La beauté intérieure, elle compte. C’est elle qui fait que nous ne sommes pas des monstres. Cela est évident. Inutile d’en parler. De grâce, cessons de nous en gargariser, cela devient ridicule. Avez-vous déjà entendu une femme ou homme laid dire que ce qui compte c’est la « beauté intérieure » ? Oseriez-vous parler de leur beauté intérieure aux personnes dont le visage a été défiguré? Moi, pas.
De plus, avez-vous remarqué que ce sont presque toujours des beaux et belles qui en parlent, s’en réclament, la recherchent ? Comme pour s’excuser d’être si beaux, comme pour dire aux moins beaux qu’ils sont beaux quand même, même si ça ne se voit pas trop, même si ça ne se voit pas du tout. Gênant.
Encore dimanche dernier, à l’émission Tout le monde en parle, Lise Watier, resplendissante de la beauté de sa soixantaine, en faisait la louange. Elle clamait aussi que l’âge n’a aucune importance sans jamais dire le sien… Enfin, sur l’âge, je reviendrai, pour l’instant, concentrons-nous sur cette indécente beauté intérieure.
Paradoxal quand même. Dans ce monde qui voue un véritable culte à la jeunesse, au corps et à la beauté, des femmes qui dépensent des fortunes en soins cosmétiques, esthétiques et plastiques, en salons de coiffure et d’amaigrissement, ânonnent que c’est la beauté intérieure qui compte. Si c'est vrai pourquoi s'échinent-elles autant?
Les magazines , le cinéma, la télé, la publicité, toute la vie semble peuplée de beaux et belles et réservée aux beaux et belles auxquels viennent le succès, la sexualité, la gloire, l’amour …
Alors non, pas moi. Je ne vous ferai pas le coup de la beauté intérieure. Voyons donc ! Nous vivons dans un monde incarné et matériel dans lequel l’esthétique, la beauté, l’harmonie physique, si culturels que soient les standards, comptent ÉNORMÉMENT. Je griffe celui qui viendra me dire que ce qu’il remarque en premier chez une femme n’est ni ses seins, ni ses jambes, ni son visage mais sa magnificence intérieure.
Cela dit, je suis sensible aux beautés. Je l’ai toujours été.. À toutes les beautés : celle de l’âme et du cœur comme celle des corps et des visages.
Avez-vous vu les femmes orientales d'aujourd'hui? Les sud-américaines? Elles s'astreignent à de sauvages chirurgies, blanchiment de peau, allongement des jambes pour ressembler au prototype universel de beauté. Qu’y a-t-il de beau à ce que que les chinoises ressemblent de plus en plus au modèle occidental fabriqué : jeune, mince, pâle, seins gonflés à l’hélium, jambes longues, cheveux blonds… Canevas unique, même uniforme de peau, mêmes traits à la Madonna pour toutes, quelle tristesse et quelle perte !
Ne serait-il pas plus utile, plus humaniste et plus juste de contester la beauté unique et uniformisée qu'on nous impose? Au lieu de se jouer le violon de la beauté invisible…? De proposer, de prôner, de témoigner, de s’ouvrir à la pluralité et à la diversité esthétiques. Et si c’était le ridicule qui rendait laid-e ? En dedans comme en dehors…