Hier, sur ma lancée de retour de vacances, Richard Martineau (en remplacement de François Paradis) voulait me parler, entre autres de Sœur M.P. Ross, sexologue, qui taxe les intentions pédagogiques du Ministère de l’Éducation d’avoir une saveur pornographique (projet de retour de l’éducation sexuelle scolaire).
Dans les minutes qui suivirent, la journaliste Kathleen Frenette du Journal de Québec, souhaitait m'entretenir du « Guide du zizi sexuel », livre publié il y a déjà 10 ans. Je ne comprenais pas comment un livre français, édité il y a si longtemps, pouvait soudain semer autant d'émotions … En voiture, encore toute nimbée de soleil et d’eau douce, j’ai dû décliner ces invitations.
Ce matin sur Twiter Jean-Sébastien Marsan parle des réactions de « vierges offensées » à l’égard de ce livre et parle d’un Québec puritain.
J’ai fini par comprendre que tout ce branle-bas de combat était du né du fait que Sœur Ross, dans son grand discernement, aurait comparé certains outils pédagogiques d’éducation sexuelle provenant du Ministère de l’Éducation à ce livre, les jugeant tous deux inadmissibles. Ouf ! Tentons d'y voir clair…
1. Le Québec n’est pas puritain
Avec les pays scandinaves, nous nous classons parmi les premiers au monde en terme d’ouverture sur la sexualité et l’érotisme et quant à l’égalité des sexes
2. Le jupon sacerdotal sexologique de certaine sexologue-religieuse commence à dépasser pas mal… Charmant et séduisant une nonne sexologue mais attention aux valeurs réactionnaires qui sont peut-être pas si loin derrière la cornette dite scientifique. On peut reprocher bien des choses aux Ministère de l’Éducation, mais certes pas de véhiculer des valeurs pornographiques et décadentes. Ses intentions sont toujours ancrées dans des principes moraux et humanistes.
3. Le Guide du zizi sexuel
– De façon générale, je ne trouve pas que ce livre soit très ou trop osé. Par contre, cibler les 9 -13 ans est un non-sens. Ma voisine a un fils de 9 ans et une fille de 13 ans : un UNIVERS les sépare. Lui est un charmant petit bonhomme passionné de jeux complexes de légos. Ellle, à13 ans, en paraît 17 et pense qu’elle en a 35. Pour certains qui sont à un bout de ce public cible, ce livre va trop loin; pour d'autres, à l’autre bout de la fourchette, pas du tout.
– Ma critique principale est le ton et la couleur des infos : elles sont passablement "macho". Mais cela n'est pas étonnant: la vision de la sexualité, en Europe, et en particulier dans les pays latins (France, Espagne, Italie…) est beaucoup plus "machiste" qu'ici.
– Le hic, c'est que cette approche, au delà de la philosophie personnelle des auteurs, amène à dire des faussetés. Un exemple parmi d'autres: lorsqu'on parle du plaisir et de la jouissance sexuels, on n'y fait peu de cas des différences entre le développement sexuel masculin et féminin. On laisse donc entendre que, dans le rapport coïtal, filles et garçons, éprouvent spontanément le même plaisir, ce qui est absolument faux. Tout le monde sait bien (j'espère) que le glissement du gland le long des parois vaginales, sert d'abord la jouissance masculine!!! Le danger est que les filles se sentent anormales de ne pas correspondre à ce modèle.
– En fait, tout l'ouvrage est structuré à partir d'une vision et d'un modèle masculins de la sexualité sur lequel doit se calquer le modèle féminin. Il n'y a qu'à voir le titre et la page couverture: pas de place n'est faite à la fillette et dans le langage populaire, le zizi évoque bien plus l'organe sexuel masculin que le féminin.
– Tout cela fait du "Guide du zizi sexuel" un petit ouvrage aussi triste qu'amusant, révolutionnaire sur le plan de la forme et rétrograde sur le plan du fond.
En 2008, j’ai longuement visité au Centre des sciences de Paris, l’Expo préparée à partir de ce livre. J’en avais fait sensiblement la même critique. En passant, le Centre des Sciences de Montréal qui s’était fait offrir de présenter ici cette expo-zizi a décliné et préféré élaborer la sienne propre: Sexe: l'Expo qui dit tout!
Laissez-moi vous dire, que l’Expo montréalaise, présentement en tournée à travers le monde, n’a rien, mais vraiment rien à envier au « Zizi ».