jocelyne robert

« Jouissez au lieu de manger !  » Est-ce le message subliminal livré par Trojan avec son chariot à dildos?

Quoi qu’il en soit, c’est la vue de ce chariot à  dildos,  copié sur le modèle des chariots à hot-dog, qui m’a donné envie d’écrire ce billet coquin.

Il était une fois l’hystérie

Et oui, le vibrateur ou vibromasseur, comme on dit en Europe, a été  créé pour traiter jadis l’hystérie, ce mal féminin inventé par Hippocrate au 4e siècle avant Jésus-Christ.  Ce médecin des temps anciens supposait que l’hystérie prenait d’assaut l’utérus des femmes, le desséchant et l’amincissant par manque de relations sexuelles.

Au Moyen-Âge, puis  à la Renaissance, le remède était, vous vous en doutez bien, le mariage.  On dit que les célibataires et autres esseulées  pouvaient bénéficier du massage vaginal effectué par une sage-femme. Pauvres hétéros, pas de fol-homme à l’horizon. On dirait bien que, ni le clitoris, ni la masturbation n’existaient à cette époque. Du moins, ouvertement. Et l’orgasme était un secret bien gardé.

Il était une fois un remède à l’hystérie

Depuis le début du 19e siècle jusqu’autour de 1860, la maladie a pris du galon et le diagnostic était courant dans l’Europe occidentale.  La masturbation, sous ordonnance médicale bien entendu, devint le traitement par excellence.  Il n’est pas dit si le médecin montrait la technique auto-érotique à sa patiente en la lui pratiquant, avec, bien sûr, le doigté professionnel qui convient.  Puis apparut le premier vibromasseur hydrothérapeutique : un jet d’eau à haute pression était dirigé directement sur le clitoris.  Ma compassion et ma solidarité féminines m’amènent à souhaiter très fort, que l’eau fut tiède. L’arrivée de cet instrument aurait, dit-on,  considérablement réduit le travail des sages-femmes-masseuses.

Joujou à domicile

Avec la découverte de l’électricité, l’outil s’est démocratisé et est passé du cabinet médical à la chambre à coucher . Pour celles, évidemment, qui en avaient une de chambre à coucher. Dès 1902, la société Hamilton Beach brevetait le premier vibromasseur pour usage perso. On prétend même qu’il fut un des premiers appareils électriques résidentiels.

Selon la compagnie Trojan, les ménages états-uniens comptaient, en 1917, plus de vibrateurs que de grille-pains.  Cette donnée me laisse un peu sceptique. J’ai peine à croire que le dildo était plus populaire que le grille-pain et que malgré cela, les États-Uniens se soient  mis à devenir de plus en plus gros !  À moins que la tendance à l’obésité se soit installée plus tard, avec les pannes de tous acabits : de courant,  d’énergie, de désir…  Enfin, on accordait à l’objet sacré des propriétés curatives allant du soulagement des maux de tête, au traitement de la polio (rien de moins !), de l’impotence et de la surdité. Ce qui est étonnant c’est que cette même époque propageait l’idée que la masturbation rendait sourd ! L’ère était oxymore à souhait !

Ce serait au cours des années 50 que le vibromasseur érotique serait devenu secret de polichinel et de chambre à coucher, partagé par un nombre grandissant de célibataires, de couples et de « femmes au foyer » qui trouvaient le temps long… Finalement, la révolution sexuelle et les mouvements de libération de femmes l’ont élargi, sorti de l’ombre et démocratisé à tous vents.

De nos jours

Le joujou érotique se présente dans une kyrielle de modèles, tous plus exubérants les uns que les autres. Il fait  partie d’une vitalité sexuelle saine, normale, ordinaire, sans plus.  Selon une étude effectuée en 2011, 51% des Canadiennes et 30% des Canadiens ont déjà utilisé le vibrateur sexuel*.  Sachant,  via de nombreuses études, que les Québécois sont nettement plus ouverts et permissifs que les Canadiens à l’égard de la sexualité, je vous laisse imaginer quel pourcentage de Québécoises profitent du joujou dans de leur vie quotidienne.  Enfin…quotidienne, hebdo, mensuelle ou … annuelle , c’est selon !

Source : The vibrator Museum , goodvibes.com , enquête 2011, Léger Marketing

 

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Publié dans : Couple, Culture et Société, Érotisme et/ou Pornographie, Féminisme, Femmes, Sexologie
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6 commentaires

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 14 avril 2015 à 11 h 33 min

    Bien sûr que vous pouvez Patrick. À condition que votre lien renvoie à mon site-blogue.
    Merci pour vos bons mots

  • Commentaire de Patrick — 10 avril 2015 à 7 h 52 min

    Bonjour
    Votre article est vraiment sympa et bien écrit.
    Puis-je mettre un lien sur mon site?
    Cordialement
    Patrick

  • Commentaire de Philippe Tremblay — 30 septembre 2012 à 2 h 04 min

    Bonjour, après avoir été longtemps spectateur sur ce blogue que j’apprécie par sa vision large de ce qu’est la dimension sexuelle, j’ai décidé d’y apporter ma modeste contribution, alors voilà, je me jette à l’eau:
    Il est intéressant de noter que d’Hippocrate aux docteursanglais, des praticiens de la santé ont établis un lien entre l’équilibre physiologique ,émotionnel et le manque de plaisir sexuel des femmes; on retrouve aussi ce point de vue dans la médecine traditionnelle chinoise où l’on disait que la femme était sexuellement plus forte que l’homme car elle avait la capacité d’atteindre plusieurs fois l’orgasme, et proclamait que la femme multi-orgasmique nourrissait ainsi sa nature profonde. Disons que ca reste à prouver avec des études scientifiques mais l’idée qu’il existe un lien entre la santé émotionnelle des femmes et la capacité de ressentir du plaisir sexuel est digne d’intérêt.
    Et à 51 pour cent, on ne peut pas encore parler d’une pénétration profonde ( excusez le jeu de mots facile!) de l’utilisation du vibrateur dans la population féminine.

    À tous ceux qui ne l’ont pas vu, je vous conseille de louer le film : La petite histoire du plaisir,vf de Hysteria sorti en 2011. Réalisée par une femme, c’est un film charmant et drôle sur l’invention du premier vibrateur électrique en Angleterre à la fin du XIX ème siècle. Et le médecin mis en scène dans le film concluait que l ‘avantage de celui-ci est qu’il semble réduire le temps pour atteindre l’orgasme et aussi d’augmenter la capacité des femmes à l’ atteindre plusieurs fois.

    Sans faire une obsession autours de l’orgasme, le vibrateur constitue un outil ludique que la femme d’aujourd’hui peut utilise rcomme ajout pour explorer son imaginaire érotique, découvrir ses zones érogènes,ressentir tout simplement du plaisir, et maintenant, suffit de regarder sur internet qu’ ils en font maintenant de toutes les formes, du rigolo jusqu’au design tendance, bien loin de la forme du godemiché traditionnel

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 30 septembre 2012 à 8 h 49 min

    @Philippe  Merci beaucoup pour cette contribution pleine d’infos! Au plaisir de vous lire à nouveau!

     

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 24 septembre 2012 à 19 h 42 min

    Crurale  hein… Vous nous en apprenez de jolis mots de cuissardes 😉

  • Commentaire de Renée Dion — 24 septembre 2012 à 19 h 35 min

    Le joujou a fait oupss…et il est monté. Il s’agissait de celui de mon amant habituel.
    Éloge de la masturbation, solitaire, assitée ou partagée.
    « Éloge de la fuite » Henri Laborit
    Solitaire tranquille
    Assistée par vibrateur ou ordinateur
    Partagée avec l’être désiré ou habitué. Charnel.

    Personnellement , je n’ai jamais utilisé de vibrateur à orgasme. Je me suffisais de ma main et de mes mouvements. Plus récemment, je pratique la masturbation crurale avec mon habitué.

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