jocelyne robert

Laurent Paquin, Francine Pelletier, Madame Scotch sont les vedettes de ma petite revue Twitter de la semaine.  Je vais vous éparger François Legault et les femmes sous-payées qui ont amplement fait gazouiller, picorer et becqueter le tout-Québec 

Laurent Paquin

Entendu cette semaine  Laurent Paquin  ( @lpaq , l’humoriste aux 40 000 abonnés)  ) clamer sur un ton condescendant  que « sur Twitter, les discussions ne mènent à rien. » C’était à l’émission Medium Large à la radio de Radio-Canada

Ce genre d’affirmation m’énerve. D’abord parce que  Twitter est un micro-blogue et non un lieu de discussion élaborée. Et que des échanges, si brefs, puissent-ils être, peuvent être féconds et lumineux. 

Ce type de commentaire me semble aussi réducteur que d’affirmer qu’un livre est nul parce qu’il ne contient que  140 pages.  Les chefs d’œuvre littéraires ne se mesurent pas au nombre de pages ou de caractères.  Il y  a des navets-briques de 600 pages et des œuvres de génie de moins de 100 pages. Bernard Pivot , lui-même actif sur Twitter, pourrait nous en parler…

Francine Pelletier

Lu aussi Francine Pelletier, dans le Huffington Post Québec,  s'indignant du « m’as-tu-vu-tisme de Twitter. Ça aussi ça m’agace . Il n’y a ni plus ni moins  de « m’as-tu-vu-tisme sur Twitter  qu’au Huffington Post, qu’à Radio-Canada ou que nulle part ailleurs. Pas plus que chez les journalistes, les humoristes,  les politiciens  ou les médecins… Je crois même que sur Twitter, il y a surtout du « m’as-tu-entendu-tisme ».

Encore une généralisation énervante, raccourcie.  Il y  a des tartes et des brillants, des exhibitionnistes et des ultra-discrets, des  compétents et des incompétents suprêmes partout, dans toutes les disciplines, dans tous les métiers, sur toutes les tribunes…

Madame Scotch

Enfin il eut Madame Scotch,  @Scotch14  qui, cette semaine, m’envoie 19 tweets d’affilée au sujet d’un de mes billets sur Guy Turcotte,  repris cette semaine par le Huffington Post dans la foulée du drame de Warwick. Elle tente, sans subtilité, de me convaincre que c'est Isabelle Gaston la responsable de la mort de ses enfants. Basta. Pour me dire qu’elle n’était pas d’accord avec moi, un seul tweet aurait suffi. Me semble.

Mais non, ce qu'elle voulait tartiner bien publiquement c’est que moi, "experte de la sexologie », je n’avais le droit de parler que de cul, et que toute opinion citoyenne m’était interdite. En m’invitant à rester dans le carré de sable du sexuel, elle affiche  sa vision simpliste de la sexualité et j’avoue que semblable étroitesse d’esprit commence à me donner de l’urticaire.

Finira-t-on par larguer cette lunette réductionniste de la sexualité humaine ? Guérira-t-on de cette sexologuophobie ? On ne s’attend pas à ce que les avocats, médecins, enseignants, journalistes ou autres professionnels se cantonnent et ne parlent que de leur champ de pratique ! Pourquoi en serait-il autrement pour les sexologues qui ont étudié aussi longtemps que les précédents et dont la formation, ma foi, est bien plus pluridisciplinaire (psycho, philo, bio, anthropo, éducation…)  

Si les femmes et les hommes qui ont une opinion, une analyse, une perspective et une vision devaient se limiter à leur champ d’étude universitaire, qui irait en politique ? Qui s’engagerait socialement ? Qui porterait des valeurs citoyennes ? La richesse d’une société réside dans la pluralité de ceux et celles qui la composent. Et la richesse d’une personne dans sa capacité de comprendre le monde dans son ensemble, sans prétendre à la vérité.

 

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4 commentaires

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 15 juillet 2012 à 11 h 38 min

    @Catherine

    Tu as raison, il n’y a pas que les sexologues qui ont droit au traitement réductionniste. En plus, je crois qu’ils ont contribué, hélas, à cette perception.  Mais ils y goûtent au max. Et je crois que sous cette attitude se cache, encore, une perception assez limitative voire tordue de la sexualité. Je cours lire ta cohérence…

  • Commentaire de Catherine — 15 juillet 2012 à 10 h 31 min

    Très intéressant Jocelyne et je suis évidemment d’accord avec toi. J’ajouterais mon urticaire quand, il y a quelques semaines, Nathalie Petrowski écrivait dans La Presse que Gilbert Rozon doit peu travailler pour autant tweeter. Cet argument m’énerve, comme si des gens qui sont incapables de tweeter en parallèle de leurs activités régulières ne peuvent imaginer que d’autres sont capables de le faire.

    Je te dirais seulement, pour ton point 3, que ça ne concerne pas que les sexologues (bien que les sexologues ont plus que leur part de ce genre de traitement). Les artistes y ont effectivement droit. Dans l’article cité plus haut, Gilbert Rozon y a eu droit comme homme d’affaires. Les journalistes culturels y ont aussi eu droit beaucoup dans les derniers mois (tel Richard Therrien qu’on invite à se contenter de parler de TV). Je pense que les étroits d’esprit – de tous les bords – apprécient la pensée citoyenne des gens qui sont d’accord avec eux, uniquement. À ce propos, je m’autoplogue: Je veux de la cohérence: http://www.cvoyerleger.com/2012/06/coherence.html

  • Commentaire de Dydier Defaye — 15 juillet 2012 à 8 h 16 min

    je ne sais pas si Twitter ne mène à rien toujours est-il que j’y ai annoncé le vol du scooter de mon neveu et que 2h plus tard un twittos ayant vu le tweet signalait le scooter aux gendarmes qui le récupérèrent et le rendirent à mon neveu et ne n’est qu’un exemple parmi d’autre comme quoi Twitter peut-être utile

  • Commentaire de cartailhac — 15 juillet 2012 à 5 h 28 min

    Bonjour. Je suis entièrement d’accord avec vous. A L. Paquin : synthétiser en quelques mots une pensée élaborée n’est apparemment pas à la portée de tous. Le tweet de Mme Trierweiler est l’exemple parfait de l’impact que peuvent avoir quelques mots.
    A F Pelletier : où peut-on trouver meilleur endroit pour exprimer ses idées quand on appartient au peuple souterrain auquel il n’a jamais été donné une telle opportunité ? Et, jusqu’à preuve du contraire, je ne suis pas un m’as-tu-vu…
    A Scotch14 : Si le bagage intellectuel vous semble un handicap pour des prises de position, alors – je vous envie – vous venez de créer un nouveau paradoxe.
    A J Robert : Vous lire m’a donné une idée : un livre sur l’influence du sexe (sexualité et différences hommes-femmes) sur le réseau social Twitter. Non seulement j’ai plein d’idées à votre disposition mais, de plus, je pourrais faire des recherches pour vous. 🙂
    Et encore, j’aime, j’adore, votre humour très fin.

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