jocelyne robert

Pâques me fait penser au catholicisme de mon enfance. Quarante jours de Carême avant Pâques, confession des péchés chaque premier vendredi du mois, petits anges dans nos cahiers lorsque nous allions à la messe sur semaine, achat de petits Chinois et surtout le Petit catéchisme gris que nous apprenions par cœur. Oui oui, cela n’est pas une métaphore, vraiment par cœur, d’une couverture à l’autre. On nous y parlait surtout des péchés : les véniels, que Dieu pardonnait plus aisément et les mortels, qui nous valaient l’enfer éternel si on mourait avant de s’être confessé et d’avoir reçu l’absolution moyennant pénitence. Rien n’était gratuit!

Le pire du pire, il y avait les Sept péchés capitaux :
L’orgueil, l’avarice, l’envie, l’impureté, la gourmandise, la colère, la paresse.

Pourquoi nous avoir tant tartinés de péchés plutôt que de vertus, de valeurs, de mérites ou de qualités à cultiver ? Pourquoi donc ne nous a-t-on pas incité à  " faire " plutôt qu’à  " ne pas faire " , à « être » plutôt qu’à « ne pas être »… Pourquoi toujours les interdits plutôt que les permissions, les risques plutôt que les avantages, les méfaits plutôt que les bienfaits, les laideurs plutôt que les beautés ? La religion s'en serait-elle portée plus mal? Il me semble que non.  Ces sept  péchés capitaux nous faisaient suer au superlatif et être affublé de l’un d’eux était une réelle malédiction.

L’orgueil, l’avarice, l’envie, l’impureté, la gourmandise, la colère, la paresse.

Pourquoi nous avoir tant tartinés de péchés plutôt que de vertus, de valeurs, de mérites ou de qualités à cultiver ? Pourquoi donc ne nous a-t-on pas incité à  " faire " plutôt qu’à  " ne pas faire " , à « être » plutôt qu’à « ne pas être »… Pourquoi toujours les interdits plutôt que les permissions, les risques plutôt que les avantages, les méfaits plutôt que les bienfaits, les laideurs plutôt que les beautés ? La religion s'en serait-elle portée plus mal? Il me semble que non.  Ces sept  péchés capitaux nous faisaient suer au superlatif et être affublé de l’un d’eux était une réelle malédiction.

Ces suprêmes péchés se sont glissés, comme des vers dans la pomme, dans la peau de célèbres personnages de la littérature. Pensons à l’orgueil éperdu de Jérémie Martin (Sous le signe du lion, Françoise Loranger), à l’avaricieux Séraphin (Un homme et son péché, Claude-Henri Grignon), à l’envie de Satan (Le paradis perdu de Milton), à la luxure de Casanova, à la gourmandise de Pantagruel, aux célèbres colères du capitaine Haddock, à l’irrépressible paresse d’Alexandre le bienheureux.

Et si la religion, les églises et nos curés nous avaient inculqué sept vertus ou qualités capitales à la place, nos histoires et notre littérature auraient-elles foisonné de portraits différents ? Imaginons des personnages…
Gonflés de Fierté et de dignité plutôt que d’orgueil 
De Générosité au lieu d’avarice
De Contentement et de Satisfaction de soi à la place de l’envie
De sens du Plaisir et non de luxure
De Mesure et de modération plutôt que d’excès goinfres
De Tolérance et de sérénité au lieu de colère
D’efforts et de détermination à la place de la paresse…

Pourquoi pas la fierté, la générosité, le contentement, la noblesse du plaisir, la mesure, la tolérance et le sens de l’effort? 

Je propose qu’on s’y essaie. Qu’on remplace les sept péchés capitaux reçus en héritage, l’orgueil, l’avarice, l’envie, l’impureté, la gourmandise, la colère, la paresse par des vertus capitales opposées : la fierté, la générosité, le contentement, la noblesse du plaisir, la mesure, la tolérance et le sens de l’effort.

Déjà, la simple nomination positive me semble éclairer la face du monde autrement et insuffler un p'tit goût de vivre en plus .

Pin It
Publié dans : Billet d'humeur ou d'humour, Culture et Société, Humanisme, Religion, Valeurs
Avec les mots-clefs : , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

8 commentaires

  • Commentaire de isabelle — 31 janvier 2014 à 16 h 19 min

    Ou est la charite dans se sens de se savoir seuls et en paix sans vous souciez de relever ceux qui souffrent, plutot que de penser a vous meme? Orgueil . Quand on commence a aimer, il faut se preparer a en souffrir, malgres les douleurs. Isabelle. Bien a vous.

  • Commentaire de isabelle — 31 janvier 2014 à 16 h 11 min

    Cest bon et bien de vouloir faire de la vie des oeuvres de. Bien. 7 lettres capitales.mais c est en soi la peste de l Ame que d oublier les 7 pechers. Vanite. La creation est l oeuvre du saint esprit.et on doit avancer en cette voix de verite qu il ne faut pas oubliet le doux jesus et ses souffrances pour nos pechers. Pensez a lui, malgres les pechers! Faire de la terre un paradis comme au ciel. Si vous niez le mal, vous ne serez pas en bien. Voyez comment le seigneur a souffert pour tous les pechers du monde! Ne soyez pas aveugles! Ce que vous voulez est bon, mais n oubliez pas les limites . Il faut aussi aimer ses plus petits pechers et les relever pour lui. Pour la passion du christ ressucite. Isabelle

  • Commentaire de AYAD Khaled — 4 février 2013 à 6 h 43 min

    Madame,

    Bonne réflexion sur un sujet qui paraît parfois tellement banal à beaucoup de monde.

    A mon avis les religions d’Abraham si j’ose dire, sont venues instaurer, à différents degrés, une certaine loi avant la loi civile. Parce que là où la religion atteint ses limites, la société prend la relève, encore dans le même esprit de correction et de découragement en appliquant une sanction quelconque. C’est pour ça que St. Paul l’a bien indiqué; Se juger pour n’être point jugé.

    Autrement, il faudrait réinventer un meilleur être humain 🙂

  • Commentaire de Renée — 3 août 2011 à 18 h 24 min

    La Colère (Ira en latin) : « courte folie » déjà pour les Anciens, entraînant parfois des actes regrettables.
    Irréversibles.
    J’ai aimé le choix de la peinture de Jérôme Bosch (1650), pour l’article de JR. Je rechercherai l’iconographie
    Les sept…PC (Personnel Computer)
    Sept fois par semaine , est-ce trop?
    Youk

  • Commentaire de Renée — 1 août 2011 à 18 h 02 min

    « Un excellent composte pour cultiver l’équilibre » dixit Diane. J’aime votre commentaire et je vais le relire. Je dois souvent relire pour comprendre ou tenter de le faire.
    Aller au ciel…vaut mieux commencer de son vivant. Petit ciel quotidien.
    Où est Dieu… »Dieu est partout » et le diable aussi.
    Le diable est jaloux du bonheur

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 1 août 2011 à 12 h 51 min

    @MBellavance,

    Vous avez bien raison, quelle erreur de distraction car je sais bien que G Guèvremont n’est pas l’auteure de Séraphin. Merci de votre beau commentaire et de votre vigilance qui me permet de corriger à l’instant.

  • Commentaire de Mario Bellavance — 1 août 2011 à 6 h 25 min

    Mme Robert,
    Votre réflexion sur les vertus capitales arrivent sur mon écran comme la rosée du matin ou encore comme le fine fleur du mois d’août 2011 nourrie par le vent du changement, celui du printemps arabe…

    Permettez-moi d’enrichir votre réflexion par cette formule de repentir récitée à la messe où nous nous accusons d’avoir péché en pensée, en parole, par action et par omission. Aussi, s’il est de mise de relever avec aisance toute faute qu’on pourrait avoir commise, qu’en est-il du bien qu’on aurait pu faire? Vous prenant pour exemple, ainsi plutôt que de vous accuser d’entraîner les âmes vers le sexe et tout le reste comment ne pas reconnaître chez vous la personne qui incite les autres vers l’Amour?
    En terminant, permettez-moi de vous reprendre en tant que Sorelois et fier résidant du pays du Survenant. Germaine Guèvremont n’est pas l’écrivaine à la base du personnage de Séraphin. Elle est plutôt l’auteure du roman Le Survenant. Voici une femme qui a su mettre en valeur un personnage qui a plu aux Québécois et aux Québécoises, un personnage qui avait l’audace de la parole, la générosité et plusieurs vertus que vous mentionnez. C’est vrai, il aimait boire… Pourtant, n’a-t-il pas fait battre le coeur d’Angélina, cette boiteuse qu’a si admirablement bien incarnée Anick Lemay dans un film récent sur le sujet. Voici un homme, le grand dieu des routes qui a osé traiter une femme méprisée dans son milieu comme un femme digne de ce nom. Que les Survenants de ce monde se lèvent comme le soleil du matin et une douce musique accompagnant vos paroles qui donnent le goût de vivre!

  • Commentaire de Diane Blaquière — 31 juillet 2011 à 19 h 39 min

    PACEgo….mon entreprise. C’est l’anagramme du club des 7. Mes péchés sans le L qui vient comme une surprise à la fin du parcours. Il se fera désirer. Je fais de la gestion de changement. Je suis convaincue que sans ses péchés mignons,la condition humaine n’existerait pas. Il faudrait l’inventer. Mon travail est de les empêcher de nuire et d’en faire un excellent compost pour cultiver l’équilibre.

    C’est ma mission et j’aimerais que vous voyez mon jardin….un chef-d’oeuvre. J’y paresse en m’y vautre de plaisir en dégustant mes douceurs préférées. Un câlin suggestif y est permis et permettez que je sois avare de mots car je suis trop orgueilleuse pour m’adonner avec impudeur à vous décrire mes colères d’envie quand mes fleurs s’avèrent être plus jolies que moi. J’adore le compostage et c’est comme cela que j’apprivoise « tout ce qu’il me faut savoir pour aller au ciel » dixit le petit catéchisme….question 1. Merci pour ce billet. Je retourne à mes fleurs.

Laissez un commentaire