Vintage, mystique et érotique Gwendoline…
Pour arrêter le temps et pour rattraper le temps perdu en impiété et agnosticisme, je devins une fervente allumeuse : de lampions, de cierges, de chandelles, de bougies et lumignons, grands et petits, de toutes les couleurs.
J’embrasai ainsi la cathédrale Saint-Antoine de Longueuil, lieu du mariage de ma mère (pourquoi est-ce que je ne dis jamais « mariage de mes parents? »), Notre-Dame de Paris, qui est sur le chemin de l’appart que Monsieur Beaumarchand nous loue quelques mois par an à Paris, la chapelle de Mézériat où mon homme a hérité, avec sa tribu de cousins-cousines, d’une ruine bressane, la cathédrale de Brou, près de chez belle-maman et même l’église du village de l’Ubaldine-sur-le-Lac où nous avons nos quartiers d’été…
Ces pèlerinages dans les nefs angéliques m’ont permis de me rendre compte que la cire divine est toujours offerte sous forme phallique. Jamais de formes rondes, mamellaires ou utérines. Partout, pour expier ou quémander l’indulgence divine, j’étais forcée d’allumer des dards. Des dards brûlants et pénétrants.
Dans ces antres silencieuses et vides, je prenais des bains de chaleur. Chaleur de cire dressée puis fondante, coulante, odorante. Résultat : Entre mes poussées de fièvre dévote, je me câlinais frénétiquement. J’étais comme possédée d’un leitmotiv charnel : décrépissons mais orgasmons! La jouissance me confortait dans mon statut de vivante. Je vous entends penser que les sorcières sont toujours de vielles édentées masturbatrices dont pas un homme ne veut. Détrompez-vous. J’ai bien deux implants (dentaires, pas mammaires!) mais bon, j’ai des dents et un homme désirant et désirable, souvent prêt et dispos à se mettre sous ma dent. D’ailleurs, il a toujours été bien présent et pro-actif dans mon cinéma intérieur lors de ces épisodes auto-mystico-érotiques.
N.b.: Extrait de la bouche de Gwendoline, personnage de mon dernier livre Les femmes vintage.