jocelyne robert

Avant-hier, branle-bas de combat à l’assemblée nationale. Des représentantes des Femen ont réussi à s’immiscer dans le Salon bleu ou siégeaient nos parlementaires.

Soudain :  Cris et brouhaha. Un trio féminin se déchaîne en scandant des slogans anti-crucifix.

Ce qui m’a frappée, lorsqu’on a montré la scène à la télévision, c’est le calme, imperturbable de la Première Ministre Pauline  Marois.  Regardez si vous ne l’avez vue… Ou revoyez la.

Vous me direz que les Femen ne sont pas de dangereux agresseurs, qu’elles ne s’attaquent pas physiquement aux personnes et vous aurez raison.

Je veux attirer l’attention sur cet intervalle de flottement entre l’instant où s’élève le branle-bas de combat et celui où on prend conscience qu’il s’agit de féministes aux seins nus et non d’assassins en puissance.

Ce sont des secondes bousculées et perturbées, suffisamment longues pour donner lieu  à des réactions d’énervement et d’inquiétude chez des personnes n’ayant jamais subi la moindre tentative d’agression.

Le calme olympien de Pauline Marois

Or donc, je regardais la scène au télé-journal et j’étais sidérée. Non pas par l’audace des Femen mais par le calme olympien de Madame Marois qui, il y a à peine un an, subissait une tentative d’assassinat le soir même de son élection.  Tentative de meurtre politique, rappelons-le, qui fit une victime et qui laissa indemne sa cible : la nouvelle Première Ministre.  Dans le tohu-bohu du 1er octobre, Pauline Marois ne broncha pas d’un cil.  Comme si les événements tragiques de l’an passé n’avaient ébranlé ni sa stabilité émotive, ni son aplomb, ni sa placidité.

Je crois que personne n’a souligné cet aspect de l’événement. Mais je suis certaine qu’on l’aurait noirci à gros traits si la Première Ministre avait exprimé le moindre réflexe d’affolement.

C’est dans des circonstances d’agitation comme celles-là, imprévues et imprévisibles, pour lesquelles on n’a pas pu se préparer ou se composer un masque d’inébranlabilité, que se dévoilent toute la stabilité ou la fragilité d’une personne.

Durant ce bref épisode de vacarme tonitruant qui aurait pu être toute autre chose qu’une mise à nu de poitrines, accompagnée de hurlements anti-christ, Madame Marois est restée stoïque.  Pas la moindre émotion de peur, de panique ou d’énervement n’a effleuré son visage ou traversé sa gestuelle. 

Par les temps qui courent, tous – haïsseurs comme adorateurs – ont le regard si voilé que  nul n’a relevé cette "banale prouesse".

Et pourtant, il ne fait aucun doute que, subliminalement, cela a été perçu. Et inoculée, du coup, la confiance qu’un tel flegme peut inspirer.

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13 commentaires

  • Commentaire de Lise Roy — 5 octobre 2013 à 16 h 20 min

    Très bonne observation Jocelyne ! J’admire le flegme de cette femme. Ce n’est pas la première fois que nous la voyons garder son sang-froid. C’est rassurant.

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 5 octobre 2013 à 11 h 03 min

    Merci Yvon pour ce commentaire posé, sensé, bien envoyé.

     Je ne suis ni partisane ni pauliniste mais je sais, je crois, apprécier les qualités de la Première. Je souhaite d’ailleurs qu’elle lise votre commentaire  ! 🙂

  • Commentaire de Yvon Roy — 5 octobre 2013 à 10 h 36 min

    Nous sommes encore trop peu nombreux à réaliser l’ampleur de cette personne, trop pris que nous sommes plutôt à digérer son image, son charisme naturel presque absent, mais, surtout, qu’elle soit une femme. Et je le dis sans juger : c’est une première fois pour chacun de nous et, au-delà du discours conscient pro égalité que nous véhiculons pratiquement tous, l’inconscient, lui, parle autrement. Il n’aime pas tellement la nouveauté, lui, surtout pas celles qui bousculent les siècles d’histoire qui nous tissent intérieurement. Même les féministes pures et dures ne sont pas à l’abri de ce paradoxe.

    La femme que nous avons devant nous, avec ses maladresses qui parlent plus d’honnêteté que toutes les habiletés des politiciens passés, pourrait bien être une de nos plus grands Premiers ministres de l’histoire récente. Déjà, elle a démontré plus de courage que la majorité d’entre eux, plus de ténacité, plus d’énergie et, surtout plus de souplesse, puisque la force sans la souplesse est aussi utile qu’une pelletée de sable dans le désert.

    Cette femme, lentement, me redonne ma fierté nationale. Lentement, parce que ce ne sont pas des choses qui se réparent autrement. Laissons-lui le temps.

    Merci Jocelyne pour ce billet : il devait être écrit.

  • Commentaire de S. Martin — 5 octobre 2013 à 7 h 39 min

    J’ai eu la même impression que vous. De la voir, silencieuse, regarder vers le haut et s’asseoir tranquille le temps que les gardiens fassent leur travail, j’ai trouvé cela admirable. Pas de commentaires désobligeants de sa part car elle sait que de tels événements risquent d’arriver. Aucun signe de nervosité non plus. Elle est solide notre Première Ministre et elle a bien d’autres qualités.

  • Commentaire de Sara — 5 octobre 2013 à 4 h 31 min

    Moi je trouve qu’on la voit, son agitation, mais à petite échelle : Elle devient analytique en un quart de seconde, elle se lèche les lèvres, sa respiration semble accélérée… Mais ce sont de petits changements qui ne se voient pas tant que ça, je vous l’accorde! Elle a clairement une personnalité qui transmet le calme quand il y a une tempête intérieure, et c’est excellent pour une Première Ministre!

    Mais je suis on ne peut plus d’accord avec vous quand vous dites « Je crois que personne n’a souligné cet aspect de l’événement. Mais je suis certaine qu’on l’aurait noirci à gros traits si la Première Ministre avait exprimé le moindre réflexe d’affolement. » C’est tellement vrai! Si elle avait eu l’air affolée, les médias en auraient profité pour souligner que « c’est une femme, après tout, elle se laisse emporter par ses sentiments »… Mais là, elle fait le contraire, et ça ne confirme pas une certaine idée stéréotypée des femmes, alors ça passe dans le beurre… Merci de l’avoir souligné! 🙂

  • Commentaire de renée dion — 4 octobre 2013 à 18 h 54 min

    Pauvres fémen encouragées par des men.
    J’ai à peine vu ça à la télé et ai compris.
    Les petites gazelles montant dans les rideaux. Rien de dérangeant, distrayant.

    Et si ça avait été de vieilles fémens, aux seins bas, des grasses de l’âge ou des vieux monsieurs .N’allons pas négliger la nudité pour ridiculiser le propos.

    La langue française québécoise,
    Celle de Gainsbourg
    Celle de Falardeau

    Renée

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 4 octobre 2013 à 11 h 29 min

    Bien sûr… bien sûr…

  • Commentaire de J-F G. — 4 octobre 2013 à 11 h 28 min

    Je suis tout à fait d’accord que l’on peut souligner le calme de Pauline Marois, mais cette situation n’en fait pas, à mon avis, la démonstration.

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 4 octobre 2013 à 11 h 20 min

    Une nuance de rien du tout: L’ensemble des députés n’a pas été la cible d’une tentative d’assassinat il y a un an. 

    Certains sont incapables, s’ils ne sont pas partisans, de souliger le caractère de quelqu’un, dirait-on. Surtout quand le quelqu’un est une quelqu’une…

  • Commentaire de J-F G. — 4 octobre 2013 à 11 h 15 min

    Dans ce cas, on pourrait alors souligner le calme olympien de l’ensemble des députés, des employés et de l’auditoire.
    Au niveau de la réaction, le cerveau peut très rapidement juger de la dangerosité de la situation, à savoir si c’est un fusil ou bien des seins qu’exposent les perturbateurs… On voit bien que la réaction de Pauline débute par un court instant de quelques centièmes de seconde où elle affiche une certaine crainte ou incompréhension, et que son cerveau saisit rapidement l’état de la situation (lorsqu’elle lève la tête, avant de bouger ses lèvres). C’est une réaction normale, et on voit bien qu’elle trouve la situation « banale ». D’ailleurs, quelques députés rient lorsque la caméra montre l’ensemble du salon bleu…

  • Commentaire de Jocelyne Robert — 4 octobre 2013 à 10 h 38 min

    Vous faites un sacré effort pour banaliser dites donc ! Des cris et chamaillages à l’Assemblée Nationale , ça ne peut pas être banal.

  • Commentaire de J-F G. — 4 octobre 2013 à 10 h 35 min

    Il faudrait voir les dimensions du salon bleu, parce qu’il est bien possible que les cris des femens aient pu paraître bien banal.

  • Commentaire de Karine Chevrier — 4 octobre 2013 à 9 h 48 min

    J’avais remarqué également ce calme olympien de madame Marois et je suis contente que vous le souligniez ici. Je trouve notre première ministre admirable pour cette maîtrise de ses émotions qu’elle affiche en tout temps et elle m’inspire.

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