jocelyne robert

Mais la haine tue allègrement.

La folie est une maladie mentale diagnostiquée sous les termes psychose, schizophrénie, trouble bipolaire et autres dysfonctions psychotiques.

Une maladie mentale est un trouble psychologique ou comportemental, généralement associé à une détresse subjective ou à un handicap, qui peut dans certains cas (sociopathie, déni psychotique) entraîner plus de détresse encore dans l'entourage de l'individu atteint du trouble mental spécifique.Je ne suis pas psychiatre ni spécialiste de la question.  J’ai travaillé avec des personnes souffrant de maladies mentales et de handicap intellectuel. J'ai  une opinion sur le sujet. J'en ai marre de voir la pseudo "folie" expliquer tant de crimes.

Fou, folle, folie sont certes les mots les plus galvaudés du dictionnaire et de la langue française. On les utilise à toutes les sauces, dans des sens comique, figuré, métaphorique. On est fou furieux d’un objet ou d’un mets, elle est complètement folle de son fils, il l’aime à la folie, fou raide, folle finie, fou à pleurer (drôle)… » etc. Rien là de très grave.

Ce qui l’est davantage, c’est de sauter aux conclusions de « folie » voire de « folie passagère », dans le sens premier de maladie mentale, lorsque quelqu’un commet un acte ou un geste si odieux, si condamnable, qu’il dépasse notre entendement et nous indigne. Et c’est si facile.

Je crois que les Lépine (Polytechnique Mtl) Harris et Klebold (Columbine) Breivik ( Tueur d'Oslo, Norvège) Lortie (Assemblée Nationale Qc) n’étaient pas des fous. Tantôt des fanatiques ou des haineux, tantôt des marginaux ou des extrémistes, tantôt des frustrés ou des misogynes morbides.

Dans un tout autre ordre de crimes monstrueux, le dr Guy Turcotte récemment tenu « non criminellement responsable » d’avoir éventré ses enfants, n’était pas non plus, à mon humble avis, un fou. 

Faisons attention aux raccourcis qui, pour toutes sortes de raison « souffrantes » et bouleversantes, nous poussent à chasser vite les horreurs de notre esprit en statuant allègrement: « C’est classé, il était fou ! On n'y peut rien.»

La vraie folie, au bout du compte, tue rarement.
L’amour encore plus rarement.
Mais la haine, oui. La haine tue. Souvent.

Pin It
Publié dans : Culture et Société, Humanisme, Justice, Médias et Actualités
Avec les mots-clefs : , , , , , , , , , , ,

11 commentaires

  • Commentaire de franzseguin — 17 juin 2014 à 14 h 58 min

    La première fois que j’ai entendu à RDI l’interview de Louis Jouret de l’Ordre du Temple Solaire, je me suis tout de suite dit:  » Ce personnage a quelque chose de cinglé et il est extrêment dangereux.  » J’ai eu la nette intuition qu’un jour assez rapproché, il causerait quelque massacre, extrêmement grave. J’ai même partagé mon intuition alors avec mon épouse en lui disant :  » Cet individu devrait être surveillé et enfermé.  » On sait maintenant ce qui est advenu ensuite à l’OTS.

    Claude Vorilhon, le fondateur des raéliens m’a fait une impression totalement différente. Il m’est apparu durant son interview comme un fabulateur, un rusé, un mystificateir, un calculateur et un fourbe qui avait pour but de se créer une entreprise qui le rendrait multi-millionaire. Un faux bouffon aussi, ce qu’il a révélé ensuite par sa toque et sa robe de samouraï. Il ne lui manque que le nez rouge de Samedi de Rire. Ce qui ne lui enlève rien de son tempérament vicieux et malicieux.

    Quant au docteur Turcotte aux sourcils épilés, au visage maquillé qui se veut star d’Hollywood ou presque et qui veut donner une impression de beauté presque féminine, j’ai vu d’autres photos de lui d’où suintait toute la méchanceté de ce père qui a excisé le coeur de ses deux enfants hors leur poitrine.

    Ces gens ne sont pas fous. Ils se sont créés des états seconds. L’imagination humaine est telle qu’une personne qui délaisse sa rationalité au profit de sa colère, de sa libido, de sa cupidité, de ses fantasmes ou simplement d’idées saugrenues religieuses ou autres, peut en venir au point de commettre les pires horreurs comme si ça lui était tout naturel. Seul un solide coup de pied au cul, une arrestation musclée avec menottes aux poignets et emprisonnement peuvent les faire sortir de leurs fantasmes et revenir sur terre.

    Aux USA, on juge beaucoup plus souvent et plus sévérement qu’au Canada ceux qui plaident la maladie mentale.

  • Commentaire de Aurélien Terrassier — 17 juin 2014 à 13 h 32 min

    Vous avez un point de vue intéressant que je partage en partie. La haine est-elle une maladie mentale? Sur un plan médical, apparemment non mais dans les faits? Peut-on qualifier la haine de maladie mentale sachant qu’elle tue bien plus que la folie? Je pense que la haine peut parfois s’ajouter aux maladies mentales, dépression, bipolarité, troubles obsessionnels compulsifs et schizophrénie sont très durs à guérir aussi. Pour moi quelqu’un comme Breivick était fou mais pas si inconscient dès l’instant où il était devenu xénophobe et défendais les idées haineuses d’extrême droite. Peut-on qualifier Marine Le Pen par exemple comme folle sous prétexte qu’elle dit des inepties parmi les plus immondes? Mélenchon l’avait quand même qualifié de semi-démente. Les gourous sectaires tel que Claude Vorilhon ne sont par exemple sont-ils considérés comme fous? Pour ma part ce sont des pervers narcissiques haineux.

  • Commentaire de Yvon Dallaire — 10 septembre 2012 à 20 h 30 min

    Je voulais évidemment dire, lorsque je parle de meurtres, qu’ils ne sont jamais acceptables. J’ai écrit cela alors que je pensais qu’il est toujours inacceptable que quelqu’un puisse en arriver à penser que le meurtre est une solution

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 10 septembre 2012 à 20 h 42 min

    Bonsoir Yvon,

    Merci pour cette réaction bien tardive à un article écrit il y plusieurs mois…

    Je ne vois pas ce que tu essaies de démontrer. Je n’ai jamais dit, écrit, pensé ou insinué que seuls les  gens « haineux » tuaient. Et je sais, aussi bien que toi,  que des personnes, déséquilibrées mentales, tuent aussi.

    Cela dit, je pense que la  » pseudo folie » est devenue un fourre-tout pour se laver les mains comme société. 

    C’est vrai que « je ne suis pas psychiatre ni spécialiste de la question » . Toi non plus à ce que je sache.

    Et même si tu l’étais, ou si je l’étais, nous ne posséderions, ni l’un ni l’autre, la vérité, pour autant

    En passant, je n’ai pas écrit un livre intéressant. J’en ai écrit douze  ;-))))

     

    Tiens, je viens de lire un article dans le journal Le monde. Qui montre bien que nul n’est besoin d’être fou pour mépriser l’humanité et faire l’apologie de la violence. http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/10/le-pamphlet-de-richard-millet-deshonore-la-litterature_1758011_3232.html

  • Commentaire de Yvon Dallaire — 10 septembre 2012 à 20 h 25 min

    Bonsoir Jocelyne,

    Je n’ai pas l’habitude de participer à des blogs, mais là je n’ai pu m’en empêcher devant l’énormité de ton titre : La folie tue rarement, mais la haine…

    Je suis d’accord avec toi lorsque tu écris que des gens tuent par haine. Mais les psychopathes et les sociopathes (surnommés les tueurs en série), les paranoïaques (ils ont tellement peur d’être tué qu’ils tuent par « légitime défense ») et aussi les schizos paranoïdes (sur commande de leur dieu) tuent aussi. Ces personnes, hommes ou femmes, sont fous et leur folie les pousse à tuer.

    Sans oublier les PMD, les dépressifs et les toxicomanes qui se suicident, mais eux sont plutôt des malades affectifs, même s’ils ne sont pas fous.

    Là où je suis aussi d’accord avec toi, c’est lorsque tu écris : « Je ne suis pas psychiatre ni spécialiste de la question ». Sinon, tu saurais qu’il y a une différence entre la psychose, la névrose et les frustrations qui poussent certaines personnes à la haine… et aux meurtres (jamais inacceptables) et aux suicides (alors qu’il y a d’autres solutions pour mettre fin à ses douleurs).

    L’un de tes répondants te dit à juste titre :
    1. Je dois vous dire que je suis déçu, de vous lire et surtout de voir à quel point vous prenez des raccourcis et mélangér plusieurs concepts.
    2. Un autre point que je ne comprends pas, c’est la facilité avec laquelle vous portez des jugements sur les auteurs de tous ces crimes odieux, et ce sans les avoir rencontrés.

    Tes prises de positions aussi radicales me laissent songeur, toi qui a pourtant écrit un livre aussi intéressant que Le sexe en mal d’amour.

    Au plaisir de te revoir et de discuter in vivo de tout cela.

  • Commentaire de franz — 4 août 2012 à 19 h 32 min

    Madame Robert !

    J’apprécie énormément le bon sens et l’exactitude de votre analyse. Je crois que vous pourriez donner votre nom comme consultante dans les cas de crimes de ce genre. Au lieu de ces soi-dits spécialistes dont certains ont admis avoir menti ou dit n’importe quoi.

  • Ping de De quel droit certains jugent-ils Isabelle Gaston ? - Jocelyne Robert — 5 février 2012 à 23 h 38 min

    […] 3. La vraie folie tue rarement mais la haine… […]

  • Commentaire de Mimi Grondin — 4 février 2012 à 22 h 32 min

    Je suis entièrement d’accord , la colère et la haine peuvent nous faire basculer dans un point de non-retour !! et ensuite vient la justification pour renchérir les actes posés pour des raisons qui ne sont que des permissions que l’on se donne pour assouvir la vengeance !!

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 27 juillet 2011 à 10 h 56 min

    @Luc Leclerc
    Monsieur, je crois que vous comprenez bien mal mon propos. Votre analyse est purement juridique alors que mon propos est sociologique et philosophique. Exemple: vous dite que je dis des faussetés en argumentant que « la défense d’aliénation a été rejetée » dans le cas de Lortie. Or, je ne parle pas ici de concepts juridiques et je ne mets pas en question l’administration de la justice, je n’oserais pas. Je parle d’idées bien ancrées dans la tête des gens et qui incitent à qualifier de « fou » tous comportement marginaux qui dérangent et bouleversent. Même chose quand je parle, dans un autre billet de « justice de classe », je ne parle pas d’attitudes favorables ou défavorables plantées dans la tête des gens du monde juridique mais ancrées dans la tête de tous et toutes ( voir Pierre Bourdieu, Marx). Vous et moi inclus.

    Enfin, nuance importante: je ne porte pas de jugement. J’exerce ma liberté en émettant des opinions.

    Merci beaucoup de votre commentaire.

  • Commentaire de Luc Leclerc — 27 juillet 2011 à 9 h 05 min

    Bonjour,

    Je dois vous dire que je suis déçus, de vous lire et surtout de voir à quel point vous prenez des raccourcis et mélangée plusieurs concepts. Je crois que vous devriez discuter avec certains de vos collègues du département des sciences juridiques, pour vous faire expliquer les base du droit criminel : entre autre les concepts de l’actus reus et de la mens rea. Ce qui vous permettra de comprendre que la non responsabilité criminelle n’est pas synonyme de folie; quoique souvent la folie donne ouverture à cette défense. Sur ce point je vous suggère de consulté votre collègue, C. St-Germain qui, j’en suis certain vous éclairera sur le concept de la folie et de l’intoxication comme moyen de défense en droit criminel.

    Comprenez, que je ne veux aucunement expliquer les gestes, déments, posés par les personnes que vous nommez, ni mêmes celle de tous les autres non mentionnées. Mais je crois important, surtout pour une intellectuelle comme vous, de différencier entre les sentiments personnels et les concepts juridiques. L’absurdité de la décision n’est pas le fait du Juge, des avocats ou du jury, mais du Code criminel.

    Un autre point que je ne comprends pas, c’est la facilité avec laquelle vous portez des jugements sur les auteurs de tous ces crimes odieux, et ce sans les avoir rencontrés. Certains, faits que vous indiquez sont non seulement faux, mais encore ajoute à la confusion. À titre d’exemple, la défense d’aliénation de Lortie a été refusée.

    Malgré, tout soyez assurée, Madame, que vous resté pour moi une autorité dans votre domaine.

    Sans rancunes

  • Commentaire de Delvina Lavoie — 27 juillet 2011 à 7 h 49 min

    Félicitations pour ce très bel article, Madame Robert. Il est tellement facile de souvent excuser les gestes de violence par la folie passagère. Alors que cette folie est le plus souvent de la haine que l’on essaie de faire passser pour ce qu’elle n’est pas en fait. Et le vrai mot pour qualifier cette violence, cette horeur je dirais même, n’est pas de la folie pure…mais bien de la haine et de l’orgeuil qui se cachent derrière un beau sourire prétentieux.

Laissez un commentaire