Patrick Huard a raison de le dire ( #TLMEP , émission Tout le monde en parle du 27 septembre 2015): Le niqab est une chose sérieuse. Très sérieuse. Pour les Mulcair, Trudeau, Huard, et autres David de ce monde, voici une courte réflexion sexosophique sur ce cachot de tissu.
Le niqab n’est pas un vêtement religieux. Le niqab n’est pas seulement un symbole. Le niqab est une prison pour femmes. C’est un pénitencier de lourds chiffons qui s’enroulent autour d’elles, leur collent à la peau, les écrasent. Une geôle que la femme est autorisée à quitter lorsqu’elle doit s’activer à l’intérieur de sa seconde prison: la cuisine.
Une autre forme de mutilation. Sexuelle.
Le niqab n’est pas seulement le rempart dérobant la femme, « objet d’impureté », à la vue du regard lubrique des hommes. Le niqab est un bouclier contre tous les plaisirs, sensuels, sensoriels et interactionnels élémentaires: liberté de se mouvoir, de respirer librement, de voir en panorama, de boire et de manger aisément, de serrer la main, de faire la bise, de sentir le vent, la pluie, le soleil, les parfums… Quant à courir, nager, faire du vélo, danser, patiner, skier … on en parle même pas.
Le niqab est une ségrégation sexuelle. Une autre forme de mutilation. Sexuelle.
Aucun homme, dans n’importe quelle culture ou société, n’accepterait de porter un vêtement qui le priverait du drink ou de la chicha avec les boys. Si le niqab avait été un vêtement masculin il aurait été éradiqué de la planète depuis belle lurette.
Une analogie qui en vaut bien une autre
Lorsque que j’entends invoquer et marteler les mots libertés, d’expression ou individuelles, pour cautionner ou à tout le moins pour tolérer cet enfermement, ça me fait mal. Et ça ramène à mon bon souvenir cette maison d’éducation pour jeunes où j’ai travaillé. Permettez-moi cette analogie qui, il me semble, en vaut bien une autre :
Sur une base libre et volontaire, des adolescent/es qui avaient fui l’école demandaient que nous les accueillions. Il y avait un prérequis : nous les acceptions à condition qu’ils ne soient pas forcés par un quelconque tribunal jeunesse de « s’intégrer quelque part ».
Lors de l’entrevue d’admission, je leur disais :
– Il y a quelques règles incontournables à respecter ici : dans la maison, pas de casquette vissée sur la tête ni de camouflage sous le capuchon et pas de vêtements affichant des messages violents ou sexistes.
– C’est donc ben nul. J’ai ben le droit de m’habiller comme je veux. Pourquoi ?
– Parce que nous pensons que pour vivre ensemble, il faut éviter les messages agressants les uns envers les autres et nous croyons fermement qu’il faut se voir les uns les autres. Se voir en se parlant, en travaillant, en mangeant et même en jouant au hockey cosom… Tu remettras ta capuche en rentrant chez toi à 15 h si tu veux . Penses-y. Tu prends ou tu laisses.
C’était un moment terrible. Ils me regardaient comme si je leur avais demandé de renier leur credo. Ils embarquaient, parce que l’attrait de cette terre d’accueil était plus grand et parce qu’ils pouvaient continuer d’arborer leurs fanions avec leurs pairs, ailleurs.
Nous avions compris que ces deux petites règles étaient absolument nécessaires au succès de leur intégration dans le groupe puis tranquillement, au développement de leur sentiment d’appartenance à ce groupe et à cette maison. Et puis, immanquablement, nous remarquions après quelques semaines ou mois, qu’il leur arrivait de se présenter le matin sans leur cache-couvre-chef ou de quitter en fin de journée en oubliant de le revêtir…
Faut-il, pour aider ces femmes, les accueillir claquemurées dans leur prison de tissu?
Une société égalitaire, humaine et civilisée qui interdit la violence exercée sur son prochain, a besoin de se lever de bonne heure pour me convaincre qu’il faut, sous prétexte du respect des droits individuels, accueillir le niqab. Quant à cette idée qui se promène dans l’air du temps, voulant que pour aider les femmes, il faille les accueillir claquemurées dans leur niqab pour ne pas les stigmatiser davantage, voilà, me semble-t-il, une belle chimère !