jocelyne robert

Cul. C'est évidemment la partie postérieure du corps humain et de nombreux objets dont les récipients. En argot être un cul désignait la personne stupide.  

Mon intérêt pour la chose aujourd'hui est celui de l'amoureuse de la langue française. Avez-vous déjà observé combien celle-ci distille du cul aux quatre vents?  Sur les plans allusif et métaphorique, il va sans dire. Les expressions porte-cul sont si abondantes qu'on ne les remarque même plus. C'est à se demander si un seul autre mot de notre langue jouit d'un tel éventail de locutions, symboliques et imagées! Je ne maîtrise pas suffisamment les autres langues pour savoir si le mot cul y foisonne autant … Allons-y voir quelques 69 variations sur le thème du cul dont le sens varie selon le contexte linguistique. Les expressions qui suivent relèvent  presque toujours du langage familier, voire très familier ou vulgaire. J'ai fait cette liste assez spontanément et elle n'est certes pas exhaustive. 

  1. Aller cul nu : être ruiné, ne plus rien avoir pour se vêtir 
  2. À se taper le cul par terre:  excellent, formidable ou très drôle
  3. Attendre la tombée des culs de chiens:  attendre quelque chose qui n'arrivera jamais
  4. Avoir des couilles au cul:  avoir du courage 
  5. Avoir du cul: avoir beaucoup de chance 
  6. Avoir le feu au cul: ici au Québec, être furieux; en France, se dit d'une femme sexuellement affamée ou de quelqu'un de pressé
  7. Avoir la merde au cul: au Québec, avoir de la chance
  8. Avoir le cul bordé de nouilles: avoir de la chance
  9. Avoir trois poils au cul et se prendre pour un ours:  se la péter pour rien, se vanter 
  10. Avoir le cul entre deux chaises: être tiraillé entre deux choses, être dans l'embarras
  11. Avoir le cul sur la paille : être fauché, en manque d'argent
  12. Avoir le trou de cul en d’sous des bras: être très fatigué
  13. Avoir juste le cul et les dents: un pauvre type, aucune personnalité
  14. Avoir la tête dans le cul très fatigué: être fatigué,  mal réveillé,ne pas se sentir bien, un lendemain de veille
  15. Avoir la bouche en cul de poule: avoir les lèvres resserrées en signe de caractère guindé et hautain
  16. Avoir le cul serré: être coincé, en mauvaise posture
  17. Avoir un parapluie, ou un balai, dans le cul: être coincé, marcher les fesses serrés 
  18. Bourrer le cul de paille à quelqu'un: mentir, raconter des chose habituellement pas          crédibles
  19. Botter le cul: secouer, bousculer 
  20. Casse-cul: rabat-joie, éteignoir des joies érotiques
  21. Ça ne vaut pas le cul: ça ne vaut rien ou pas grand chose
  22. Coller au cul: suivre de trop près, envahir la bulle de l'autre
  23. Comme cul et chemise: inséparables 
  24. Coûter la peau du cul, ou des fesses: coûter extrêmement cher
  25. Cul blanc: pour désigner le véhicule du coopérant ou résident étranger (Afrique)
  26. Cul de sac: chemin sans issu
  27. Cul de plomb: paresseux, lymphatique, et parfois mendiant en argot
  28. Cul par dessus tête: en culbutant, à la renverse, à l'envers
  29. Cul sec: boire d'une seule traite
  30. Cul serré: coincé, pincé, guindé
  31. Cucul : ridicule, niais, nul, dépassé…
  32. Cul terreux : paysan, campagnard, péquenaud
  33. Cul vert: véhicule du corps diplomatique, ses occupants (Afrique)
  34. Et mon cul, c'est du poulet!:  refus catégorique
  35. Être sur le cul ou tomber sur le cul:  être stupéfié, être très étonné, rester baba 
  36. Être bas du cul: avoir les jambes courtes
  37. Faire boutique mon cul: se prostituer (Antilles)
  38. Faux cul: hypocrite, fourbe, déloyal
  39. Film de cul : film X, porno; aussi un très mauvais film,Québec
  40. Gros cul: camion de gros tonnage
  41. Histoire de cul: histoire osée, grivoise
  42. Iva avoir mal au cul, ça va lui faire un 2e trou!: ça va le faire chier, en parlant de quelqu'un qu'on aime pas
  43. L'avoir dans le cul ou, au Québec, l'avoir de travers dans le cul: avoir mal pris quelque chose, être battu ou avoir subi une humiliation;  exprimer que quelqu'un ne nous revient pas
  44. Lécher le cul : flatter outrageusement, flagorner pour obtenir faveurs
  45. Mon cul ! : Pas question ! Tu me prends pour un idiot ! Ex: "Mon cul oui que je vais lui rendre encore service !
  46. Parle à mon cul, ma tête est malade: raconte ce que tu veux, je ne t'écoute pas
  47. Péter plus haut que son cul ( ou que le trou ):  montrer très prétentieux,  vivre au dessus de ses moyens
  48. Peigne-cul: personne grossière, méprisable, ignare
  49. Plan cul:  projet de relation sexuelle ou l'aventure sexuelle elle-même
  50. Pousser au cul:  suivre de près pour forcer l'autre à avancer
  51. Se casser le cul: faire de gros efforts 
  52. Se tasser le cul: s'enlever du chemin
  53. Se mettre un doigt dans l'oeil et l'autre dans le cul: se tromper, se fourvoyer sur toute la ligne
  54. Se le foutre au cul: n'en rien faire, ne pas en tenir compte
  55. Se magner le cul ou se grouiller le cul: se dépêcher, aller au plus vite
  56. Se faire chier le cul: amplification de se "faire chier , se trouver dans une situation des plus énervantes
  57. Se pogner le cul : paresser, ne rien faire
  58. Se fendre le cul ou se fendre le cul en quatre: faire de gros efforts, travailler fort pour arriver à ses fins
  59. Se peler le cul:  avoir très froid
  60. Se le fourrer dans cul (ou, en France, se le carrer dans le derche ): se le garder pour soi
  61. Se sortir les pouces du cul: se remonter les manches et se mettre au travail sérieusement
  62. Se taper le cul par terre: trouver très drôle, désopilant 
  63. Tirer au cul:  travailler le moins possible, s'absenter 
  64. Trip de cul: relation basée sur le sexe, "fuck friend' 
  65. Ti-cul: un gamin; peut avoir connotation affectueuse ou au contraire méprisante mais le plus souvent neutre
  66. Trou du cul ou, trou de cul au Québec:  un salaud
  67. Trouer le cul à quelqu'un: l'étonner énormément, le sidérer
  68. Trou du cul du monde:  endroit totalement isolé, perdu, loin de tout

Ça suffit, j'en ai plein mon c…   Plein mon casque, évidemment. Je suis harassée, ne supporte plus ma litanie sur le sujet. Avec cette dernière expression, nous en sommes à 69 idiotismes sur le thème.  Pur hasard. 

N.B.: Merci au dictionnaire Reverso dans lequel j'ai abondamment puisé

 

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Publié dans : Billet d'humeur ou d'humour, Culture et Société, Langage
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8 commentaires

  • Commentaire de Renée — 4 septembre 2011 à 12 h 18 min

    « Le petit livre des gros mots » de G. Guilleron. Je vous en ai déjà parlé. À la page 124, l’auteur dresse une liste de mots québécois et de la façon dont ils sont interpétés là-bas. Amusant(?) parfois inquiétant. De « batême à trou »

  • Commentaire de Stefie — 3 septembre 2011 à 9 h 17 min

    Je ne réalisais pas qu’il y avait autant d’expressions avec le mot « cul »

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 1 septembre 2011 à 12 h 14 min

    @ Renée
    MDR (mort de rire) est bien plus utilsé par les Québécois pour traduire LOL ( lot of laught) que les Français distillent çà et là,
    bien moins soucieux que nous des formules anglos …

  • Commentaire de Renée — 1 septembre 2011 à 11 h 56 min

    Dictionnaire des expressions québécoises de Pierre DesRuisseaux. Je suis tout à fait par hasard à lire ce livre. Effectivement le mot « cul » a largement été exploité pour se faire comprendre en peu de mots et sans hallucination olfactive.Je me suis dit et si on en rajoutait pour utiliser l’extension du mot cul: la merde… »La marde » en québécois. Vous connaissez sûrement la liste. Je ne comprenais pas , au début, ce que signifiat le « mdr »!! des français dans leurs courriels. C’est sopposément drôle.

  • Commentaire de Mario Bellavance — 1 septembre 2011 à 10 h 47 min

    Voici que les enfants ne sont pas tout à fait entrés en classe, que nous voilà déjà à la récréation… Pour vos pages qui se veulent, à mon avis, oeuvre d’éducation populaire, voici un temps de relaxation, de relâchement…

    Je ne peux m’empêcher de mentionner que cette semaine décédait M. Jean Monbourquette. Voici un homme qui a ouvert une voie à la psycho-spiritualité au sein de la francophonie. En rapport avec votre billet, je ne peux que citer une des ses brillantes oeuvres : Apprivoiser son ombre. En citant les multiples locutions associées au mot cul, ne visitez-vous pas cette zone d’ombre qui surgit parfois pour hanter ceux ou celles qui n’en porteraient pas attention?

    En lisant votre billet, je me demande de quelle réalité avons-nous sous les yeux pour en avoir autant plein le… Je vois des scènes de violence, de guerre, de famines, de suicides et de détresses humaines. Aussi, pour vous qui avez écrit le brillant livre Le sexe en mal d’amour, je sens votre billet inachevé et j’ajoute : « Quand les hommes et les femmes vivront d’amour ». Un prochain billet peut-être?

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 31 août 2011 à 21 h 43 min

    @Minime
    Merci! Plein le cul, c’était ma finale. Relis dernière ligne non numérotée 🙂

  • Commentaire de MiniMe — 31 août 2011 à 21 h 34 min

    Super Jocelyne, Super! Un rajout: Plein le cul! Ras-le-bol(pas de jeu de mots) 🙂

  • Commentaire de Renée Litalien — 31 août 2011 à 21 h 27 min

    Tout simplement génial !

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