Une version de ce billet a également été publiée ce matin dans le Huffington Post Québec sous le titre: Le 8 mars, je m'en fous…
C'est vrai, je me fiche du 8 mars. Ce sont les 364 autres jours qui me préoccupent.
Quelqu’un m’a demandé si le 8 mars n’était pas de trop. Heu… Et si c’était les 364 autres jours qui étaient « pas assez » ? Je n’ai pas de certitude. Ou plutôt si, j’en ai une: en 2012 les femmes sont toujours trop ou pas assez. C'est selon.
Je sais bien que des choses ont progressé. Qu’en 1976, elles étaient 11% à gagner plus que leur conjoint puis 19% dans les années 1980 alors qu’aujourd'hui, elles sont 31% (source le Macleans).
Ce qui m’énerve, c’est qu’elles sont de plus en plus définies et enfermées dans la robe de plomb de la femelle bandante. Entre la fin des couches du bébé fille et le passage aux couches de la mémère, c’est ce qu’on leur demande d’être. Et c’est ce qu’elles s’efforcent, à tout prix, de rester. Finie la candeur enfantine qui s’étire et la sagesse sereine des grandes-mères. Il faut, univers hypersexuels obligent, se précipiter, langes aux fesses, vers cette icône-bimbo et s’y accrocher désespérément jusqu'à la tombe. Ou presque.
Sur les plans de la sexualité, de l’identité de genre, de l’érotisme et de la "normalité" féminine, c’est désormais LE repère consacré. Cette semaine, la tropitude féminine a encore frappé dans les médias. On s'est scandalisé:
- Des fillettes hypersexualisées . Et oui, encore.
- Des jeunes femmes qui, au Fuzzy bar de Laval, font des concours de fellation sinon pour gagner leur vie, du moins pour gagner un shooter.
- De cette femme plus-que-mûre, qui vient d'accoucher à 66 ans.
Pourquoi s’indigner ? Toutes reflètent le paradigme social actuel.
- Les fillettes déguisées en femmes fatales, par des adultes, sont heureuses de se sentir désirables à 9 ans puisque c’est ce qu’on attend d’elles.
- Les jeunes femmes jouant les habiles trayeuses se conforment, elles aussi, aux diktats : à quoi sert d'être une universitaire et de gagner de l’argent, si tu ne sais pas sucer de manière spectaculaire.
- Quant à la mémé-nouvelle maman, soyons congruent. Une société qui oblige les femmes à être baisables, de 8 à 88 ans, doit aussi accepter que l’une d’elle veuille, exceptionnellement, se prévaloir en prime de la fonction de maternité!
On ne peut pas sexualiser le corps des enfants et infantiliser celui des femmes sans conséquence.
Je conclus ce texte avec une pensée attendrie pour Nelly Arcan. Et de grâce, ne me demandez pas de vous expliquer pourquoi.
Je m’en vais de ce pas faire de la méditation bouddhiste avec une amie très chère. Pas de conférence, colloque, réflexion féministe ou « récipiendage: de prix" pour moi, cette année.
Cette année, mon 8 mars sera zen ou ne sera pas. Pour les 364 autres jours à suivre, ben je ne promets rien…