jocelyne robert

La beauté intérieure, elle compte. C’est elle qui fait que nous ne sommes pas des monstres. Cela est évident. Inutile d’en parler. De grâce, cessons de nous en gargariser, cela devient ridicule. Avez-vous déjà entendu une femme ou homme laid dire que ce qui compte c’est la « beauté intérieure » ? Oseriez-vous parler de leur beauté intérieure aux personnes dont le visage a été défiguré? Moi, pas.

De plus, avez-vous remarqué que ce sont presque toujours des beaux et belles qui en parlent, s’en réclament, la recherchent ? Comme pour s’excuser d’être si beaux, comme pour dire aux moins beaux qu’ils sont beaux quand même, même si ça ne se voit pas trop, même si ça ne se voit pas du tout. Gênant.

Encore dimanche dernier, à l’émission Tout le monde en parle, Lise Watier, resplendissante de la beauté de sa soixantaine, en faisait la louange. Elle clamait aussi que l’âge n’a aucune importance sans jamais dire le sien… Enfin, sur l’âge, je reviendrai, pour l’instant, concentrons-nous sur cette indécente beauté intérieure.

Paradoxal quand même. Dans ce monde qui voue un véritable culte à la jeunesse, au corps et à la beauté, des femmes qui dépensent des fortunes en soins cosmétiques, esthétiques et plastiques, en salons de coiffure et d’amaigrissement, ânonnent que c’est la beauté intérieure qui compte. Si c'est vrai pourquoi s'échinent-elles autant?

Les magazines , le cinéma, la télé, la publicité, toute la vie semble peuplée de beaux et belles et réservée aux beaux et belles auxquels viennent le succès, la sexualité, la gloire, l’amour …

Alors non, pas moi. Je ne vous ferai pas le coup de la beauté intérieure. Voyons donc ! Nous vivons dans un monde incarné et matériel dans lequel l’esthétique, la beauté, l’harmonie physique, si culturels que soient les standards, comptent ÉNORMÉMENT. Je griffe celui qui viendra me dire que ce qu’il remarque en premier chez une femme n’est ni ses seins, ni ses jambes, ni son visage mais sa magnificence intérieure.

Cela dit, je suis sensible aux beautés. Je l’ai toujours été.. À toutes les beautés : celle de l’âme et du cœur comme celle des corps et des visages.

Avez-vous vu les femmes orientales d'aujourd'hui? Les sud-américaines?  Elles s'astreignent à de sauvages chirurgies, blanchiment de peau, allongement des jambes pour ressembler au prototype universel de beauté. Qu’y a-t-il de beau à ce que que les chinoises ressemblent de plus en plus au modèle occidental fabriqué : jeune, mince, pâle, seins gonflés à l’hélium, jambes longues, cheveux blonds… Canevas unique, même uniforme de peau, mêmes traits à la Madonna pour toutes, quelle tristesse et quelle perte !

Ne serait-il pas plus utile, plus humaniste et plus juste  de contester la beauté unique et uniformisée qu'on nous impose? Au lieu de se jouer le violon de la beauté invisible…? De proposer, de prôner, de témoigner, de s’ouvrir à la pluralité et à la diversité esthétiques. Et si c’était le ridicule qui rendait laid-e ? En dedans comme en dehors…

Pin It
Publié dans : Corps, Culture et Société, Humanisme
Avec les mots-clefs : , , , , , , ,

17 commentaires

  • Commentaire de Renée — 8 octobre 2011 à 18 h 13 min

    La zone grise, la zone tampon, celle se situant entre la beauté extérieure et l’autre intérieure. Comment la nommer, la décrire, la percevoir?
    La seconde peau,la chaude , la prête
    Un second regard…lent
    La doublure de l’amour, pour se préserver des intempéries

  • Commentaire de Stefie — 7 octobre 2011 à 12 h 30 min

    Les gens, les jeunes en particulier, seraient peut-être plus réceptifs aux discours sur la beauté intérieure si notre culture ne ridiculisait pas constamment les gens considérés comme inesthétiques. C’est bien beau de dire à un jeune qui souffre d’obésité, d’acné ou qui a les dents croches de ne pas s’en faire sur son apparence puisqu’il est si beau à l’intérieur mais il fera remarquer, avec justesse, que lorsque les gens le voient, ils voient d’abord son apparence et se font une idée de sa personnalité et même de ses habitudes de vie en se basant là-dessus.

    Au secondaire, j’ai subis beaucoup de moqueries sur mon apparence (je faisais de l’acné). Je savais que j’avais une belle personnalité mais j’avais l’impression que personne n’était intéressé à la découvrir. Quand je me suis mise à soigner mon acné, à me maquiller et à me coiffer à la mode, je n’étais pas devenue plus superficielle mais les gens ne voyaient pas davantage ma personnalité. J’étais jolie mais je ne m’aimais pas plus qu’avant.

    Nous sommes devenus socialement paresseux. Peut-être est-ce parce que nous sommes devenus incapables de nous concentrer plus de 30 secondes tant nous vivons dans une culture de « zapping ». Une personnalité belle ou pas belle, prend du temps à découvrir. C’est trop d’effort apparemment…

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 5 octobre 2011 à 15 h 36 min

    Merci beaucoup Solange de tous ces bons mots. Merci surtout de venir partager sur ce blogue.
    Je voudrais que ce lieu devienne un vrai moment de partage entre les hommes et les femmes sur des sujets qu’on aborde pas nécessairement tous les jours …

  • Commentaire de Solange Chiasson — 5 octobre 2011 à 15 h 30 min

    Que vos propos sont rafraichissants Mme Robert! J’endosse ce que vous dîtes sur la beauté intérieure ou extérieure,peu importe, sur tous ces critères de beauté en général, si difficiles à atteindre, pour la pluspart des gens…J’ai été esthéticienne une grande partie de ma vie, donc en plein dans ce milieu si superficiel parfois. J’ai vues des femmes de grande valeur,s’arrêter à un détail insignifiant de leur corps qui ne leur plaisait pas, alors qu’elles avaient tout pour être heureuses…Votre livre, La femme vintage, m’a ravie.J’ai 55 ans et aucun problème à le dire, aussi une fille qui est sexologue-clinicienne comme vous et qui elle aussi trouve très pertinents vos commentaires en général…

  • Commentaire de Jocelyn Girard — 5 octobre 2011 à 14 h 05 min

    C’est « beau » ce que vous écrivez et très vrai. Mais notre éducation, peut-être même notre nature, nous a entraînés à être attirés par la beauté. Et les critères de la beauté ont sans doute été incrustés en nous par l’évolution et la culture, d’où le résultat : nous sommes éblouis par ce qui est reconnu comme beau davantage que par le beau en soi. Pour avoir côtoyé plusieurs années des personnes moches selon les critères convenus, portant les stigmates de déficiences multiples, la beauté qui subsiste, dans le temps, réside dans la qualité de la relation. Si j’apprends à te connaître et peu à peu à t’aimer, je découvre la beauté de ton être qui passe aussi et surtout par les traits uniques qui sont les tiens. La beauté est dans le particulier, dans l’unicité qui forme un tout, extérieur et intérieur. Merci!

  • Commentaire de VIGNAUX — 5 octobre 2011 à 5 h 17 min

    Georges VIGNAUX : « La chirurgie moderne ou l’ivresse des métamorphoses »,
    Pygmalion-Flammarion, 2010 :
    « L’électronique pénètre nos corps : nous devenons cyborgs. La bionique envahit la médecine. Voici que se banalisent les implants de toutes sortes. […] Les corps retaillés, refaits, transformés au nom de la « beauté »… Georges Vignaux fait le point sur l’ensemble de ces techniques avec les espoirs qu’elles soulèvent, les dangers qu’elles représentent… »

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 4 octobre 2011 à 22 h 13 min

    @Renée…
    Ah là par contre vous abordez un autre aspect de l’intériorité 😉

  • Commentaire de Renée — 4 octobre 2011 à 20 h 42 min

    « La beauté intérieure  » me rend bilingue. Lapsus
    Les images sont bilingues et ce sont avec elles que l’on apprend une seconde langue. Je ne pense pas avoir une intelligence linguistique. Toujours difficile pour moi d’écrire en anglais, l’entendre ça va , dans des scénarios élémentaires.
    Je reviens au billet de JR…la beauté intérieure. Au téléphone , la voix de l’ami qui écoute…je peux , un peu, me rendre à la voix intérieure.
    Sur internet…la beauté intérieure est comment reçue? Je ne veux pas me peigner avant d’aller sur le web cam, j’ai un peigne mais pas de web cam
    En octobre, il est temps de ranger l’extérieur. Que de bien-être à l’intérieur.

  • Commentaire de fgnotaire — 4 octobre 2011 à 13 h 13 min

    on va vers celles qui nous attirent (beauté extérieure) on reste avec celles qui nous retiennent (beauté intérieure) #EyeOfTheBeholder.

  • Commentaire de Renée — 4 octobre 2011 à 12 h 10 min

    « La belle et la bête ». Comment sont-elles en 2011?
    Une bonne bête devenue belle par le miracle de l’amour. « Miracle », c’est le mot qu’utilisait mon père pour nous faire comprendre…quoi donc? peut-être que le grand amour transformait les êtres.
    Je ne vous parlerai pas du « Bossu de Notre-Dame », il est trop laid.

    Robert Charlebois avait dit en entrevue que la première injustice sur la terre était celle de la beauté. Un peu vrai; je me souviens aussi d’un texte de Baudelaire racontant l’histoire d’une vieille femme que les petits enfants ne voulaient embrasser.

    Mon amoureux me dit parfois que j’ai un « beau ptit cul ». Dans l’intimité bien sûr. Je lis entre les lignes. Et s’il me disait que j’ai de beaux yeux, de belles mains, de beaux cheveux, est-ce que ça aurait la même connotation? Chaque beauté à sa place.

    Moins drôle, sans jugement d’aucune sorte, quand je reviens de la Résidence de ma mère, de l’unité du 2e réservée au semi-autonomes, je n’y trouve là rien de beau, sauf parfois un regard, la main douce et fragile de certaines résidentes.

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 4 octobre 2011 à 12 h 04 min

    @Marianik T’as ben raison. Pas sur tout mais presque ;))
    Mais d’autre te dirons que l’attitude, la drive intérieure, ne sont pas distribuées également entre les êtres.

    Age is a number! Très juste. Un concept inventé. La beauté standard aussi mais puté de bordel de merde qu’ils ont de l’impact sur les êtres humains et sur les vies. Ça, c’est ça qu’il faut changer… Ou du moins essayer 😉

  • Commentaire de Francine — 4 octobre 2011 à 8 h 56 min

    Présentement, c’est une utopie de penser que la société en général s’intéresse à la beauté intérieure. On vit dans un monde où l’apparence, l’argent, le pouvoir, la compétition règne.
    Et ça commence très tôt dès l’enfance.
    Il y a beaucoup de travail à faire pour changer ces valeurs.Mais il ne faut pas passer les bras, il faut travailler à changer le monde.

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 4 octobre 2011 à 9 h 52 min

    @Hélène.
    Je crois que vous ne comprenez pas bien mon coup de gueule. Je ne dis pas que la grandeur d’âme ou appelons-la la beauté intérieure n’est rien, je dis qu’il est indécent de faire croire qu’il n’y a qu’elle qui compte dans ce monde qui ena que pour ça: la beauté standardisée, le corps, le cul, le cash avec lequel on revient à la case départ puisqu’on s’en sert pour fabriquer la beauté standardisée.
    Faux aussi que la beauté intérieure « ne peut que grandir ». Il y a des gens qui ont été beaux intérieurement et que la vie a aigri. Je suggère qu’on sorte des clichés et du modèle unique, qu’on apprenne à apprécier toutes le beautés: celle d’une ride, celle d’une femme ou d’un homme soleil couchant, celle d’un corps bien enveloppé, celle des petits seins comme celle du cheveux crépu…
    La pseudo beauté intérieure dans laquelle on se vautre pour se donner bonne conscience est devenu un cliché. Aussi merdique que tous les autres.
    Moi, je veux être belle à 80 ans (si je me rends là), telle que je serai. De la même façon que l’arbre centenaire est aussi beau, dans et avec sa différence, que la jeune pousse toute fraîche .

  • Commentaire de Helene — 4 octobre 2011 à 8 h 50 min

    La beauté intérieure est ce qui se cultive et peut grandir avec l,age, c’est la seule et unique beauté qui peut faire cela… J’ai des amis pas très beau mais qui le devienne grâce à cette beauté, grâce à leur charisme. Je ne veux jamais que cesse cette acclamation de la beauté intérieure… Je suis jolie oui mais je ne crois pas que je le serais autant si je n’avais pas cette grande beauté intérieure, ce rire, ce pétillant dans les yeux qui reflete mon coeur. Vous madame Robert, vous êtes jolie, mais l’êtes vous parce que de l’Extérieur vous l’êtes ou simplement parce que votre intérieur se reflete à l’Extérieur ? Bien sur, il arrive des chirurgiées plastiques fasse l’éloge de la beauté intérieur mais tout comme des prêtre faisait l’éloge de la maternité… Ce n’était pas mal cet éloge mais elle ne venait pas de la bonne personne… Alors nous gens ordinaire continuons à rendre hommage à cette beauté intérieure, cella qui nous peut que grandir et fleurir avec les années…

  • Commentaire de MiniMe — 4 octobre 2011 à 8 h 02 min

    Je suis bien d’accord. Je ressent toujours un pincement de coeur quand je croise des ados, particulièrement, dont l’apparence physique ne cadre absolument pas avec les modèles-types actuellement prisés par les médias.

    Je sais bien que c’était le cas dans ma jeunesse aussi, mais je crois que la difficulté de s’épanouir dans ce contexte doit être décuplée de nos jours car les pressions sont tellement fortes.

    Je trouve tout ça bien triste.

  • Commentaire de Mario Bellavance — 4 octobre 2011 à 7 h 17 min

    Griffez-moi si vous le voulez! Ce sera une griffe signée Jocelyne Robert… La beauté intérieure c’est quoi? Si des personnes comme Lise Watier insistent sur la beauté intérieure, n’est-ce pas un aveu de la faillite de la notion de beauté basée sur des critères esthétiques, plastiques uniformisés? Cela vous déclenche comme sexologue, éducatrice ou animatrice d’un blogue ouvert à tous et à toutes. Vous sonnez l’alarme. N’avons-nous pas à craindre qu’après avoir cultivé cette notion de beauté toute extérieure à outrance, que ces personnes n’exploitent maintenant la beauté intérieure comme une industrie? Comme les puissants de ce monde, ceux du capital et de la politique réunis, qui massacrent les richesses du sol, les beautés naturelles de la terre et s’attaquent maintenant à celles contenues dans le sous-sol, aux riches gaz de schiste? Pouvons-nous nous écrier C’EST ASSEZ! avant qu’ils ne laissent plus qu’un univers dévasté, gaspillé, dépossédé?

    Aussi, face à cette beauté uniformisée, aux masques extérieurs et maintenant intérieurs, sachons reconnaître notre véritable beauté toute authentique et personnelle! La grâce de Marie, de Mario… Alors, joignons nos voix à celle de David qui rend hommage à l’Invisible : Je te remercie d’avoir fait de moi une vraie merveille. Psaume 139,14

  • Commentaire de marianik — 4 octobre 2011 à 1 h 22 min

    De un, moi aussi pu capable de voir ces femmes se défigurer à coup de chirurgies. Incompréhensible qu’elles se trouvent belles.

    De deux, Fuck la beauté intérieure ou extérieure. It’s all about the attitude!

    Trois, je n’ai aucun problème avec mon âge moi, je le dévoile même au grand jour avec mon adresse Twitter.

    Pour rester dans la lignée de l’attitude, Age is a number, not a state of mind.

Laissez un commentaire