Le 14 février dernier, jour du Valentin et des amoureux, j'étais chez BazzoTv à parler de féminisme et de droits des femmes plutôt que d'amour et de chocolat.
Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, par la magie de la technologie, j'étais en France et ici au Québec. En France, sur les ondes de l'émission Les Maternelles à discuter de l'éducation de nos filles avec les la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud Belkacem. Ici, à parler d'amour et d'érotisme plutôt que de revendications féministes, via le Huffington Post Québec
Aujourd'hui, 18 mars, je viens d'arriver dans ma "Bucolie". Je ronronne dans le soleil, face au lac. Un gros soleil d'hiver , une lumière aveuglante, à l'orée du printemps. On annonce neige et tempête sur le Québec. Il paraît que le printemps tardif entraîne une fièvre du printemps forte, contagieuse, dévastatrice.
Ce doit être elle, cette fièvre du printemps, qui me donne envie d'écrire des mots d'amour, de rappeler que derrière les femmes féministes et revendicatrices que vous connaissez (ou que vous êtes) respirent autant de femmes aimantes et sensuelles et de gommer ce cliché tenace à l'effet que les "féministes sont toutes des enragées, anti-hommes et full frus."
Sans doute aussi ma conviction de plus en plus étoffée que c'est en plein automne que la fièvre du printemps frappe le plus fort participe-t-elle à mon envie de parler d'amour…
Mon fol Amour
Où étais-tu hier avant de venir de nulle part vers moi?
Avant que je me cale dans tes bras comme on rentre chez soi après des siècles d'itinérance? Tu m'as conviée à un ludique et inespéré festin printanier. Tu m'as sustentée, réjouie, enveloppée.
Tu m'as éclaboussée de lumière et de nectar. Tu m'as fait débouler de rire. Tu m'as égarée dans la forêt drue de tes mystères. Et pendant ce temps, toutes les cellules de ma peau photographiaient tes caresses…
Mon bel Amour
Chaque nuit depuis, tes yeux chatoient pour moi comme l'œil d'un chat. Je t'escalade, en te câlinant, avec une fougueuse douceur, du bout de tes orteils jusqu'au sommet de ton âme, en m'attardant paresseusement sur ton sexe gonflé de joie.
Et quand ton plaisir s'emballe, ta main sous ma nuque devient si ferme et si bavarde que je sens en elle, et jusque dans ton bras, monter ta jouissance.
À ce moment précis, ta main sous ma nuque et je me liquéfie de bonheur. Je ne sais plus si la joie que je ressens est la mienne ou la tienne.
Mon lointain Amour
J'aime quand tu es loin car tu m'habites alors pleinement. Le manque de toi me nourrit. Le manque de toi me brûle, dans une volupté suspendue, bienheureuse, qui se languit d'éclore.
Quand tu es loin, je te rejoins dans ton sommeil. J'entends ton souffle. Je vois tes paupières relaxées, diaphanes puis frétillantes. J'entre dans ton rêve pour te le raconter le lendemain dans le fil de dentelle du téléphone.
J'ouvre grands mes bras, d'un bord à l'autre des continents. Mon cœur se liquéfie, s'épanche, coule sur ta poitrine, glisse sur ton ventre jusqu'à ce fruit oblong, ensommeillé, dans lequel ton cœur bat pour moi.
Mon grand Amour
Demain, je t'amènerai sous la douche, te lècherai et t'ouvrirai les yeux avec ma langue. Pour que tu vois la splendeur indécente de nos rides. Nous nous laverons de plaisir qui apprend à être amour! Nous nous laverons d'amour qui apprend à être plaisir!
Et nous nous étreindrons jusqu'à la fin des temps dans un lit d'amour que nous réinventerons. Nous n'aurons nulle peur de nous perdre. Et nous nous perdrons. Dans des feux d'artifice dépourvus d'artifices.
Nous épèlerons et délierons mille fois les mots je-t'ai-me. Moi, je verrai chacune de ces lettres tenant serrée la main de sa suivante. Elles s'élèveront en dansant puis elles iront se buriner dans l'infini.
Une version de ce billet a été publiée le 8 mars dernier dans le Huffington Post Québec sous le titre "L'amour au temps du féminisme"