À Simon, Vincent, François, Paul et les autres…
De manière générale, j'ai plus d’affinités de pensées que d’antagonismes avec Simon Jodoin du journal Voir. Occasionnellement, sur des points spécifiques, nous sommes en total désaccord. C’est via Twitter que nous en discutons.
Sur la question du Huffington Post Québec et de sa main d'oeuvre bénévole, je trouve qu’il tartine un peu épais. D’abord, ici et ensuite ici où il en rajoute une couche.
Renart Léveillée se met de la partie en y allant de son "tapis rouge souillé du HPQ".
Sans faire partie des stars "influentes" qui sèmeront leurs idées, mon nom n'ayant jamais été mentionné, j'ai néanmoins accepté l'invitation de faire partie de l’écurie de ses blogueurs il y a déjà plusieurs semaines.
Envie de faire un aparté sur ce silence. Dans les milieux bien en vue, un ange passe presque toujours lorsqu’il est question de sexologie. Il n'y a pas profession plus subversive, snobée tous azimuts, à gauche, à droite, chez les curés comme chez les libertins. Les professionnels de la sexologie auront beau tenir des discours politiques et sociologiques étoffés, apporter des idées novatrices, avoir des lettres et une plume enviable, vendre des centaines de milliers de livres à travers le monde, recevoir des marques de reconnaissance…, leur formation universitaire est perçue davantage comme une déformation. Je porte les stigmates glorieux d'une travailleuse du sexe dont le métier est mal aimé et honteux quand il n'est pas carrément moqué. Paradoxe de nos sociétés pornographes et d'un espace public hypersexualisé? Puritanisme invétéré? Ou pire, dévalorisation d’une profession noyautée par des femmes qui prennent leur revanche sur Freud?… On traite la sexualité comme bagatelle ou parent pauvre alors qu’elle est éminemment sociale, économique, politique. Fin de l’aparté.
Je comprends très bien donc, la problématique soulevée par Simon Jodoin qui souligne la force de travail bénévole des personnes qui enrichiront le Huffington Post. Sur la sémantique, je suis assez d'accord. Mais attention, le HPQ ne demande pas de textes inédits et par conséquent, n’exige aucune somme de travail particulière.
C’est pour cette raison, pour ma part, que j’ai accepté d’y bloguer sans autre avantage pécuniaire que de profiter d’une plateforme d’envergure, susceptible de diffuser plus largement mes analyses, mes idées originales et mon travail.
Il faut nuancer
En conséquence, un peu de nuance s'impose. Bien sûr qu’il faut défendre l’idée que le travail d’écriture et d’idéation se paie. Mais il faut tout autant se méfier des généralisations. Tout ne se paie pas. Tout ne s'achète pas. J’ai déjà refusé de bloguer, bien rémunérée, pour un consortium dont je désapprouvais les méthodes. De la même manière, j’ai refusé des publications, très alléchantes sur le plan financier, parce qu'elles me demandaient de faire ce que je percevais comme étant des entorses à mon intégrité ou encore, de céder mes droits d’auteure. Je ne parle même pas des nombreuses publicités refusées parce que strictement consuméristes et du fait que je continue de refuser tous commanditaires sur mon blogue.
Dans mon esprit, c’est non seulement un droit mais un devoir de décliner mes idées et ma pensée là où je juge qu’elles sont le plus susceptibles d'atteindre un public large et diversifié. Je le fais dans les mêmes conditions pour le Plus Nouvel Obs qui recrute mes textes via mon blogue.
Quand on est un électron libre et un travailleur indépendant, dans le plein sens de l’expression (sans boss, sans clique, sans salaire, sans ligne de gang ou de parti…), quand on gagne sa vie en communiquant et bien, on accueille, la tête haute, l’invitation à venir partager ses idées, sa créativité et le produit de celle-ci via une large et rayonnante tribune.