Une bonne polémique que cette bagarre entre Pierre Foglia et Denise Bombardier?
Pas certaine. Madame Bombardier s'indigne. À sa manière et c'est son droit. Foglia lui réplique avec une inélégance sans pareil. Mais c'est pas pour cela qu'ici, Foglia m'énarve au plus haut point. Il dit vraiment n'importe quoi. Et il prend son pied.
Quand il insinue qu'il y a des gestes pédophiles heureux parce qu'une victime lui a confié qu'elle avait éprouvé du plaisir, il touche sans le savoir, le coeur même du geste gluant. Un enfant qui découvre le plaisir sexuel avec son père, son entraîneur sportif, un cinéaste célèbre ou n'importe quel adulte est triplement traumatisé. Et pourquoi est-il plus foutu? Pour deux ou trois raisons toute simples:
a) un enfant attend d'un adulte, surtout d'un adulte qu'il aime et de qui il se sent aimé, qu'il le traite en enfant. Pas en amoureux, pas en objet érotique, pas en amant ou amante
b) la partie de l'expérience qui sera le plus difficile à surmonter, qui lui fera le plus ressentir le plus de culpabilité c'est justement le fait qu'il a éprouvé du plaisir
c) c'est cet aspect de la relation coupable qu'il le plus besoin de liquider pour passer à autre chose, pour se refaire, pour retrouver l'estime de soi et , vous savez quoi ? C'est de cet aspect de la relation dont on ne lui parlera jamais parce qu'on est trop pogné pour être capable de le faire sereinement, sans trop d'angoisse.
Pendant des années, j'ai travaillé avec des ados de 13 à 20 ans, garçons et filles multipuckés, dont le dénominateur commun était d'avoir subi de l'abus sexuel (inceste ou pédophilie) durant l'enfance. Ces jeunes étaient passés entre les mains des spécialistes de la DPJ, des psy, des t.s., des orthopédagogues, des pédopsychiatres, des éducateurs, de leurs parents… name it… La plupart d'entre eux avaient fait des thérapies à n'en plus finir et personne, personne , personne n'avait jamais abordé cette question avec eux.
Comment voulez-vous que quelque chose soit liquidée et meurt si on est pas même capable de la nommer. C'est en la nommant qu'on reconnaît qu'elle a existé et donc qu'elle peut mourir.