Pâques me fait penser au catholicisme de mon enfance. Quarante jours de Carême avant Pâques, confession des péchés chaque premier vendredi du mois, petits anges dans nos cahiers lorsque nous allions à la messe sur semaine, achat de petits Chinois et surtout le Petit catéchisme gris que nous apprenions par cœur. Oui oui, cela n’est pas une métaphore, vraiment par cœur, d’une couverture à l’autre. On nous y parlait surtout des péchés : les véniels, que Dieu pardonnait plus aisément et les mortels, qui nous valaient l’enfer éternel si on mourait avant de s’être confessé et d’avoir reçu l’absolution moyennant pénitence. Rien n’était gratuit!
Le pire du pire, il y avait les Sept péchés capitaux :
L’orgueil, l’avarice, l’envie, l’impureté, la gourmandise, la colère, la paresse.
Pourquoi nous avoir tant tartinés de péchés plutôt que de vertus, de valeurs, de mérites ou de qualités à cultiver ? Pourquoi donc ne nous a-t-on pas incité à " faire " plutôt qu’à " ne pas faire " , à « être » plutôt qu’à « ne pas être »… Pourquoi toujours les interdits plutôt que les permissions, les risques plutôt que les avantages, les méfaits plutôt que les bienfaits, les laideurs plutôt que les beautés ? La religion s'en serait-elle portée plus mal? Il me semble que non. Ces sept péchés capitaux nous faisaient suer au superlatif et être affublé de l’un d’eux était une réelle malédiction.
L’orgueil, l’avarice, l’envie, l’impureté, la gourmandise, la colère, la paresse.
Pourquoi nous avoir tant tartinés de péchés plutôt que de vertus, de valeurs, de mérites ou de qualités à cultiver ? Pourquoi donc ne nous a-t-on pas incité à " faire " plutôt qu’à " ne pas faire " , à « être » plutôt qu’à « ne pas être »… Pourquoi toujours les interdits plutôt que les permissions, les risques plutôt que les avantages, les méfaits plutôt que les bienfaits, les laideurs plutôt que les beautés ? La religion s'en serait-elle portée plus mal? Il me semble que non. Ces sept péchés capitaux nous faisaient suer au superlatif et être affublé de l’un d’eux était une réelle malédiction.
Ces suprêmes péchés se sont glissés, comme des vers dans la pomme, dans la peau de célèbres personnages de la littérature. Pensons à l’orgueil éperdu de Jérémie Martin (Sous le signe du lion, Françoise Loranger), à l’avaricieux Séraphin (Un homme et son péché, Claude-Henri Grignon), à l’envie de Satan (Le paradis perdu de Milton), à la luxure de Casanova, à la gourmandise de Pantagruel, aux célèbres colères du capitaine Haddock, à l’irrépressible paresse d’Alexandre le bienheureux.
Et si la religion, les églises et nos curés nous avaient inculqué sept vertus ou qualités capitales à la place, nos histoires et notre littérature auraient-elles foisonné de portraits différents ? Imaginons des personnages…
Gonflés de Fierté et de dignité plutôt que d’orgueil
De Générosité au lieu d’avarice
De Contentement et de Satisfaction de soi à la place de l’envie
De sens du Plaisir et non de luxure
De Mesure et de modération plutôt que d’excès goinfres
De Tolérance et de sérénité au lieu de colère
D’efforts et de détermination à la place de la paresse…
Pourquoi pas la fierté, la générosité, le contentement, la noblesse du plaisir, la mesure, la tolérance et le sens de l’effort?
Je propose qu’on s’y essaie. Qu’on remplace les sept péchés capitaux reçus en héritage, l’orgueil, l’avarice, l’envie, l’impureté, la gourmandise, la colère, la paresse par des vertus capitales opposées : la fierté, la générosité, le contentement, la noblesse du plaisir, la mesure, la tolérance et le sens de l’effort.
Déjà, la simple nomination positive me semble éclairer la face du monde autrement et insuffler un p'tit goût de vivre en plus .