jocelyne robert

On évalue toujours de manière quantitative le niveau de satisfaction sexuelle des hommes, des femmes, des couples. Vous voulez que je vous dise ? Ça m’énerve et je trouve ça nul. C'est le règne de la quantité. La qualité, bof … Combien de fois ? Combien de temps? Avec combien de partenaires? Dans combien de positions?  Combien d’orgasmes? À quelle fréquence?…

Vous avez dit deux à 4 fois par semaine…?

Une journaliste me disait récemment, qu’après avoir passé en revue les tests et sondages des magazines, elle était en mesure de conclure que les couples dans la trentaine avaient de deux à 4 rapports sexuels par semaine. J’ai bien ri.

Tous les sexologues savent bien que les couples dans la trentaine sont ceux qui sont le plus souvent au prise avec de jeunes enfants et de ce fait, avec les courses, le boulot, le double horaire, la vie domestique, la garderie et l'école, la quête effrénée de réalisation professionnelle…

Forcément, ce sont aussi ceux qui, bien souvent, soit ne trouvent plus le temps de faire l’amour, soit ne sont pas en phase l’un et l’autre quant à leur disponibilité érotique respective. Elle est souvent bien fatiguée et rêve de sommeil bien plus que de folles nuits de volupté. Il est souvent bien essoufflé et ne sait plus trop de quoi il rêve…

Cela dit, cette vision quantitative de la satisfaction sexuelle est compréhensible (même si elle est nulle ) car nous vivons dans une époque et dans des sociétés qui proposent un modèle consumériste de la sexualité. Le sexe, le corps sont des choses, des objets, des produits… Que fait-on à l’égard d’un bien de consommation ? On l’objective, on l’évalue quantitativement.

Ce faisant, on impose des normes, des chiffres, des points de comparaison qui font que tout un chacun s’interroge sur sa «normalité » et les médias font naître une énorme demande quand ça n’est pas une énorme inquiétude.

Si on privilégiait une approche qualitative de la satisfaction érotique, les questions se poseraient tout autrement. L’adverbe « combien » disparaîtrait ou profit du « comment ». On questionnerait davantage le sujet désirant plutôt que l'objet. Un test qualitatif sur le niveau de satisfaction sexuelle pourrait ressembler à celui-ci auquel on peut répondre par vrai ou faux:

L'anti-test: la vraie mesure de la satisfaction érotique

1. Après un rapprochement érotique, le baromètre de mon estime personnelle tend à monter ?

2. Quand mon ou ma partenaire caresse mes seins, ou mon sexe, ou mon oreille, j’ai le sentiment d’être beau, belle désirable, irrésistible … ?

3. Parfois mon désir ou mon fantasme tient lieu d’activité sexuelle et je suis pleinement ravi-e de vivre mon désir via mon cinéma intérieur?

4. Lors de l’intimité sexuelle avec mon ou ma partenaire, j’ai l’impression d’être unique au monde?

5. Que je sois en couple ou célibataire, je suis convaincu-e de ma valeur personnelle en tant que femme ou en tant qu’homme?

6. Quand mon chéri-e câline mon corps, j’ai le sentiment qu’il caresse mon coeur?

7. Je crois que le désir, les fantasmes, la complicité érotique ou affective (même si ceux-ci ne mènent pas à une séance de coït ) sont de formidables ingrédients de la sexualité?

8. Je crois ( du moins dans un couple au long cours) que l’admiration constitue l’ingrédient premier de l’érotisme, bien plus qu’un string rouge ou qu’un chapeau de cow-boy…?

9. Que je sois célibataire ou en couple, je n’éprouve aucune culpabilité ou malaise à me fabriquer des scénarios stimulants lors de mes solos érotiques et à me donner satisfaction?

10. Je sais et je me souviens que, sur la promenade qui mène à l’orgasme, l’étape la plus longue et la plus enlevante est celle du désir et je l’habite pleinement, sans toujours me « garrocher » sur l’orgasme comme un prisonnier sur une fenêtre ouverte…

Si vous répondez surtout oui à ces questions, votre vie érotique est sans doute satisfaisante. Et ce, que vous soyez amoureux ou pas, seul ou en couple, marié ou célibataire, jeune ou vieux, homme ou femme, homosexuel ou hétérosexuel. Et que vous ayez des rapports sexuels trois fois par jour ou trois fois par an ( j’exagère un petit peu …)

Surtout, notez bien ceci : le nombre d’activités sexuelles n’est pas une garantie de bonheur érotique. Il arrive que des hommes ou des femmes aient une grande fréquence sexuelle sans éprouver de réelle satisfaction, sans sérénité érotique. Comme s’ils n’étaient jamais rassérénés. Il arrive en revanche que des personnes aient des rapports sexuels épars et épisodiques tout en étant pleinement sereins et heureux en tant qu’êtres humains sexuel, génitaux, érotiques et affectifs.

La "baise", pour parler familièrement, fait partie de la panoplie de l’expression sexuelle. Elle ne la résume pas, et ne contient pas, à elle seule, l’érotisme humain. 

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11 commentaires

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 29 mai 2020 à 17 h 48 min

    IL n’y a pas de conséquences à la masturbation. La masturbation peut certes aider à connaitre son corps, ses voies érotiques et ce qui procure du plaisir. Elle a permis aussi à de nombreuses femmes de faire l’expérience de l’orgasme pour la première fois. Elle fait partie des diverses expressions de la sexualité.

    Plusieurs femmes n’aiment pas leur corps. Entre autres, parce que les stéréotypes culturels et sexuels de beauté sont le plus souvent surfaits et inaccessibles et les femmes ont tendance à se laisser influencer. IL faut se défaire de cette influence malsaine qui nous rend constamment insatisfaites d’être comme on est et ce que l’on est. C’est important car la perception de notre corps joue sur notre confiance et notre estime de nous-même. Je vous encourage à lire là-dessus ou à vous faire aider si vous avez tendance à déprimer. Bonne chance!
    P.s.: je suis vraiment désolée de cette réponse tardive. Votre commentaire était passé dans les mailles du filet.

  • Commentaire de audrey auclair — 22 février 2020 à 10 h 48 min

    Bonjours J ai 33 ans oui je suis célibataire et j aime moins la fille que je suis et mon corps, Mais comment faire aimer son corps?,Es ce que se Martuber sa fait une différent te aimer plus toi même avec coprs que tu as de satifait avec nous même?, Es ce que le fesant il peut avoir conséquence?

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 28 avril 2013 à 18 h 50 min

    Merci @Rebecca!

  • Commentaire de Rebecca — 18 avril 2013 à 22 h 14 min

    Merci pour ce billet de blogue!
    Je me suis permise de vous citer et référer sur facebook, avec le lien vers ce site.
    Je viens tout juste de découvrir votre blogue et les différents billets que j’ai lus jusqu’à maintenant m’enchantent. L’ouverture d’esprit avec laquelle vous écrivez est douce à lire! Merci.

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 13 avril 2013 à 11 h 31 min

    Oui!!! 😉

  • Commentaire de Julie S. — 13 avril 2013 à 11 h 19 min

    Ce que ça fait du bien ce billet!
    Pour ma part, je vois bien mal comment l’estime de soi ( ou le manque de) pourrait ne pas influencer la satisfaction sexuelle…
    Bonne estine de soi entraine capacité de nommer ses besoins et désirs, capacité à être « dans le moment » pleinement, sans avoir la tête que « spinne » sans arrêt à se demander  » de quoi j’ai l’air? » « Est-ce qu’il voit tel ou tel défaut en ce moment? »  » est-ce que je fais bien telle ou telle chose? »
    Une bonne estine de soi nous rend plus ouvertEs, plus en contrôle et plus aventureuxSES, non?

  • Commentaire de Martin — 13 avril 2013 à 10 h 19 min

    Madame Robert,

    Pour votre info (et à la suite du billet Sondage sur la satisfaction sexuelle: l’anti-test!)

    j’aimerais vous faire part du fait que nous sommes deux parents dans la trentaine d’enfants de trois et huit ans. Nous sommes aussi deux professionnels qui travaillons 35 et 40 heures semaine, respectivement.

    Nous faisons l’amour -tous les jours- sept jours sur sept, trois semaines par mois, et ce, depuis douze ans, sans exception.

    Fait à noter : nous n’habitons pas l’île maudite. Nous habitons en région. Nous finissons de travailler à 16 h 30 et nous sommes à la maison à 16 h 35.

    Montréal tue le couple, l’amour, les rapprochements et, ultimement, l’âme humaine en la dévidant par le travail et l’exténuation.

    Pour notre part, nous ne visitons plus Montréal. Chaque fois, nous revenions de notre visite exténués, frustrés et ça nous prenais une bonne journée à s’en remettre.

    Pauvre Montréalais! Dans ce genre de « test », il serait bon de préciser l’origine géographique des répondants.

    Bien à vous,

    Un couple heureux, complice et qui défait plus souvent son lit qu’il ne le fait.

  • Commentaire de Christ — 12 avril 2013 à 15 h 48 min

    La question de la mesure me passionne. Je l’ai abordée dans plusieurs écrits et conférences. Je trouve que toutes ces mesures aussi farfelues les unes que les autres (la satisfaction sexuelle 7/10) nous « sortent de nous-mêmes », ie qu’elles nous imposent un jugement de l’extérieur et, de ce fait, toujours théorique. Je réponds par l’importance de développer son autonomie, de bâtir une confiance en son propre « ressenti » et d’évaluer en fonction d’une mesure plus personnelle, en tant que « sujet ». Car il n’y a pas qu’en sexualité que la question se pose: nous sommes régis par bien des mesures qui s’imposent à nous, mais qui ne nous conviennent peut-être pas: le nombre d’heures de sommeil nécessaires, le nombre de calories à ingurgiter, etc. Nous sommes dans une société qui aime bien évaluer… Mais il faut sortir de ces mesures mathématiques, bancales et dans ce cas-ci, absurdes. En guise de partage: http://christinelemaire.com/2013/03/19/de-la-mesure/
    Nous sommes bien d’accord, de toute façon, merci de me faire avancer un peu plus dans ma réflexion.

  • Commentaire de JessPress — 12 avril 2013 à 6 h 46 min

    Mes parents sont ensembles depuis 35 ans. Ma mère m’a toujours dit que dans un couple, il faut être fière de son partenaire. Cela recoupe la question 8. Dans leur situation c’est encore le cas et mon père étant très démonstratif, il est évident qu’il trouve encore sa femme très désirable.

    Je pense effectivemen que d’accorder de la valeur à son partenaire est érotisant.

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 12 avril 2013 à 7 h 44 min

    Excellentes vos questions! Cela dit, « les questions qui ne concernenet pas directement le sexe » comme vous dites, influent sur le sexe. J’en suis certaine. Et il est temps de cesser d’extraire la sexualité du reste de la vie. Et puis, ce questionnaire qualitatif n’est pas scientifique . Heureusement d’ailleurs car j’ai toujours cru que l’essentiel n’est pas mesurable…

  • Commentaire de Aurore — 12 avril 2013 à 5 h 35 min

    Dans votre anti-test, à peu près la moitié des questions a pour objet de mesurer l’estime de soi. Personnellement je ne suis pas persuadée qu’il y ait un lien direct entre l’estime de soi et la satisfaction sexuelle. D’autant plus que, comme vous le dites, la trentaine correspond souvent à l’âge de la maternité : beaucoup de femmes voient leur corps changer subitement et ne parviennent pas immédiatement (voire pas du tout) à se le réapproprier. Les kilos en trop qui peuvent s’installer durablement (même quand il y en a peu), les vergétures, les seins parfois « usés », tout cela peut facilement nuire à l’amour-propre des femmes. Pour autant, leur sexualité peut parfois ne pas trop en souffrir.
    Par conséquent, les questions qui ne concernent pas directement le sexe peuvent, à mon sens, fausser les résultats de votre test. Je me fierais pour ma part à ces deux seules questions : « Avez-vous généralement un rapport sexuel aux moments où vous en avez envie ? » Et « Les rapports sexuels vous laissent-ils le plus souvent un sentiment de plénitude et de satisfaction ? »

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