Une version légèrement différente de ce billet a été publiée via La Presse
Un titre à saveur moyenâgeuse, je l'avoue, pour parler des trois ténors de l'Actualité avec un grand A : la grève générale des étudiants québécois qui dure depuis près de 3 mois.
Gabriel Nadeau-Dubois, le guerrier-cavalier, est celui qui dérange le plus. Normal. Il a beau être poli, il a une gueule de combattant irrévérencieux qui agace les détenteurs du pouvoir. La CLASSE
Martine Desjardins, la doctoresse-forteresse, dégage un calme olympien. Elle n’a jamais l’air fatiguée, parvient à sourire, malgré tout, envers et contre tout. Elle incarne, en tant que doctorante en Éducation, la forteresse même de l’objet qu’elle défend. La FEUQ
Léo Bureau-Blouin, le poète-troubadour, est beau, brillant, éloquent. Ce qui sort de sa voix chevrotante et hypersensible est d’un rationnel à toute épreuve. La FECQ
Les trois sont brillants, solides, pugnaces, éloquents. Depuis des semaines, ce trio m’émeut. Ranime ma fierté de jeunesse et du pays. Me rappelle que peut-être sommes-nous « quelque chose comme un grand peuple ». Je les trouve formidables et formidablement complémentaires.
Mais pourquoi le guerrier « pogne-t-il » autant ?
C’est comme ça. Les guerriers mauvais garçons sont des séducteurs-nés. Leurs adversaires les honnissent, les autres sont sous le charme. Je me suis amusée à demander autour de moi à une douzaine de personnes de 17 à 65 ans : Que pensez-vous de Gabriel Nadeau-Dubois? Condensé des réponses : Il a du guts… des couilles… Il est un peu prétentieux… Il est confiant, il ose se montrer aussi baveux que Charest…
Les jeunes filles le trouvent cute, sexy… Entre vous et moi, Léo est plus beau. Mais voilà, ce dernier n’a pas cette gueule de « mauvais garçon » sympathique. Une maman d’ados m’a dit : Il a l’air si fatigué, pauvre chou.
Même moi, qui supporte mal les fautes de français, je lui pardonne ses fréquentes liaisons douteuses comme : « Ces offres sont vraiment zinsatisfaisantes». J'ai plus de difficultés avec ses mauvais accords, tel " Les décisions qu'ils ont pris" et avec le fait qu'il semble ignorer que les scies mangent les raies. Gabriel, ne le prend pas mal mais quand on défend l'éducation, qu'on parle à la nation et même à l'international, il faut faire mieux que Jean Charest 😉
Comme un vrai dur, GND ne sourit jamais (ou presque). Je vous mets au défi de trouver une photo de lui qui le montre souriant. Vous me direz qu’il n’y a pas de quoi sourire !
Pourtant, je l’ai évoqué plus haut, Martine sourit souvent et beaucoup. Quant à Léo, sa fébrile détente intérieure nous donne l’impression que, derrière un visage qui se veut neutre, il sourit par en dedans… Vraiment, celui-là, Rainer Maria Rilke aurait pu lui dédier ses « Lettres à un jeune poète ».
Madame Payette évoquait ici l’idée que Martine serait un jour Ministre de l’éducation. Ella a raison. Martine est habitée de la force tranquille et de la solidité des gens capables de mettre à sa main les machines du pouvoir. C’est une chèvre de montagne. Elle a du souffle et rien ne l’arrête.
Un mot sur la gestuelle corporelle
Vendredi dernier, au téléjournal de Radio-Canada, nous observions, avec ma fille et ma petite fille, les trois colombes. C’était frappant. Léo et Martine, à l’aise et confortables, regardaient tantôt la caméra, tantôt leur interlocuteur, la tête et le corps bien droits, sérieux, tout en aplomb, impassibles. Gabriel se pourléchait la babine, clignait de l’œil, dodelinait de la tête, à gauche ou à droite, suivant le mouvement de celle du journaliste en vis-à-vis. Si on ignorait le sujet et qu’on enlevait le son pour s’attarder strictement à son langage non-verbal, on aurait pu croire qu’il draguait…
Cela n’est pas un défaut. Cette manière de communiquer s’ancre dans un processus inconscient de séduction. Inutile d’énumérer ici qui, des grands personnages publics, sont, ou ont été, eux aussi, bourrés de tics corporel et de grands séducteurs…
Gabriel, Martine, Léo : un brelan d’as !