jocelyne robert

Vintage, mystique et  érotique Gwendoline…

Pour arrêter le temps et pour rattraper le temps perdu en impiété et agnosticisme, je devins une fervente allumeuse : de lampions, de cierges, de chandelles, de bougies et lumignons, grands et petits, de toutes les couleurs.

J’embrasai ainsi la cathédrale Saint-Antoine de Longueuil, lieu du mariage de ma mère (pourquoi est-ce que je ne dis jamais « mariage de mes parents? »), Notre-Dame de Paris, qui est sur le chemin de l’appart que Monsieur Beaumarchand nous loue quelques mois par an à Paris, la chapelle de Mézériat où mon homme a hérité, avec sa tribu de cousins-cousines, d’une ruine bressane, la cathédrale de Brou, près de chez belle-maman et même l’église du village de l’Ubaldine-sur-le-Lac où nous avons nos quartiers d’été…

Ces pèlerinages dans les nefs angéliques m’ont permis de me rendre compte que la cire divine est toujours offerte sous forme phallique. Jamais de formes rondes, mamellaires ou utérines. Partout, pour expier ou quémander l’indulgence divine, j’étais forcée d’allumer des dards. Des dards brûlants et pénétrants. 

Dans ces antres silencieuses et vides, je prenais des bains de chaleur. Chaleur de cire dressée puis fondante, coulante, odorante. Résultat : Entre mes poussées de fièvre dévote, je me câlinais frénétiquement. J’étais comme possédée d’un leitmotiv charnel : décrépissons mais orgasmons! La jouissance me confortait dans mon statut de vivante. Je vous entends penser que les sorcières sont toujours de vielles édentées masturbatrices dont pas un homme ne veut. Détrompez-vous. J’ai bien deux implants (dentaires, pas mammaires!) mais bon, j’ai des dents et un homme désirant et désirable, souvent prêt et dispos à se mettre sous ma dent. D’ailleurs, il a toujours été bien présent et pro-actif dans mon cinéma intérieur lors de ces épisodes auto-mystico-érotiques.

N.b.: Extrait  de la bouche de Gwendoline, personnage de mon dernier livre Les femmes vintage. 

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Publié dans : Culture et Société, Érotisme et/ou Pornographie, Femmes, Plaisir, Religion
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5 commentaires

  • Commentaire de Renée — 7 août 2011 à 20 h 36 min

    Gwendoline. C’est vrai ce que vous avez écrit? Moi aussi.
    Et je n’ai encore rien dit, ou si peu. Je ne suis pas là pour faire des compliments ni en recevoir. Existe la vitrine du non dire.
    « Vous possèdez l’art de faire danser les mots ce texte est un merveilleusement sensuel et cajolant » JORI
    R.

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 5 août 2011 à 16 h 42 min

    @jocelyne richard
    Merci Jo-Ri de ces bons mots . Qui font bien plaisir
    Jo-Ro

  • Commentaire de jocelynerichard — 5 août 2011 à 15 h 46 min

    Vous possèdez l’art de faire danser les mots ce texte est un merveilleusement sensuel et cajolant. Merci

  • Commentaire de Renée — 5 août 2011 à 12 h 00 min

    Être athée n’empêche pas d’être spirituel,
    Etre spirituel n’empêche pas de faire l’amour,
    Faire l’amour n’empêche pas d’aimer
    Je ne suis pas un oiseau, parfois je dois m’envoler
    Je ne suis pas un papillon, l’amour me transforme
    Je ne suis pas une chatte, je reconnais ses yeux de chat

    Je suis une vieille fée ayant déjà connu un magicien
    Une Brise ayant besoin du Lupin
    Une allumeuse utilisant ses allumettes
    Allumer le lampion. Il sentira la cire brûlée.

    Au hasard j’ai ouvert le livre de JR, « Les femmes vintage », p.146
    … »À condition de tissonner la cendre, on découvre des braises bien chaudes dessous, à réchauffer le coeur. »

  • Commentaire de Mario Bellavance — 4 août 2011 à 16 h 36 min

    N’ayant pas lu votre livre, Les femmes vintage, je me risque tout de même à un commentaire d’homme. Ayant dépassé les 50 ans, je me rappelle une période de ma vie où j’ai voulu aussi rattraper le temps perdu… Depuis peu cependant, je me contente de laisser aller la vie plus doucement. Je me rends compte qu’avec l’âge, je découvre des choses auxquelles je portais moins attention auparavant. Aussi, samedi dernier, je me suis retrouvé à l’Oratoire St-Joseph pour je ne sais quelle n ième fois cette année. Ça a commencé tout bonnement pour marquer l’anniversaire du départ du frère André et lui demander une faveur pour laquelle je dois affirmer qu’elle s’est en partie réalisée… Et voilà, jetant un regard intérieur sur moi, je me suis rappelé cet homme dont je riais dans mon voisinage quand j’étais enfant. Il s’arrêtait devant la maison pour dire qu’il prévoyait faire un pèlerinage prochainement. Je me suis dit alors tout bonnement : Est-ce possible que cet homme, ce soit moi maintenant? Aussi, je crois qu’il faille rire de soi avec les années et surtout ne pas avoir peur de s’exposer au regard rieur des autres. Au fond, qui a-t-il de mal à découvrir ce qu’on ignorait, ce qu’on méprisait auparavant? Aussi votre déclaration Décrépissons mais orgasmons n’est-elle pas ce qu’on pourrait dire une révélation? La spiritualité ne nie pas la sexualité comme les visions d’un autre temps l’imposaient. La personne est un tout. Il est malheureux qu’on ait nié la sexualité à une époque comme ce peut être malheureux qu’une personne nie sa spiritualité maintenant. À votre déclaration, j’ajouterais la mienne : Soyons heureux et laissons braire!

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