est compulsive, si elle devient le principal centre d'intérêt de l'enfant,  si celui-ci persiste à le faire en public. Ces excès témoignent d'un problème d'ordre affectif ou émotif bien plus que sexuel.

Il ou elle nous a surpris à faire l'amour?  L'avons-nous traumatisé? Vous avez sans doute été plus "traumatisé" que l'enfant.  Ne le laissez pas cependant avec une impression de "champ de bataille".  On garde son calme et on explique que les adultes, lorsqu'ils font l'amour, se font du bien, même s'ils n'en n'ont pas l'air.  Évoquez le jeu: "On ne se bat pas ma chérie; on a l'air un peu fou comme ça mais on s'amuse."  Tous les enfants se chamaillent, s'essoufflent en jouant.  Ils comprendront parfaitement  vous en fassiez autant, à votre manière 🙂  De grâce, cela n'est pas le moment de sortir votre encyclopédie et de lui expliquer l'ovule, le spermatozoïde, la fécondation, la naissance, la césarienenne et tutti quanti… À suivre, un de ces jeudis… Si, d'ici là, vous avez des souvenirs "sexologiques" ou "sexosophiques" liés à votre enfance, je vous invite à les  partager.

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Publié dans : Enfance et Adolescence
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13 commentaires

  • Commentaire de Eugénie — 11 mars 2011 à 14 h 24 min

    Le père fait partie du problème… il est homophobe. Disons que ses interventions sur le sujet sont totalement à côté de la plaque. Par contre, j’ai une bonne relation avec l’éducatrice du service de garde cette année. Nous voyons les choses sous le même angle. Il y a une amélioration générale. Je n’avais pas mentionné qu’il est hyperactif avec déficit d’attention. Ça prend un village pour élever un enfant, il paraît? J’ajouterais : oui, mais il faut que le village coopère! Quand ce sont des jugements de valeur et des préjugés qu’on nous sert, on est mieux seuls… et c’est épuisant. Je trouve que ce que vous faites, c’est important. On a souvent besoin de vérifier si on se trompe parce qu’on entend tellement toutes sortes de choses… Alors, merci!

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 24 février 2011 à 11 h 31 min

    La réponse est dans votre question: à partir du moment où on n’est plus à l’aise, où la situation nous rend inconfortable, on cesse. Même chose si le malaise vient de l’enfant… Il suffit de dire simplement à l’enfant, s’il le demande, « Je ne suis plus confortable… je crois que tu est bien assez grand-e pour prendre ton bain toute seule… » Voilà.

  • Commentaire de LoriLi — 16 février 2011 à 19 h 16 min

    Je prends occasionnellement mon bain avec ma fille et on fait des jasettes en se choisissant un sujet. Ça dure environ 20 minutes. Un bon moment passé ensemble avant la routine du dodo. On se demandait mon conjoint et moi, à partir de quand je devrais cesser de prendre mon bain avec elle; elle a cinq ans, j’en ai 45. Mon conjoint ne prend plus son bain avec elle depuis déjà 2 ans. Il n’était plus à l’aise et on a pensé que cela était une limite normale a respecter. L’été après une séance de piscine àa la maison, s’ils veulent se réchauffer et prendre un bain ensemble, il garde son maillot et notre fille n’en fait pas de cas. Votre opinion d’expert compte. Merci de nous éclairer.

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 24 février 2011 à 11 h 34 min

    En effet, pas toujours facile. Et c’est souvent, justement, le besoin d’attention, qui fait agir ainsi… IL faut revenir à la charge et expliquer à nouveau que ça ne se fait pas etc etc. Parfois, le fait que ce soit une autre personne de confiance qui le fasse, qui discute avec l’enfant, peut aider. Père? Enseignant ….?

  • Commentaire de Eugénie — 11 février 2011 à 15 h 18 min

    J’ai deux garçons, un de sept ans et l’autre de 3 ans et demi. Le plus vieux a de très fortes pulsions sexuelles, depuis longtemps, et vers les garçons. Je n’ai pas de problème avec une orientation sexuelle ou l’autre et je sais que son orientation sexuelle pourrait changer, mais c’est franchement quelque chose à gérer. Il fait souvent des choses inappropriées et j’ai beau lui expliquer, par exemple, qu’il y a des jeux non appropriés à l’école, c’est souvent à refaire. Il a un énorme besoin d’attention en général.

  • Commentaire de À l'air libre — 1 février 2011 à 8 h 31 min

    Je reprends le commentaire de Renée: »N’y aurait-il pas aussi une part d’instinct à vivre sa sexualité de façon intime? » Je trouve cette question fort pertinente.

    J’ai 3 grands ados, 2 filles et 1 garçon. Bien sûr, j’ai répondu aux questions, placés de bons bouquins aux endroits stratégiques, achetés contraceptifs, etc. Mais je n’ai jamais eu de questions sur les caresses, les sensations, le déroulement, préliminaires, etc.

    Je me suis souvent demandé si je leur avais suffisamment donné de matériel. Mais je ne veux pas non plus forcer leur porte! (essayez ça, vous autres, de parler sexe avec un ado qui n’en a pas envie… c’est une fuite côté cour assez rapide, merci). Perso, de voir mes propres parents se donner des câlins et bises devant nous a été mon enseignement de la tendresse dans un couple. Et cela a été suffisant. J’ai aussi aimé découvrir par moi-même à quel point la sexualité peut être riche d’émotions.

    Je leur laisse donc vivre ces découvertes par et pour eux-mêmes. Enseigner la sexualité, oui, mais ne pas en donner plus que le client en demande. Respect du rythme et de l’intimité de chacun.

    Qu’en pensez-vous!

  • Commentaire de Marie-Claude — 29 janvier 2011 à 19 h 56 min

    Moi mes parents ne m’ont jamais rien caché. Je parlais tellement et je posais tellement de questions que je crois bien qu’à 10 ans j’avais déjà posé toutes les questions possible par rapport à la sexualité. J’en remercie aujourd’hui mes parents d’avoir honnête avec moi et de m’avoir dit la vérité.

  • Commentaire de Renée — 28 janvier 2011 à 11 h 27 min

    Fabienn…vous êtes un vieux bonhomme de quel âge? Évidemment quand on se compare aux jeunes de 20 ans , on fait plus vieux. Toutefois je n’oserais me qualifier de veille bonne femme (rire).
    Personnellement, j’ai peu de souvenirs de mes questionnements concernant la sexualité à l’âge de quatre ou cinq ans. Faut croire que c’est venu plus tard.
    Il m’arrive de penser qu’on a peut-être tort de tout mettre sur le dos des religions concernant les interdits de la sexualité. N’y aurait-il pas aussi une part d’instinct à vivre sa sexualité de façon intime? Je pense à l’oeuvre de Freud, « Totem et tabou », quatres essais parus en 1912 et 1913, dimensions ethnologiques et anthropologiques des religions.

  • Commentaire de fabienn — 28 janvier 2011 à 7 h 44 min

    Je suis un vieux bonhomme, de la génération à qui on ne parlait pas de « ces choses-là ». Je me revois, à 4 ou 5 ans, sur les genoux de ma mère, la houspiller pour qu’elle me dise comment on fait les bébés, et comment ils naissent. Ma mère ne m’a pas raconté d’histoire, mais elle m’a dit qu’elle ne pouvait pas me dire ça.

    Et à 13 ou 14 ans, quand un soir elle m’a surpris à me masturber, elle m’a mis à genoux pour demander pardon à Dieu et m’a envoyé à l’église le lendemain matin pour me confesser…

    C’était une autre époque, hein?

  • Commentaire de Panthère Rousse — 27 janvier 2011 à 12 h 01 min

    On m’avait expliqué comment on fait les bébés (je me souviens d’un disque 45 tours où l’on parlait du papa qui dépose la petite graine dans la maman), mais pendant très longtemps (même à 10-11 ans, je pense), je ne comprenais pas comment le sperme passait à travers le pyjama!!! Je n’imaginais même pas que mes parents puissent être au lit tout nus. Je pense que j’avais un blocage quelque part… 😉

  • Ping de Tweets that mention "Ciel! Elle joue au docteur et il se promène pénis au vent!" | Les Femmes Vintage - Le blogue de Jocelyne Robert -- Topsy.com — 27 janvier 2011 à 11 h 31 min

    […] This post was mentioned on Twitter by Grandirensecurite and jocelyne richard, Jocelyne Robert. Jocelyne Robert said: "Ciel! Elle joue au docteur et il se promène pénis au vent!!" Billet du #jeudiconfession 🙂 http://bit.ly/gCvCgx […]

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 27 janvier 2011 à 11 h 29 min

    Très sympa votre souvenir de petite enfance. Merci! Tiens, j’invite lecteurs et lectrices à partager avec nous, ici, un souvenir sexuel de leur enfance 😉

  • Commentaire de vieux bandit — 27 janvier 2011 à 11 h 14 min

    J’ai éclaté de rire au moment de sortir l’encyclopédie!

    J’ai reçu, moi, à 3 ou 4 ans (en tout cas fichtrement tôt), l’explication des bébés… j’avais beau avoir vu mes parents tout nus… ils ont comme oublié de mentionner le concept de l’érection, et j’ai passé quelques années à imaginer mes parents jouer aux ciseaux (non mais comment faire autrement??)… hahahahahaha!

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