jocelyne robert

Le jeu de mots était facile, j'en conviens… Mais si approprié que je n'ai pas résisté. 

La dépendance sexuelle suscite tant d'intérêt qu'elle ne devrait pas tarder à être référencée dans le DSM (bible psychiatrique) au même titre que les dépendances à l'alcool ou aux drogues. Depuis quelques années, nombre de stars ou grands de ce monde, aidés de leurs avocats, tentent de faire passer leur perversion, violence ou turpitudes sexuelles récurrentes pour une "maladie pour laquelle ils vont se faire soigner."

Qu'en est-il?

"Dépendance sexuelle" est l'expression juste bien qu'on parle souvent d'addiction (anglicisme). On évoque aussi le sexolisme, la boulimie, l'obsession, l'assuétude, l'hypersexualité, la compulsion… pour nommer la maladie! 

Le concept est assez récent. On parle de dépendance sexuelle lorsqu'une personne organise sa vie autour d'un comportement répétitif et irrépressible qui interfère avec ses activités quotidiennes et ses relations interpersonnelles. La sexualité est utilisée pour liquider un malaise et n'apporte qu'un soulagement fugace et factice, sans réelle satisfaction. Les activités compulsives engendrent des conséquences négatives telles difficultés de couple, séparation, négligence des proches et des responsabilités, perte d'emploi… La personne qui en souffre éprouve de la honte, de la culpabilité et de l'impuissance. Sans compter que cette dépendance se jumelle parfois à d'autres ( alcool, drogues…). Le dépendant sexuel n'est pas un homme à femmes, un séducteur ou un chaud lapin. C'est un malade. Une personne souffrante.

La maladie s'exprime par des sessions répétitives de masturbation quotidienne, désir constant de coït, visites dans des saunas, des cinémas XXX, peep show, recours aux services de prostitués, de sexe masculin ou féminin, massages génitaux, visionnage de films porno accompagné de masturbation, cyberpornographie, Webcam, masturbation entre les coïts, etc. Ce dysfonctionnement peut s'accompagner d'autres déviances comme l'exhibitionnisme ou le voyeurisme, accompagné de masturbation, le sadomasochisme sexuel… On croit que l'Internet, avec le cybersexe accessible, aurait, en plus de mettre lumière cette problématique jusque là méconnue, contribué à sa prolifération.  

Tout comme les toxicomanes ou alcooliques, les dépendants sexuels nient leurs difficultés et rejettent  la responsabilité sur autrui. 9 sexoliques sur dix sont des hommes au prise avec un sentiment de perte de contrôle, de culpabilité et de remords aussitôt suivi de tentative de remédier à cette détresse par un acte de compulsion sexuelle. C'est le cercle vicieux de l’assuétude qui s'installe. La sexualité devient aliénante… La personne s'isole dans sa compulsion et sa vie se résume à l’assouvissement du besoin.

La spirale addictive:

  1. Phase obsessionnelle: l'univers fantasmatique est totalement habité par le sexuel
  2. Ritualisation: le sujet se complaît dans l'obsession et se fabrique un cinéma précédant l'agir. Stimulation et excitation s'intensifient
  3. Exécution d'actes sexuels précis, dicté par les obsessions et la ritualisation. La personne n'est plus capable de contrôler ou d’interrompre son comportement
  4. Désespoir : sentiment d'impuissance totale et de honte.

 

 

Et quoi encore…

Incapables d'établir et de maintenir une relation saine et gratifiante avec un ou une partenaire, toute la vie des personnes atteintes s'organise autour de l'exécution de leur compulsion.

Comme toute addiction, le problème est dissimulé à l'entourage. Le dépendant sexuel s'isole dans sa compulsion. Il prend des risques qui l'exposent  à la  contamination par le VIH et autres infections.

La dépendance sexuelle, véritable maladie compensatoire, peut être soignée à l'aide de la psycho-sexo-thérapie et la participation à des groupes de paroles. Pour le malade, le sexe est la voie d'expression, une sorte de déversoir trahissant d'autres problèmes intrapsychiques profonds qu'il est impératif de traiter. À condition, bien sûr,  que la dépendance ainsi que l'incapacité de s'en sortir seul soit reconnues.

Patrick Carnes a créé dans les années 1990 un questionnaire de 25 items afin de dépister les dépendants sexuels. Pour en savoir plus 

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2 commentaires

  • Commentaire de AFREG — 13 novembre 2011 à 7 h 02 min

    Bonjour,

    Je suis AFREG, le webmaster du http://www.pornodependance.com

    Mon site traite de l’addiction à la pornographie. Cette forme de cyberdépendance est en grande partie liée à l’essor d’Internet, qui donne accès à une infinité de contenu X à l’Internaute, sans qu’aucun contrôle ne semble possible.
    Les effets de l’addiction à la pornographie sont nombreux: dérive vers une sexualité violente, problèmes de couple, problèmes érectiles… Le porno a une telle prégnance dans notre société contemporaine, que le problème est susceptible de toucher aujourd’hui tout le monde.. Mon site propose un forum où les dépendants et leurs proches peuvent venir s’exprimer librement et s’entraider. Le tout est évidemment entièrement bénévole et GRATUIT.

    Merci ! AFREG.

  • Commentaire de Renée — 1 juin 2011 à 19 h 01 min

    Le mot addiction est juste. Article intéressant JR., et ce matin dans La Presse « Salopes et fières de l’être » de Sylvie St-Jacques.
    À première lecture, une senteur de salope. Sont-elles différentes de celles des salops? « Un mouvement tout neuf ». Plus ça change, plus c’est parei. La nouvelle génération de féministes se dit « salopes ». Je comprends qu’après être tombées dans la boue, on émerge. Toilette chimique.
    Elles aussi auront droit à du plus, je pense que c’est ce qu’elles veulent dire. De l’assiduité. Toutefois, il ne faudrait pas limiter l’émancipation à l’homosexualité ou la la popo. Voudraient-elles avoir les ailes molles.
    Neurone, muscle et libido
    Les salopes pourraient être des « sans-bobettes » ou des « porteuses d’eau »
    Youk

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